II. LES EXPORTATIONS : DES DYNAMIQUES FORTEMENT CONTRASTÉES ET EN PARTIE ÉNIGMATIQUES
A. DES DYNAMIQUES FORTEMENTS CONTRASTÉES
1. Un fort différentiel d'exportations...
Les résultats commerciaux des deux pays traduisent essentiellement la divergence des dynamiques des exportations.
Évolution des exportations de l'Allemagne et de
la France 2000-2008
(en milliards d'euros)
(1) UE à 27 Source : Eurostat
Les exportations allemandes en valeur ont augmenté de 65 % au cours de la période contre une croissance de 17 % pour les exportations françaises .
La production allemande destinée aux exportations a augmenté de 385,9 milliards d'euros contre seulement 61,1 milliards pour la France.
De ces données on ne peut pas tirer immédiatement d'information sur l'effet pour chacun des pays de ses exportations sur son activité économique pour des raisons qu'on expose plus bas. Mais elles permettent de prendre la mesure des divergences entre les deux pays pour ce qui concerne la dynamique de leurs exportations. De ces divergences, il faut encore mesurer quels effets elles exercent sur la composition des contreparties de l'activité de production des deux économies.
De ce point de vue, il est clair que l'Allemagne s'est de plus en plus orientée vers une production destinée à satisfaire la demande étrangère quand, de son côté, la France a connu une réduction de la contrepartie extérieure apparente de sa production.
Entre 2001 et 2008, l'équivalent des exportations en parts de PIB est passée de 30,2 à 39,6 % en Allemagne (+ 9,4 points de PIB) alors que ces équivalences diminuaient en France (de 24,1 à 21,5 % de PIB, soit - 2,6 points).
2. ... traduit des évolutions divergentes des parts de marché des deux pays...
La croissance des exportations allemandes a été plus forte en dehors de l'Union européenne (+ 71,1 % contre + 61,1 % pour les exportations intraeuropéennes) tout comme pour les exportations françaises (+ 19,3 % contre + 15,8 %). Et c'est pour ces exportations que la divergence entre les deux pays a été la plus forte.
Pour autant, les performances des deux pays doivent être mises en rapport avec la croissance de la demande adressée à chacun d'entre eux pour en prendre la mesure en termes de compétitivité.
Le graphique ci-dessous montre que l'Allemagne aurait d'abord réussi à partir de 2000 à capter une proportion plus élevée des importations de ses « clients » puis aurait stabilisé sa part de ces importations.
À l'inverse, les autres pays de l'OCDE n'auraient pas été en mesure de s'aligner sur les évolutions de la demande adressée par les pays importateurs, la France subissant tout particulièrement un recul de sa part des dites importations satisfaites par ses exportations.
La part des exportations allemandes dans le total des exportations mondiales de biens et services qui avait décliné dans la seconde moitié des années 90 se redresse à partir de 2000 et rejoint son niveau de 1995. La part des exportations françaises qui avait baissé dans des proportions équivalentes à celle de l'Allemagne jusqu'en 2000 poursuit au-delà son déclin et perd 30 % entre 2000 et 2007. Les « autres pays de l'OCDE » connaissent une même tendance mais sur une pente plus faible, cet ensemble étant « tiré vers le haut » par la présence en son sein du Japon et de l'Allemagne, tous deux grands pays exportateurs.
Ces résultats se confirment quand on ne considère que les produits industriels. Les exportations allemandes de produits manufacturés ont conservé leur part du marché mondial quand celles des autres pays développés ont baissé dans les années 2000.
L'Allemagne qui était devenue le premier exportateur mondial depuis 2003 en devançant les États-Unis n'a pu empêcher le rattrapage de ses positions commerciales par la Chine dont la croissance des exportations a été encore plus rapide.
De son côté, la France a perdu des parts de marché dans une proportion moindre que les États-Unis et analogue avec le Japon.
L'Allemagne a stabilisé (ou presque) ses parts de marché au moment où la France en perdait.
Mais ces évolutions méritent d'être précisées.