2. Une enquête auprès des établissements français
Votre rapporteur a interrogé les universités françaises, afin d'évaluer leur perception des classements internationaux.
Cette enquête a porté sur 106 établissements, dont 84 universités et 22 « grandes écoles ». Elle est détaillée à l'annexe 1 du présent rapport.
a) Une prise en compte des classements
Malgré une critique assez généralisée des indicateurs servant à construire les classements, ceux-ci sont néanmoins acceptés comme des « règles du jeu » par la majorité des établissements.
71 % d'entre eux estiment en effet que le classement de Shanghai est globalement « utile ».
14 % des établissements estiment, au contraire, que le classement de Shanghai est inutile et 15 %, qu'il est même nuisible.
Exprimant les sentiments ambivalents existant très généralement à l'égard du classement de Shanghai, 4 établissements ont répondu qu'il était à la fois « utile » et « nuisible ». Ce point de vue reflète le sentiment que le classement de Shanghai a simultanément des effets positifs et des effets pervers.
Les trois quarts des chefs d'établissement connaissent aussi le classement et les indicateurs du Times Higher Education. A contrario , 24 % déclarent, en revanche, n'en avoir pas connaissance.
Les classements internationaux sont un baromètre accepté. Ils influencent par conséquent les stratégies des établissements. En effet :
- d'une part, 61 % des dirigeants d'établissement ont pour objectif explicite d'améliorer leur rang dans le classement de Shanghai ;
- d'autre part, 83 % ont pris des mesures concrètes destinées à améliorer leur rang dans les classements internationaux .
LES CLASSEMENTS INTERNATIONAUX : PERCEPTION ET
INFLUENCE
Les questions suivantes ont été posées à 106 dirigeants d'établissements français, avec un taux de réponse de 75 % : Quelle est votre opinion générale sur l'utilité du classement de Shanghai ?
Avez-vous pour objectif explicite d'améliorer votre rang dans le classement de Shanghai ?
Avez-vous pris des mesures concrètes destinées à améliorer votre rang dans les classements internationaux ?
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b) Les progrès de l'évaluation
Votre rapporteur a par ailleurs mis à profit ce questionnaire pour interroger les établissements sur leurs pratiques d'évaluation.
Une majorité d'établissements déclare évaluer, sur une base harmonisée, la qualité des enseignements et des formations. En revanche, s eule une minorité déclare évaluer sur une base harmonisée d'autres aspects de la vie universitaire (vie étudiante, bibliothèque, aide à l'insertion professionnelle...).
ÉTABLISSEMENTS DÉCLARANT ÉVALUER SUR UNE BASE HARMONISÉE (EN %)
Afin d'évaluer le niveau de transparence des établissements, il importe de savoir si les étudiants peuvent accéder aux résultats de ces évaluations . La réponse est « oui » dans 85 % des établissements. Plusieurs établissements émettent toutefois des réserves en marge de leur réponse, précisant soit que cette publicité est en cours de mise en place, soit qu'elle est partielle, soit encore que, n'étant pas de principe, elle ne peut être obtenue qu'au prix de démarches particulières.
Enfin, tous les établissements (sauf un) effectuent des enquêtes de suivi du devenir professionnel des étudiants. Dans 58 % des cas, ces enquêtes concernent chaque formation. Dans 41 %, elles concernent seulement certaines formations. La périodicité de ces enquêtes est très variable, et n'est pas toujours fixée. La nature du suivi est également variable (6, 12, 18 ou 24 mois après le diplôme...). La publicité de ces enquêtes vis-à-vis des étudiants est assurée dans 89 % des cas. Ces résultats sont à interpréter avec précaution, car les réponses sont assorties de nombreux commentaires et réserves, tant les situations sont variables entre établissements, et à l'intérieur même des établissements.
Ces résultats montrent que, si l'évaluation progresse, il reste des progrès à faire en termes d'harmonisation , si l'on veut pouvoir comparer des données comparables.
Il serait en effet utile d'instaurer plus de cohérence dans les pratiques des établissements.
L'impact des classements est donc certain, y compris en France, alors même que cette pratique y est relativement récente.
Est-il satisfaisant d'accepter ainsi une forme d' « hétéronomie », et tenant compte de règles fixées de façon exogène, par des acteurs peu légitimes ?
Ne faudrait-il pas plutôt que les acteurs de l'évaluation universitaire soient parties prenantes d'un système d'information public, transparent, dont les règles seraient connues d'avance et acceptées ?
Ceci implique d'accepter le principe des classements, mais d'en contourner les pièges.