c) Un dysfonctionnement majeur : des filières de formation pratiquement inexistantes dans le secteur des services à la personne, le plus créateur d'emplois
Le rapport de M. Camdessus paru en 2004, Le sursaut. Vers une nouvelle croissance pour la France , indique, à propos du potentiel de développement des services à la personne, « pour donner une idée de l'ampleur du phénomène, il suffit de savoir que si chaque ménage français consommait deux heures de services de ce type par semaine, cela permettrait de créer deux millions d'emplois » . Le vieillissement de la population, la généralisation du travail des femmes et la complexité croissante de leur vie quotidienne ont des effets massifs sur l'augmentation des besoins en la matière.
Le récent avis du conseil économique et social consacré au développement des services à la personne sur le rapport présenté par M. Yves Vérollet en janvier 2006 souligne l'ampleur de l'effort de formation conduit chez nos voisins européens :
- en Allemagne, « le processus de formation tout au long de la vie est pris très au sérieux. Certaines entreprises ont obtenu des certifications ISO qui imposent, entre autres des processus de formation continue du personnel » ;
- au Royaume-Uni, « les personnes non diplômées nouvellement embauchées dans le secteur des services à la personne âgées ont une obligation d'entreprendre une formation dans les six mois de leur embauche. L'étude de l'office européen de conseil, recherche et formation en relations sociales révèle une série de bonnes pratiques, dans les services aux enfants et aux personnes âgées. »
S'agissant de la France, le CES constate que « les filières de formation initiale aux métiers des services à la personne sont très insuffisamment développées eu égard aux besoins de ce secteur, qu'il s'agisse des filières de l'éducation nationale ou de celles de la formation professionnelle » et que « les contrats de professionnalisation, l'apprentissage, et de manière générale la formation initiale en alternance, sont aussi très peu développés, pour ne pas dire inexistants » et recommande d'engager un effort massif de formation et de qualification.
Concluant sur ce rapide survol de l'offre de formation professionnelle, la mission estime que sa fragmentation, qui reflète en partie l'hyperspécialisation des diplômes et des qualifications, relève fondamentalement d'une conception de la division du travail aujourd'hui périmée . Le fonctionnement de l'économie et du monde du travail a changé : elle impose désormais une démarche de formation plus apte à répondre aux besoins de mobilité intellectuelle et professionnelle des salariés. Il convient, dans ces conditions, de donner un élan nouveau à un système de formation et de certifications qui, dans son ensemble, peine à s'adapter aux logiques de dépassement du taylorisme.
Cette segmentation se traduit également par le fait qu' « un salarié en stage a peu de chances de croiser un chômeur de longue durée ou un jeune en grande difficulté, un cadre ne croisera que ses homologues, un ouvrier également », selon le constat dressé par M. Paul Santelmann. A l'inverse, la mission d'information préconise, autant que faire se peut, le brassage des publics , sinon dans les stages, du moins dans des locaux communs ou au moment des repas comme c'est la règle, par exemple sur le campus Veolia.
La mission insiste également sur un révélateur des dysfonctionnements du système de formation dans son ensemble : comme l'a souligné le conseil économique et social, dans le secteur des services à la personne, le plus dynamique en termes de créations d'emplois, « les filières de formation initiale ou continue relevant de la formation professionnelle sont pratiquement inexistantes ».