B. UNE ALLEMAGNE DONT L'ENDETTEMENT BRUT VIS-À-VIS DE L'ÉTRANGER AUGMENTE MAIS BEAUCOUP PLUS MODÉRÉMENT QUE POUR LA FRANCE
On ne peut indiquer que l'Allemagne se serait désendettée quand la France aurait suivi le chemin inverse.
Force est d'observer que les engagements contractés envers l'étranger 48 ( * ) , pour avoir nettement plus augmenté en France, ont progressé dans les deux pays . Ils ont un peu plus que triplé en France et doublé en Allemagne.
Positions d'investissements étrangers
(en milliards de dollars)
En début de période, les capitaux étrangers représentaient un montant plus élevé en Allemagne qu'en France (+ 652,1 milliards de dollars en 2002). C'est la situation inverse qui prévaut en fin de période. En 2009, les engagements de la France sont supérieurs à ceux de l'Allemagne de 1 081,6 milliards.
La divergence est considérable. Elle représente un glissement des positions de passif à l'égard de l'extérieur des deux pays de 1 733,7 milliards de dollars , soit, en moyenne annuelle, 247,6 milliards de dollars.
En valeur, le capital étranger engagé dans l'économie allemande a pourtant presque doublé, gagnant 2 959,4 milliards de dollars au cours de la période (422,7 milliards par an).
Mais, ces évolutions ont été beaucoup plus fortes en France avec une hausse de 4 648,1 milliards de dollars de la valeur du capital étranger engagé à ce titre (664 milliards de dollars par an).
À quoi ces évolutions correspondent-elles ?
Comme le montre le tableau ci-dessous, une part des passifs étrangers des deux pays est composée de capitaux étrangers investis en titres de dette publique . Cette part n'est pas négligeable puisque les titres de dette publique représentent, en 2009, 18,8 % des capitaux étrangers en Allemagne et, pour la France, 14 ,5 %, mais elle n'est de loin pas le déterminant le plus important de l'endettement extérieur.
Comparaisons des titres de
dette
1
publique détenus par
l'étranger -
Comparaison Allemagne France
(en
milliards de dollars)
Les montants des titres de dette publique détenus par l'étranger, dans les deux pays, se sont un peu rapprochés au cours de la période mais, ce processus n'explique qu'une partie mineure de la divergence globale signalée plus haut (91 milliards de dollars sur un total de 1 733,7 milliards, soit 5,2 % du total de l'écart).
Comparativement, le capital engagé au titre des prises de participation a beaucoup plus compté dans la divergence entre les deux pays. Sa valeur a augmenté de 470,3 milliards de dollars en Allemagne mais de 691,8 en France (221,5 milliards de plus qu'en Allemagne).
Mais le poste qui a le plus divergé est celui des prêts (notamment bancaires) venant de l'étranger puisque leur encours s'est accru de 1 220,2 milliards de dollars en France contre 582,6 milliards en Allemagne (soit un écart de l'ordre de 637,4 milliards de dollars représentant plus du tiers de la divergence entre les deux pays).
Investissements étrangers en Allemagne (stocks
décomposés 2002-2009)
(en milliards de
dollars)
Source : Fonds monétaire international
Investissements étrangers en France (stocks
décomposés 2002-2009)
(en milliards de
dollars)
Source : Fonds monétaire international
Quelques observations s'imposent :
le supplément de capital engagé en France par l'étranger au cours de la période a été nettement plus important que pour l'Allemagne ;
cette divergence n'est due que marginalement à l'augmentation de la valeur de la dette publique détenue par des capitaux étrangers ;
si le capital détenu dans les firmes françaises par les capitaux étrangers est loin d'expliquer la totalité de l'augmentation des passifs étrangers, il y a contribué (notamment la valeur des prises de participation pour 14,6 % du total) et sa dynamique a été plus forte que pour l'Allemagne ;
l'importance des passifs bancaires dans la hausse des engagements envers l'étranger doit être particulièrement distinguée pour ses contributions à la divergence entre les deux pays.
* 48 Les données présentées cumulent les flux et les processus de valorisation des positions financières.