C. UNE CONFIGURATION ANTAGONIQUE VOUÉE À L'ÉCHEC
Dans la configuration européenne des politiques économiques où l'absence de coordination dégénère en concurrence fiscale et en des politiques de désinflation compétitive, nombreuses sont les opinions qui érigent en modèle les pays qui poussent cette logique la plus loin.
C'est ainsi qu'après le modèle italien (celui des PME en réseaux des débuts des années 90), le modèle néerlandais (d'une croissance riche en emplois), le modèle britannique (de flexibilité du travail), le modèle danois (de flexisécurité), c'est désormais le modèle allemand qui est distingué (pour ses succès à l'exportation).
Ce dernier engouement est quelque peu étonnant au vu des effets de la stratégie qu'elle salue, qui combine une contention de la demande domestique, ce qui n'est pas un objectif satisfaisant de politique économique, et des pertes de croissance chez les partenaires.
Il n'est donc pas déplacé de ne pas le partager, de même qu'il est justifié de s'inquiéter des phénomènes de concurrence fiscale en Europe comme, alors ministre de l'économie et des finances, M. le Président de la République avait pu le faire.
C'est que, fondamentalement, les politiques économiques ouvertement non coopératives, apparemment « gagnants-perdants », ce qui suffirait à les condamner dans une Union monétaire reposant sur un principe politique de solidarité sont, pis encore, comme facteurs de régression pour toute l'Europe, des stratégies de cumul de pertes de bien-être économique.
1. Apparemment gagnante...
Aux trois « modèles » identifiés plus haut, on peut associer a priori des chances de succès différentes :
• La stratégie du
« passager
clandestin »
, pays avec forte inflation et creusement des
besoins de financement, ne semble « tenable » qu'un temps.
A terme, il doit buter sur la perte de compétitivité
résultant d'une appréciation du taux de change réel.
Autrement dit, une régulation naturelle est susceptible de discipliner le « passager clandestin » .
- La stratégie de désinflation compétitive est apparemment plus durable que les autres dans une union monétaire puisque le pays peut accumuler des capacités de financement sans craindre une appréciation de son taux de change.
Les pays qui l'adoptent semblent pouvoir échapper plus durablement à des phénomènes de régulation spontanée que le « passager clandestin ». A supposer qu'un tel modèle soit jugé non souhaitable, il appelle ainsi plus que ce dernier à une régulation volontariste.
- les pays en situation médiane (ce qui est le cas de la France) appartiennent au groupe de pays de la zone euro ayant des taux d'inflation faibles mais sans réduction drastique des salaires. Cette situation peut être transitoirement pénalisante. En effet, par rapport à des pays moins vertueux sur le plan de l'inflation, à taux d'intérêt nominal égal, l'économie française subit un taux d'intérêt réel plus élevé alors qu'à l'inverse de l'Allemagne, par exemple, elle ne profite pas de la dépréciation de son taux de change réel résultant de la déflation salariale.
La stratégie de désinflation compétitive ressort ainsi apparemment comme la plus « performante » pour le pays qui la choisit, ce qui la rend d'autant plus dangereuse qu'à ce titre, elle peut susciter des imitations .