2. Au niveau économique
Le marché des vaccins ne comprend qu'un petit nombre d'acteurs : quatre laboratoires fournissent ainsi 90 % des produits. En France, ils sont trois (GlaxoSmithKine, Sanofi-Aventis et Wyeth) à se partager 95 % du marché. Ces industriels consacrent 15 % à 20 % de leur chiffre d'affaires à la recherche et au développement de nouveaux vaccins.
Leurs laboratoires ne sont toutefois pas spécialisés en recherche fondamentale, qu'ils externalisent pour limiter la prise de risque ; leur rôle est de développer des projets issus de la recherche institutionnelle. Or, ces projets sont souvent trop peu aboutis pour être rachetés , ce qui défavorise les équipes françaises par rapport à leurs concurrentes étrangères, notamment américaines.
a) Augmenter les financements publics et les cibler sur les projets prioritaires
La première raison de la moindre attractivité de la recherche fondamentale française pour les industriels réside dans la faiblesse des financements publics, qui ne permet pas toujours aux équipes de faire aboutir leurs projets.
Les financements publics proviennent de l'Etat au travers des hôpitaux, des universités, des instituts de recherche (institut Pasteur, Inserm, CNRS), des agences (agence nationale de la recherche, agence de l'innovation industrielle, agence de recherche sur le Sida et les hépatites virales) et de la Commission européenne via le programme-cadre de recherche et de développement communautaire.
Ces moyens d'origines diverses sont au total insuffisants et trop dispersés dans leur utilisation , ce qui nuit à l'avancement des projets les plus importants. L'exemple le plus frappant est celui de la recherche contre le Sida : les Etats-Unis y ont consacré plus de 500 millions de dollars en 2004, contre moins de 60 millions d'euros pour l'Union européenne.
Malgré un contexte budgétaire contraint, un effort particulier doit être porté sur les financements des projets de recherche qui seront jugés prioritaires, mais aussi sur les salaires des chercheurs qui y participent. C'est à ce prix que la France conservera son potentiel de recherche.
b) Développer une culture du capital-risque
Aux côtés des financements publics, il convient également de favoriser l'investissement privé pour permettre aux chercheurs de poursuivre leurs projets jusqu'à ce que leur état d'avancement les rende attractifs pour l'industrie.
La solution la plus fréquente consiste à créer une « start-up », qui assure la mise au point du projet entre la recherche fondamentale et l'application industrielle. Sa mise en place et son fonctionnement sont coûteux et son activité n'est, par définition, pas lucrative avant l'achat de la licence par un laboratoire. Au cours de cette phase intermédiaire, les financements privés sont donc indispensables.
Or, là encore, la France est largement distancée par les Etas-Unis, où les fondations privées, les fonds d'investissement et les « business angels » n'hésitent pas à investir dans ce type de structures. De fait, les start-up françaises périclitent souvent au cours de leur première année d'existence.
Outre le risque financier qu'ils sont souvent obligés de prendre, les chercheurs développeurs ne sont pas incités à se lancer dans la création d'une start-up puisque cette activité est pas mal reconnue. Il doit être remédié à cette situation, pour que la création de société de développement de projets de recherche soit considérée au même titre que les publications pour l'avancement des carrières.