II. RETOUR SUR LES CONDITIONS D'UNE FORTE AUGMENTATION DE LA DEMANDE DES MÉNAGES

Dans le scénario retenu par la Délégation, la condition d'une désépargne privée imposée par la stratégie de désendettement public suppose une baisse inaccoutumée du taux d'épargne des ménages, que des politiques volontaristes pourraient cependant accompagner.

A. LA DEMANDE DES MÉNAGES DEVRA CROÎTRE PLUS QUE LE REVENU...

1. Vue générale

Dans le contexte d'ajustement structurel des comptes publics, une des conditions déterminantes pour la croissance réside dans l'enclenchement d'un processus de désépargne des agents privés, en particulier des ménages. La question se pose donc de savoir quelles sont les conditions et les conséquences d'un tel enchaînement.

La croissance de la consommation à long terme (et son inverse, le taux d'épargne) dépend traditionnellement du revenu, du chômage, de l'inflation et des taux d'intérêt.

A priori , dans le moyen terme, la seule évolution attendue, susceptible d'avoir un impact significatif sur la propension à consommer des ménages, serait celle du chômage , qui jouerait positivement. Les perspectives de baisse du chômage pourraient réduire la propension des ménages à constituer une épargne de précaution , d'autant plus que la baisse programmée du besoin de financement des administrations publiques pourrait diminuer le besoin d'épargne des ménages.

Ce dernier enchaînement suppose toutefois que le raisonnement selon lequel l'effort actuel d'épargne des ménages comporte un provisionnement des tensions financières qu'engendreraient à terme des finances publiques déficitaires, soit valide.

Enfin, dans la même perspective, les projections démographiques publiées par l'INSEE en 2006 se traduisent par un important allègement des besoins de financement des systèmes de pension et de santé que les ménages sont appelés à prendre en compte -ce qui suppose un effort d'explication rompant avec l'expression d'un pessimisme parfois excessif concernant l'état futur des finances publiques.

2. La nécessité d'une forte diminution du taux d'épargne

Dans la période récente, jusqu'en 2006, la consommation a augmenté davantage que le revenu disponible brut des ménages. Le taux d'épargne s'est alors nettement replié (recul de 2 points entre 2002 et 2005).

Toutefois, à la faveur d'une relative accélération du revenu disponible brut (+ 2,9 % en 2006 puis + 3 % en 2007 22 ( * ) ), le taux d'épargne des ménages s'est finalement redressé, partant de 14,9 % en 2005, à 15,4 % en 2006 puis 15,7 % en 2007 d'après l'OFCE voire 16,3 % d'après l'INSEE.

D'une façon générale, à court terme, le taux d'épargne des ménages suit une évolution parallèle au rythme de progression de leurs revenus, en raison d'une certaine inertie des comportements de consommation.

Le graphique n° 4 rend compte de ces évolutions :

GRAPHIQUE N° 4

Source : à partir de données INSEE

Or, le revenu disponible brut évoluerait moins favorablement à partir de 2008 (voir supra ), aussi bien dans le scénario central (+ 2,1 % en moyenne sur la période 2007-2012) que dans le scénario haut (+ 2,2 % en moyenne sur la période 2007-2012 ). Dès lors, le taux d'épargne est logiquement appelé à diminuer.

La question se pose, néanmoins, de la crédibilité des prévisions de croissance à moyen terme, qui impliquent une baisse historique du taux d'épargne pour représenter, en 2012, seulement 12,7 % du RDB dans le scénario central, voire 12 % dans le scénario « haut ».

* 22 L'évolution du RDB en 2007 enregistre notamment la contribution positive de la réforme de l'impôt sur le revenu.

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