III. LE CONFESSIONNALISME AU LIBAN
Les élections du 7 juin dernier ont porté au pouvoir le camp dit du « 8 mars » réputé pro-occidental. Le camp pro-syrien dit du « 14 mars », formé de l'alliance du Hezbollah et du général Aoun n'a pas fait le score qu'il attendait et que beaucoup d'observateurs internationaux avaient prédit.
Cette victoire du camp pro-occidental a été obtenue par le vote communautaire toujours aussi fort au Liban.
Rappelons que la population libanaise se répartit en trois communautés, sensiblement égales du point de vue démographique, et qui rassemblent 17 tendances religieuses différentes : les musulmans sunnites dont le leader Saad Hariri, âgé de trente-huit ans, est le fils de l'ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri ; les musulmans chiites regroupés au sein de la milice Amal qui ne compte plus guère et du Hezbollah dont le chef est Hassan Nazrallah ; enfin les chrétiens scindés en deux camps ; celui des forces libanaises avec Samir Geaga, Amine Gemayel et Michel El Murr qui ont fait alliance avec les sunnites et celui du général Aoun qui a fait alliance avec le Hezbollah et la Syrie. Les druzes représentent environ 5 % de la population. Ils ont pour chef Walid Jumblatt qui s'efforce de protéger au mieux les intérêts de sa communauté.
Le général Aoun déclare s'être allié avec le Hezbollah, sans égard pour l'alliance traditionnelle des chrétiens avec les sunnites, afin de prendre en compte l'intérêt national du Liban. Cette transgression le fait apparaître comme un traître aux yeux de l'autre partie de la communauté chrétienne.
Quant au Hezbollah, le fait qu'il soit resté inactif lors des événements de Gaza, de même que son acceptation du résultat des élections, montre qu'il n'est pas, comme on l'affirme souvent, une simple marionnette aux mains de l'Iran et de la Syrie mais d'abord un parti politique libanais.
Vos rapporteurs ne peuvent que se réjouir du bon déroulement des élections libanaises qui témoigne du fait que les parties ont consenti à régler leurs désaccords dans les urnes plutôt que par les armes.
Néanmoins, la scène politique libanaise reste dominée par les clivages confessionnels et communautaires. La construction d'un Etat libanais capable de transcender ces clivages prendra encore beaucoup de temps. Elle suppose que soit résolu le problème des 400 000 réfugiés palestiniens qui empoisonne les relations entre Libanais et nourrit l'instabilité depuis des années. Ce problème ne trouvera de vraie solution que le jour où sera créé un Etat palestinien dans lequel les réfugiés présents au Liban pourront vivre et s'installer. C'est dire l'importance pour le Liban, comme pour le reste du Moyen-Orient, d'une solution juste et durable au conflit israélo-palestinien.