2. Une demande intérieure allemande qui décroche par rapport à la France
Depuis 2001, la consommation privée s'est accrue plus faiblement que le PIB allemand (PIB dont la croissance a été modeste en moyenne) avec pour conséquence une tendance à la baisse de la contribution de la demande domestique, à l'activité économique.
PIB ET CONSOMMATION PRIVÉE
Source : Conjoncture-BNP Paribas. Avril 2010
De 1999 à 2007 , les évolutions de la demande des ménages en France et en Allemagne, ont été très contrastées qu'il s'agisse de leur consommation ou de leurs investissements en logement.
Pour la consommation, les ménages français ont, en 2007, un niveau de consommation supérieur d'à peu près un quart par rapport à 1999 tandis que les ménages allemands ne consomment que 7,5 % de plus.
CONSOMMATION DES MÉNAGES
(Évolution en %) (Base 100 en 1999)
Source : Natixis. Flash économie n° 422
Pour l'investissement en logement, l'écart entre les deux pays est encore plus considérable. En Allemagne, il est en 2007 au-dessous de sa situation de départ, de 10 %, tandis qu'en France il a gagné 30 points depuis 1999.
INVESTISSEMENT EN LOGEMENT DES MÉNAGES
(Évolution en %) (Base 100 en 1999)
Source : Natixis. Flash économie n° 422
Ce résultat est particulièrement étonnant compte tenu de l'évolution des prix immobiliers dans les deux pays qui a été nettement plus forte en France qu'en Allemagne. Elle est certainement corrélée avec les dynamiques démographiques et les capacités existant à l'origine.
Demande intérieure (en % de PIB)
Allemagne (A) |
France (B) |
A - B |
|
2001 |
98 |
98,9 |
- 0,9 |
2002 |
95,4 |
98,3 |
- 2,9 |
2003 |
96 |
99 |
- 3 |
2004 |
94,9 |
99,9 |
- 5 |
2005 |
94,7 |
100,9 |
- 6,2 |
2006 |
94,3 |
101,3 |
- 7 |
2007 |
92,9 |
101,9 |
- 9 |
2008 |
93,6 |
102,2 |
- 8,6 |
2009 |
95,1 |
101,9 |
- 6,8 |
Source : Eurostat
Le poids de la demande intérieure dans le PIB a diminué en Allemagne tandis qu'il augmentait en France jusqu'à dépasser la production nationale en 2005.
L'écart entre les deux pays a donc constamment augmenté jusqu'à atteindre une différence de 9 points de PIB en 2007, dix fois supérieur à la différence initiale.
Comme le montre le tableau ci-dessous, les écarts de demande intérieure entre les deux pays ne proviennent pas de la consommation finale des ménages.
Dépense de consommation finale des ménages (en % du PIB)
Allemagne (A) |
France (B) |
A - B |
|
2001 |
57,9 |
54,6 |
+ 3,3 |
2002 |
57,3 |
54,5 |
+ 2,8 |
2003 |
57,6 |
55,1 |
+ 2,5 |
2004 |
57,2 |
55,3 |
+ 1,9 |
2005 |
57,5 |
55,5 |
+ 2 |
2006 |
56,8 |
55,5 |
+ 1,3 |
2007 |
55,2 |
55,3 |
- 0,1 |
2008 |
55,4 |
55,6 |
- 0,2 |
2009 |
57,2 |
56,9 |
+ 0,3 |
Source : Eurostat
En fin de période, le poids relatif de la consommation finale des ménages dépasse en France celui de l'Allemagne, mais pendant l'essentiel de la période c'est en Allemagne qu'il est le plus élevé.
Contrairement à une idée répandue, ce n'est pas apparemment dans un « surpoids » de la consommation des ménages français par rapport aux ménages allemands que les différences structurelles entre les deux pays résident.
Cependant, cette conclusion doit être tempérée par la prise en compte des dépenses de consommation finale des administrations publiques qui sont très supérieures en France (+ 5,1 points de PIB en 2008 ; v. le chapitre relatif aux finances publiques).
Toutefois, les données portant sur la consommation individuelle effective 22 ( * ) de l'ensemble des agents économiques (où les opérations des ménages prédominent largement) suggèrent qu'une partie importante de l'écart observé sur les consommations des administrations publiques est attribuable à des services collectifs dont le bénéficiaire n'est pas individualisable.
L'agrégation aux dépenses de consommation finale des ménages des seules dépenses collectives individualisables augmente le niveau relatif de la consommation des ménages, mais moins que si l'on ajoutait la totalité des consommations des administrations publiques.
Consommation individuelle effective (en points de PIB)
Allemagne (A) |
France (B) |
A - B |
|
2001 |
70,5 |
70,4 |
+ 0,1 |
2003 |
70,6 |
70,5 |
+ 0,1 |
2004 |
69,8 |
70,1 |
- 0,3 |
2005 |
70,1 |
70,9 |
- 0,8 |
2006 |
69,2 |
71 |
- 0,8 |
2007 |
67,4 |
70,3 |
- 2,9 |
2008 |
67,9 |
71,2 |
- 3,3 |
2009 |
70,7 |
72,6 |
- 1,9 |
Source : Eurostat
Quoiqu'il en soit, l'agrégat de consommation des ménages connaît en France un sursaut supérieur à ce qu'il est en Allemagne quand on lui intègre les consommations individualisables des services publics.
Toutefois, l'écart entre les deux pays qui s'est inversé et a augmenté à partir de 2004 n'explique qu'une faible partie de l'écart de demande intervenue entre les deux pays.
L'investissement de son côté nourrit également le « surpoids » de la demande intérieure française par rapport à l'Allemagne et dans des proportions relatives beaucoup plus importantes.
Formation brute de capital fixe (en % du PIB)
Allemagne (A) |
France (B) |
A - B |
|
2001 |
20 |
19,5 |
- 0,5 |
2002 |
18,3 |
18,8 |
- 0,3 |
2003 |
17,9 |
18,8 |
- 0,9 |
2004 |
17,5 |
19,3 |
- 1,8 |
2005 |
17,4 |
20 |
- 2,6 |
2006 |
18,2 |
20,7 |
- 2,5 |
2007 |
18,7 |
215 |
- 2,8 |
2008 |
19 |
21,8 |
- 2,8 |
2009 |
17,6 |
20,6 |
- 3 |
Source : Eurostat
Sur la période considérée, l'écart a augmenté entre les deux pays, l'Allemagne consacrant à l'investissement 3 points de PIB de moins que la France.
* 22 La consommation individuelle effective agrège les consommations de biens et services marchands et les consommations de services collectifs individualisables (comme certaines dépenses de santé ou d'éducation à l'inverse de dépenses telles que les dépenses de défense nationale). C'est donc apparemment plutôt sur les consommations de services collectifs non individualisables que l'écart se concentre.