2. Une indépendance fragile
Malgré quatre tentatives, aucune résolution du Conseil de sécurité n'est venue se substituer à la résolution 1244 qui est, par conséquent, toujours en vigueur et qui est, selon une expression très souvent entendue au Kosovo, « neutre à l'égard du statut ».
Le 8 octobre 2008, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté une motion 4 ( * ) déposée par la Serbie de saisine de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la légalité de la déclaration d'indépendance du Kosovo.
Si elle a permis de déplacer dans un cadre international le contentieux « serbo-kosovar », elle constitue néanmoins un facteur de fragilité et de ralentissement du processus des reconnaissances.
Or l'indépendance d'un État ne tient qu'à une condition : sa reconnaissance par un grand nombre d'autres Etats et par conséquent la possibilité pour lui d'adhérer aux organisations internationales.
A la veille du déplacement de votre délégation au Kosovo, des signes positifs sont apparus : le 10 octobre 2008, le prix Nobel de la paix a été attribué au finlandais Martti Ahtisaari ancien envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies chargé des pourparlers sur le statut final du Kosovo et dont le plan a défini les conditions de l'indépendance. Le même jour, la Macédoine et le Monténégro reconnaissaient l'indépendance du Kosovo, faisant suite au Portugal quelques jours plus tôt.
Cependant, la situation du Kosovo est encore fragile : il est à ce jour reconnu par 52 États 5 ( * ) , ce qui est encore peu. C'est le cas de 22 Etats membres de l'Union européenne et des membres du G7 mais passé les premiers jours, le rythme des reconnaissances a marqué le pas.
Le gouvernement du Kosovo a commencé à émettre des passeports en juillet 2008 et il a nommé en septembre 2008 ses dix premiers représentants auprès de pays ayant reconnu l'indépendance.
Unie lors du vote de la résolution 1244, la communauté internationale est aujourd'hui divisée. Aucune de ses composantes n'a aujourd'hui de position unique sur la question de l'indépendance alors qu'elle a vocation à superviser cette indépendance.
* 4 Motion adoptée par 77 voix pour, 6 voix contre (dont les Etats-Unis et l'Albanie) et 73 abstentions (les pays de l'Union européenne à l'exclusion de Chypre, la Slovaquie, la Roumanie, la Grèce et l'Espagne).
* 5 Après la reconnaissance par la Malaisie en novembre 2008.