d) La victoire du Hamas aux élections législatives et le début du blocus de Gaza19 ( * )
En 2005, le Hamas présente des candidats aux élections municipales palestiniennes. Leur succès consacre le Hamas comme une force politique significative face au Fatah.
Le 25 janvier 2006 des élections législatives ont lieu en Cisjordanie et à Gaza sous la surveillance d'observateurs internationaux. Ces élections, dont la régularité n'est pas contestée, voient la victoire du Hamas qui remporte 42,9 % des suffrages exprimés sur l'ensemble du corps électoral.
Dans la Bande de Gaza, le Hamas arrive encore plus nettement en tête avec 48,2 % contre 43,6 % pour le Fatah. Sur les 132 députés du Parlement palestinien, 74 sont membres du Hamas contre seulement 45 du Fatah.
Deux raisons semblent avoir été déterminantes dans le succès du Hamas : la corruption de l'Autorité palestinienne (et donc du Fatah) et, surtout, le fait que la voie choisie par le Fatah à Oslo, celle de la négociation et de l'abandon de la lutte armée, est dans l'impasse. Le Hamas déclare ne pas être hostile à des négociations, mais pense que celles-ci doivent s'accompagner d'une pression militaire. C'était aussi la position défendue par une partie des dirigeants du Fatah au début de la seconde Intifada, notamment par Marwan Barghouti.
Le 21 février 2006, Ismaël Haniyeh, membre du Hamas, est nommé Premier ministre par Mahmoud Abbas. Après des négociations infructueuses, le Fatah refusant de se joindre à son Gouvernement, Ismaël Haniyeh annonce la formation de son Gouvernement le 19 mars 2006.
Israël refuse tout contact avec le Gouvernement du Hamas. Ehud Olmert, le nouveau Premier ministre, décide de suspendre le virement des droits de douane qui reviennent à l'Autorité palestinienne. De nombreux donateurs, dont l'Union européenne, suspendent eux aussi leur aide financière. Les points de passage à l'entrée et à la sortie de Gaza sont le plus souvent fermés, interdisant un approvisionnement normal des un million et demi de Gazaouis qui y sont piégés. Le blocus de Gaza commence.
Le 9 juin 2006, une dizaine de civils palestiniens sont tués par des tirs de la marine israélienne. En représailles, et après dix-huit mois de trêve, des roquettes sont tirés à partir de Gaza sur le sol d'Israël. Le 25 juin 2006, des commandos palestiniens attaquent un campement de l'armée israélienne au sud de la Bande de Gaza : deux soldats sont tués, trois autres blessés, dont le caporal franco-israélien Gilad Shalit qui est enlevé.
Le 28 juin 2006, Israël réplique en lançant une campagne de bombardements, « Pluies d'été », et arrête, dans la Bande de Gaza, huit ministres, des députés et des responsables du Hamas. Elle ne mettra un terme à cette opération que le 26 novembre. En septembre, soit cinq mois après le début du blocus de Gaza, la situation humanitaire est très mauvaise, comme l'atteste le CICR.
12-09-2006 Communiqué de presse Gaza - Bulletin CICR n° 06 / 2006 Situation générale Le bouclage quasi-permanent des points d'entrée et de sortie, les incursions incessantes des forces militaires israéliennes et le non versement des salaires aux fonctionnaires continuent de marquer la vie des 1,4 million de personnes qui vivent dans la Bande de Gaza. Une atmosphère de désespoir règne parmi la population qui n'a qu'une faible perspective de voir sa situation s'améliorer. Environ deux tiers des habitants de Gaza vivraient aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté de deux dollars US par jour. Bon nombre ont réduit leurs dépenses de base pour pouvoir subvenir à leurs besoins nutritionnels minimaux. (...) |
A l'automne 2006, les tensions s'accroissent entre partisans du Hamas et du Fatah. Mahmoud Abbas exige du Hamas qu'il reconnaisse les accords déjà négociés avec Israël, tandis que les dirigeants islamistes refusent ce qui pourrait être interprété comme une reconnaissance implicite de l'État d'Israël. Mahmoud Abbas déclare la milice du Hamas illégale, ce qui marque le début d'affrontements violents entre les deux mouvements. L'opposition entre le Hamas et le Fatah était jusqu'à présent essentiellement politique. Elle devient désormais également militaire.
* 19 Voir annexe 2