2. ... dont l'équilibre est susceptible de varier selon le contexte financier et les enchaînements macroéconomiques engendrés par la réduction de l'endettement public

Les ordres de grandeur précédemment exposés pourraient différer si une tension sur le coût de la dette se produisait . Elle rendrait plus « rentable » la réduction de la dette. Mais, comme elle n'épargnerait vraisemblablement pas les agents privés, elle compliquerait aussi les conditions d'un ajustement budgétaire économiquement indolore.

En outre, les effets du désendettement public sont susceptibles d'appréciations nettement contrastées selon les enchaînements macroéconomiques qu'on lui associe .

En effet, le bilan coûts-avantages et la stratégie de désendettement public ne dépend pas que du contexte monétaire et financier. Des variables purement économiques conditionnent ses prolongements. Si le secteur privé prend le relais de l'endettement public, les risques sur la croissance à court terme sont conjurés. Reste posée la question de la justification économique d'une politique programmant le renoncement des administrations publiques à tout appel public à l'épargne .

Dans certains travaux théoriques , la diminution de la dette publique produit ipso facto une amélioration de la demande des agents privés (théorème d'équivalence de Ricardo-Barro) qui réduisent l'épargne constituée pour eux dans la perspective des futurs prélèvements nécessaires à la baisse de l'endettement public.

En outre, des arguments plus concrets sont fournis à l'appui d'une réduction du niveau de la dette publique :

- son impact favorable en termes d'assouplissement des conditions de financement (baisses des taux d'intérêt) ;

- la suppression d'un effet d'éviction qu'engendreraient les emprunteurs souverains à l'encontre des agents privés.

Ces points de vue semblent manquer un peu de réalisme ou, du moins, de nuances :


• l'ensemble des études consacrées aux épisodes où le reflux de la dette publique n'a pas entraîné de contraction de l'activité souligne l'existence de causalités extérieures au processus d'ajustement budgétaire ;


• par ailleurs, le contexte économique actuel ne semble pas caractérisé par une quelconque insuffisance d'épargne . L'augmentation des dettes publiques n'a pas tari la très (trop) forte progression des dettes privées observée ces dernières années ; en particulier, elle n'a pas entraîné de tensions sur les taux d'intérêt. Au contraire, quand de telles tensions sont intervenues sur les marchés, une réorientation de l'épargne vers les titres publics est intervenue avec pour effet une détente des conditions de financement de l'endettement public.

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Au total, la trajectoire de réduction de la dette publique à l'horizon 2012 apparaît très volontariste aux conditions actuelles. Toutefois, elle pourrait être interprétée comme la résultante d'une politique de provisionnement destinée à stabiliser le niveau de la dette publique compte tenu de perspectives de plus long terme .

Elle répondrait à un objectif de soutenabilité durable des comptes publics sur lequel quelques observations s'imposent .

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