2. Perturbations sociales
Les perturbations sociales sont en général d'autant plus fortes que les traditions familiales sont puissantes. C'est le cas au Moyen-Orient où la famille patriarcale est davantage l'expression d'une solidarité de frères/soeurs et de cousins/cousines que celle d'une dictature d'un pater familias . L'alphabétisation, l'exode rural et le contrôle des naissances ont projeté les individus dans un nouveau cadre moderne, peut-être plus propice à l'épanouissement personnel mais si déstabilisant qu'il provoque la nostalgie du passé. Les fixations sur le statut des femmes, l'ostentation de pratiques religieuses autrefois privées sont des symptômes de cette désorientation. Au Moyen-Orient, la famille patriarcale offre de solides protections aux individus en contrepartie de l'acceptation de ses contraintes. L'alphabétisation, l'exode rural et le contrôle des naissances ont détruit la protection en même temps que le patriarcat, d'où un regain d'anxiété.
3. Mise en perspective
Ce système familial subit avec une violence particulière ce choc de la modernisation qui ébranle les relations d'autorité et menace le principe de prédominance masculine par l'alphabétisation des femmes et la modification des conduites sexuelles. Ces séquences révolutionnaires, typiques aux périodes de transition démographique, ne sont pas propres au Moyen-Orient. Ainsi, en 1649, l'Angleterre qui venait de franchir le seuil de l'alphabétisation majoritaire entra dans la révolution puritaine qui aboutit en 1689 à la magna carta . De même, en France, vers les années 1730, alors que la majorité des hommes de 20 à 24 ans savaient lire et écrire et que la fécondité commençait à baisser s'ouvrit une crise idéologique et politique qui enfanta la Révolution de 1789.