3. ... suppose un renforcement problématique de la formation, surtout pour les services de confort
Les formations concernant les services à la personne ne présentent pas la même maturité pour les services aux personnes fragiles et les services aux personnes non fragiles.
Pour les services d'aide aux personnes fragiles, qui sont rattachées au secteur « sanitaire et social », les formations de niveau V 83 ( * ) existent et sont considérées par les structures qui les utilisent comme relativement adaptées aux soins en établissement, qui concernent des personnes souvent plus fragiles que celles qui demeurent à leur domicile.
Certes, la situation est perfectible. Les ministères certificateurs sont au nombre de cinq. La note d'orientation précitée de Mme Michèle Debonneuil relève que « ces multiples certifications aboutissent à une absence de lisibilité pour les employeurs et pour le futur candidat qui ne sait pas toujours quelle formation choisir. Elles sont aussi bien sûr un frein à l'harmonisation ».
Mais à la réflexion, il est possible que les plus grands obstacles à la professionnalisation se rencontrent plutôt pour les services à des personnes non fragiles , qui renvoient d'ailleurs, plus ou moins confusément, à l' image de la domesticité si bien que de très nombreux Français ne souhaitent ni rendre ces services, ni les utiliser.
Il n'existe pas encore de véritable formation initiale pour ces métiers dont les aptitudes requises sont réputées familières. Les entreprises de services à la personne n'ont pu dispenser ici que des formations « sur le tas », une véritable professionnalisation se heurtant à la nature des tâches et au faible niveau de diplôme. Le graphe suivant montre que, parmi les services à la personne, les activités de ménage sont effectuées par les salariés les moins diplômés :
DIPLÔME LE PLUS ÉLEVÉ PAR ACTIVITÉ
La professionnalisation de l'ensemble du secteur apparaît néanmoins stratégique . Elle passe par un accroissement du nombre et de la qualité des formations , afin de permettre la diversification des parcours professionnels et de répondre à la demande par les clients d'une montée en gamme des services. Le « Plan 2 de développement des services à la personne » tâche de favoriser ainsi cette trajectoire ascendante :
LA 6
ÈME
DES 11 MESURES DU
« PLAN 2 DE DÉVELOPPEMENT DES SERVICES À LA
PERSONNE » :
1°) Inciter les OPCA (organismes paritaires collecteurs agréés) à co-financer le développement de la formation des salariés des services à la personne, en capitalisant sur les expérimentations en cours menées par la Fédération des entreprises des services à la personne. Ces expérimentations mêlent, via des contrats de professionnalisation et des périodes de professionnalisation, des périodes de travail et des journées de formation. Ce projet rejoint la proposition de Michèle Debonneuil qui, dans son rapport de septembre 2008 sur les services à la personne, propose de diffuser largement une formule de « temps partiel - temps plein » pour valoriser la fréquente période de travail à temps partiel, souvent subi, pendant la première année de travail dans les activités de services à domicile. Cette formule permet à une personne qui souhaite travailler à temps plein et à laquelle l'entreprise ne peut proposer, faute de demande, qu'un travail à temps partiel, d'être rémunérée pendant un an à temps plein pour se former dans les périodes où elle ne travaille pas. 2°) Inciter les partenaires sociaux, dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle, à améliorer l'accompagnement des bénéficiaires des contrats de professionnalisation, notamment pour des publics éloignés de l'emploi avec un objectif de 1 000 contrats de professionnalisation dès 2010, et prévoir les modalités de développement du tutorat. 3°) Elaborer un plan d'action détaillé pour le mois de septembre 2009 sur le développement de l'emploi et des compétences, à partir d'une étude financée par le Ministère de l'emploi et en concertation avec les partenaires sociaux ; doubler les crédits d'intervention des actions de développement de l'emploi et des compétences (ADEC) dans le cadre d'opérations régionales. 4°) Créer un véritable « pack formation des services à la personne » en signant des conventions entre Pôle Emploi, l'Etat, les OPCA et les branches concernées afin de mieux informer, orienter, accompagner et former les candidats vers les métiers des services à la personne : une convention est d'ores et déjà en cours de discussion avec Uniformation. Le renforcement de l'offre de Pôle Emploi est décrit dans la mesure 4. 5)° Simplifier l'offre de certification dans le domaine de l'aide aux personnes fragiles, qui demeure trop morcelée, ce qui en compromet la lisibilité, et faire une priorité du développement de la VAE (Validation des acquis de l'expérience) dans le secteur des services à la personne avec un objectif de 15 000 personnes bénéficiant de la VAE en 2010. En effet, la nécessité d'une meilleure articulation des diplômes, titres et certificats existants est reconnue par plusieurs rapports récents sur les services à la personne (celui d'Yves Vérollet au nom du Conseil économique, social et environnemental, celui de Michèle Debonneuil missionnée par Christine Lagarde). L'offre de certification dans le domaine de l'aide aux personnes fragiles sera donc simplifiée. Source : Plan 2 de développement des services à la personne |
* 83 Niveau de formation équivalent à celui du brevet d'études professionnelles (BEP) (deux ans de scolarité au-delà du premier cycle de l'enseignement du second degré) et du certificat d'aptitude professionnelle (CAP).