II. DES INSTRUMENTS D'ACTION RESTANT À ADAPTER AUX ENJEUX
A. LA FORMATION PROFESSIONNELLE, MAILLON FAIBLE DU SYSTÈME D'INSERTION
En permettant l'acquisition et le transfert de savoirs et en facilitant l'adaptation des travailleurs à la demande d'emploi des entreprises, la formation en cours de vie active est susceptible de freiner le développement de la précarité de l'emploi, d'aider à la stabilisation des trajectoires professionnelles les plus marquées par l'incertitude et le chômage et d'ouvrir à de meilleures perspectives en matière d'emploi et d'insertion.
Pourtant, la façon dont elle est organisée et l'utilisation qui en est faite ne permettent pas d'en tirer tous les bénéfices escomptés pour les personnes en marge du marché du travail. Ce ne sont pas, paradoxalement, les travailleurs les plus exposés à l'instabilité de l'emploi qui accèdent le plus à des dispositifs de formation , alors que leur situation le requerrait. Ainsi, le rapport de MM. Pierre Cahuc et André Zylberberg 190 ( * ) n'hésite pas à parler de « système à la dérive », profitant avant tout aux salariés les mieux formés et les mieux payés au départ.
1. La difficulté d'accès des publics précaires à la formation
« Tous les rapports montrent qu'en France, la formation est très difficilement accessible pour les personnes situées en bas de l'échelle sociale, leur rendant d'autant plus difficile l'accès à l'emploi » a clairement indiqué à la mission M. Bruno Grouès, conseiller technique à l'Uniopss. Selon un paradoxe aujourd'hui bien établi, accèdent le plus facilement aux instruments de formation les publics déjà les plus formés , pour lesquels leur usage est d'ailleurs moins crucial que pour ceux en étant dépourvus.
Comme l'a regretté Mme Nicole Maestracci, présidente de la Fnars, « un ciblage très important a lieu en direction des chômeurs indemnisés et l'attention portée aux personnes non indemnisées, comme les personnes en fin de droits, les personnes âgées, les jeunes ou les personnes ayant des problèmes de santé, est très faible. Ces personnes sont confrontées à des difficultés d'accès aux programmes de formation ».
Si les chômeurs indemnisés bénéficient d'un meilleur accompagnement que les personnes non indemnisées, leur accès à la formation reste toutefois beaucoup plus difficile que celui des actifs .
Comme l'a fait observer M. Jean-Baptiste de Foucauld, président de Solidarités nouvelles contre le chômage, « l'accès à la formation des demandeurs d'emploi représente un problème conséquent. A travers notre association, je constate à quel point il est difficile, pour bon nombre de gens, de se réorienter professionnellement ou même d'améliorer une de leurs compétences. Pour cela, il faut trouver la bonne structure, les bons financeurs qui sont multiples. (...). Un chantier important est à mener sur le terrain de la formation. Cette dernière, en effet, n'est pas toujours orientée vers les zones où les besoins s'expriment le plus ».
Même avis de la part de M. Jean-Pierre Guenanten, délégué national du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), qui a indiqué à la mission que « l'accès à la formation des demandeurs d'emploi est compliqué. Il est en effet très difficile pour les chômeurs de trouver une formation, a fortiori lorsqu'ils sont bénéficiaires du RMI ».
* 190 La formation professionnelle des adultes : un système à la dérive, rapport de MM. Pierre Cahuc et André Zylberberg à la demande du Centre d'observation économique de la chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP), juillet 2006.