C. LES STRUCTURES INTERCOMMUNALES
On retrouve la contradiction dans laquelle les maires se débattent. D'un côté, ils ont en charge une collectivité territoriale le plus souvent de petite dimension, mais, d'un autre côté, les stratégies possibles pour surmonter cette faiblesse ne sont pas sans entraîner de nouvelles craintes, c'est le cas des structures intercommunales.
Pour tous les élus (94 %), elles permettent de mener à bien des projets indispensables qu'une commune seule ne parviendrait pas à financer ; c'est presque unanimement (83 %) qu'elles constituent un dispositif de solidarité entre des communes voisines et pour les deux-tiers des élus interrogés (68 %), elles prennent en compte les attentes des citoyens.
Les structures intercommunales fournissent donc une solution appropriée. En même temps, elles constituent un problème, aux yeux de nos élus. Ils sont nombreux en effet (67 %) à juger qu'elles introduisent un échelon administratif supplémentaire qui entraîne des coûts et des complications. C'est encore une majorité (59 %) qui estime que cette organisation est une source de conflits entre la structure intercommunale et certaines communes-membres ou bien qui considèrent (51 %) que les présidents de structures intercommunales favorisent souvent la ville dont ils sont l'élu.
Il est clair que les élus locaux et les maires en particulier, plébiscitent la structure intercommunale comme stratégie de projet, mais qu'ils redoutent en même temps d'être noyés dans un ensemble complexe où leur influence risquerait d'être d'autant plus marginale que la structure sera plus puissante. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles les élus locaux sont aussi peu favorables (25 %) à l'élection au suffrage universel direct du président de la structure intercommunale.
Ne pas prendre en compte ce malaise reviendrait à courir le risque d'introduire une difficulté supplémentaire dans la relance de la décentralisation depuis l'Acte II. Responsables des collectivités territoriales, ce sont nécessairement nos élus locaux qui constituent l'avant-garde de la décentralisation. Le législateur reste l'auteur souverain d'une telle réforme parce qu'elle est voulue pour les citoyens. Mais cette réforme ne peut être véritablement mise en oeuvre que par l'engagement des élus locaux.
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On ne saurait confondre le souhait d'une pause avec l'appel à un retour en arrière. Les élus locaux demeurent profondément convaincus des bienfaits et de la nécessité de la décentralisation. S'ils expriment leur insatisfaction et s'ils sont plus nombreux à souhaiter une pause qu'à proposer de poursuive l'effort, c'est précisément pour consolider l'acquis et permettre de réussir la nouvelle étape engagée en 2003-2004. Nos élus locaux n'ont pas rompu avec l'idée de la décentralisation. Ils expriment sagement la nécessité de reconsidérer sa mise en oeuvre pour augmenter les chances de succès de ce qui reste à leurs yeux une grande promesse. Ils veulent en corriger la lettre pour en sauver l'esprit.