2. ...nécessitent d'être potentialisés par une action volontariste
Votre rapporteur entend souligner que beaucoup dépendra de la capacité de la France à valoriser les différents atouts dont elle dispose.
D'un point de vue conjoncturel, le maintien de conditions monétaires accommodantes est une nécessité à laquelle la BCE devrait être sensible, compte tenu de l'absence de tensions inflationnistes prévisibles et des efforts entrepris pour assainir les comptes publics.
Sur un plan structurel, il apparaît essentiel qu'une politique cohérente d'accès des ménages au crédit soit définie . Un certain nombre de mesures ont déjà été prises en ce sens, comme la mise en place d'un système d'hypothèque rechargeable, ou l'amélioration des conditions d'accès au crédit des personnes subissant un handicap. Il faut aller plus loin : d'une part, lever les obstacles économiques à la diffusion du crédit ; d'autre part, rééquilibrer les relations entre emprunteurs et banquiers, ce dont augurerait favorablement la perspective de l'introduction d'une plus grande concurrence dans le secteur bancaire ( voir infra chapitre sur la productivité ).
Votre rapporteur ne peut, à ce sujet, que rappeler les recommandations qu'il a récemment formulées, dans le cadre du rapport précité, sur l'ensemble de ces problèmes.
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Si la demande des ménages est un déterminant de la croissance, la croissance, en retour, favorise le pouvoir d'achat des ménages et, partant, la demande qu'ils expriment.
L'impulsion budgétaire négative programmée les cinq prochaines années pèserait sur la croissance, à hauteur de 0,5 % de PIB par an et, dans un scénario central basé sur une croissance annuelle de 2,5 %, l'effort des ménages pour aboutir à une croissance sous-jacente de 3,1 % est exigeant. Des objectifs économiques aussi divergents deviennent plus facilement conciliables dans l'hypothèse d'une forte augmentation de la productivité , qui permet aux entreprises d'augmenter plus facilement les rémunérations.
Le scénario « haut » prévoit en ce sens une augmentation annuelle de la productivité par tête de 2,2 % et les gains de pouvoir d'achat individuel des salariés du secteur pourraient progresser au même rythme annuel (2,2 %), dans le cadre d'un partage inchangé de la valeur ajoutée ( cf. tableau 10 bis du rapport annexé de l'OFCE ). Les conditions et l'opportunité d'une hausse structurelle des gains de productivité sont discutées dans le chapitre du présent rapport consacré à la productivité (cf. chapitre IV) .
Par ailleurs, compte tenu de la forte propension à importer de l'économie française (l'élasticité des importations à la demande intérieure est proche de deux), une productivité renforcée, portée par une intensification de l'innovation et de l'investissement, serait favorable à notre compétitivité et ainsi de nature à éviter qu'une hausse du pouvoir d'achat ne vienne, parallèlement à une amélioration de la croissance française, dégrader le solde extérieur (cf. chapitre V) . En bref, les progrès du pouvoir d'achat se traduiraient alors plus pleinement en croissance intérieure.