II. FRANCE : LA MENACE D'UNE RÉCESSION

Les dernières prévisions économiques disponibles ici commentées sont en voie de révision à la baisse.

A. DES PRÉVISIONS CONJONCTURELLES REVUES À LA BAISSE

En moyenne, en septembre 2008, les prévisionnistes estimaient que la croissance française devrait s'élever à 1 % en 2008 et à 0,8 % en 2009 . Le gouvernement était plus optimiste pour 2009 , puisqu'il situait la croissance dans une fourchette allant de 1 à 1,5 %. Cette prévision a été revue très fortement à la baisse, puisque le gouvernement juge désormais plus vraisemblable que la croissance se situe entre 0,2 % et 0,5 % l'année prochaine.

Récemment, l' INSEE a baissé sa prévision de croissance à 0,9 % pour 2008 , performance médiocre compte tenu d'un acquis de croissance de 0,75 % en début d'année qui signifie qu'après une croissance positive au premier trimestre (0,4 % au 1 er trimestre), le PIB reculerait aux deuxième (- 0,3 %), troisième (- 0,1 %) et quatrième (- 0,1 %) trimestres.

Dans ce scénario, l' acquis de croissance pour 2009 serait négatif (- 0,2 %). La prévision gouvernementale initiale pour l'année prochaine était donc, en tout état de cause, plus volontariste qu'il n'y paraissait : il aurait fallu un net redémarrage en 2009 pour parvenir à une croissance de 1 %, qui supposait une croissance en glissement de l'ordre de 2,5 % du 4ème trimestre 2008 au 4ème trimestre 2009 9 ( * ) .

L'exercice de prévision se heurte à la difficulté d'évaluer l'amplification usuelle des enchaînements négatifs en période de brusque ralentissement.

Malgré la détérioration de l'environnement international, le scénario initialement retenu par le gouvernement posait l'hypothèse d'une contribution neutre du commerce extérieur à la croissance . Cette hypothèse semblait conventionnelle, même si le repli des matières premières et la dépréciation de l'euro peuvent représenter des facteurs favorables.

Quant à la demande domestique , le scénario du gouvernement se distinguait par une reprise de la consommation des ménages sans que soit posée une hypothèse de réduction de leur taux d'épargne, et par un certain dynamisme de l'investissement des entreprises.

La prévision prenait par ailleurs en compte la dégradation en cours de la dynamique du marché du travail et des gains salariaux totaux, après l'embellie retracée dans le graphique ci-dessous, mais sans prévoir de destructions nettes d'emplois. Les gains salariaux individuels s'amélioreraient, ce qui semble traduire l'effet des incitations à pratiquer des heures supplémentaires.

Mais, ceci ne suffisait pas pour expliquer la prévision d'une consommation robuste, qui est tributaire d'un soutien par les autres composantes du revenu disponible brut des ménages qui renvoie à la gestion des finances publiques (voir ci-dessous).

Sur tous ces éléments, les instituts de conjoncture étaient plus circonspects, avant que le gouvernement ne révise lui-même ses prévisions.

* 9 Ce point est développé dans « La croissance du PIB : une mesure à déchiffrer », Documents de travail du Sénat, série études économiques (n° 2, octobre 2008).

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