2. Un renouveau des outils pédagogiques
Le système universitaire français est marqué par un taux d'échec à l'issue de la première année d'enseignement supérieur très, pour ne pas dire trop élevé. Ce taux d'échec aboutit au fait qu'à l'entrée en master 2 le taux de sélection est comparable au taux de sélection à l'entrée des classes préparatoires aux grandes écoles, à la différence que dans un cas la sélection se fait a priori et dans l'autre se fait à l'usure avec les dégâts que l'on peut imaginer sur les étudiants.
Le taux d'absentéisme en milieu universitaire est assez important. On peut y remédier soit en augmentant la sélection pour lutter contre l'échec et réprimer plus durement l'absentéisme, soit en revoyant la pédagogie afin de garantir une meilleure réussite de tous et un intérêt accru des étudiants dans des cours par conséquent plus productifs pour eux.
Des universités et des écoles ont réussi ce pari risqué mais nécessaire. A cet égard le cas de la réforme de l'enseignement en première année de médecine à l'Université de Grenoble est intéressant. Par le biais d'une pédagogie innovante utilisant au mieux les nouvelles technologies de l'information, cette faculté a non seulement amélioré la qualité de ses cours et le jugement que ses étudiants en font. Elle a aussi augmenté l'égalité des chances en rendant le recours aux classes préparatoires privées inutile. En effet, le résultat des étudiants suivant des cours privés n'est plus supérieur à ceux qui n'y ont pas recours.
Il est évident que cet exemple isolé n'est pas directement applicable à l'ensemble des formations. Néanmoins la pédagogie doit réellement reprendre la place qui lui revient au sein des formations universitaires. A ce titre la part congrue qui lui a été réservée dans les différents appels d'offres gouvernementaux est le signe du désintérêt qu'elle inspire actuellement. Nous proposons par exemple que les jeunes maîtres de conférences puissent la première année bénéficier d'un encadrement pédagogique et d'un service d'enseignement à mi-temps, leur permettant de démarrer des activités de recherche. L'évaluation des enseignants chercheurs, essentiellement basée sur la recherche et dans une moindre mesure sur les activités administratives, est elle aussi révélatrice d'un état d'esprit qu'il faudrait corriger.
Par le biais d'échange de bonnes pratiques et d'incitations financières, il est indispensable d'engager un renouveau pédagogique des universités. La question de la répartition entre charge d'enseignement et charge de recherche est à poser, tout comme celle de la répartition entre enseignants chercheurs, chercheurs et professeurs agrégés.