CHAPITRE IV : VIEILLISSEMENT DÉMOGRAPHIQUE, NIVEAU DE VIE ET PRODUCTIVITÉ : QUELLES PERSPECTIVES ?
Le chapitre précédent a permis d'ouvrir la réflexion sur les sources de l'écart de productivité entre les États-Unis et l'Europe (notamment la diffusion des TIC et leur impact sur les innovations de toute nature) ainsi que sur les politiques publiques susceptibles de résorber cet écart et de soutenir l'innovation et la productivité (éducation, recherche et développement, déréglementation des marchés des biens et du travail,...).
Ces aspects sont explorés ci-après à partir de la problématique du vieillissement démographique et de son impact négatif sur la progression du PIB/tête, et en se basant plus spécifiquement sur le cas de la France.
I. QUEL IMPACT DU VIEILLISSEMENT DÉMOGRAPHIQUE SUR LE NIVEAU DE VIE ?
A long terme, l'évolution du PIB par tête est déterminée par quatre facteurs :
- le facteur démographique constitué par le ratio population en âge de travailler (15 à 64 ans) sur population totale ;
- le taux d'emploi ;
- la durée du travail ;
- la productivité horaire.
A. L'IMPACT DE L'ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE SUR LA CROISSANCE DU PIB PAR TÊTE
Sur la période 1980-2004, la croissance du PIB par habitant en France s'est établie à 1,6 % par an en moyenne (1,75 % pour la moyenne de l'UE à 15).
La contribution du ratio démographique (rapport 15-64 ans/population totale) sur cette période a été nulle , ce qui revient à dire que la croissance de la population totale et celle de la population d'âge actif ont été identiques.
Le graphique ci-dessous , présente la contribution en points de croissance de l'évolution du ratio population 15-64 ans/population totale, à l'évolution du PIB par tête depuis 1970, et à l'horizon 2050 sur la base des dernières révisions des projections de population présentées par l'INSEE (qui se basent notamment sur une augmentation plus forte de la fécondité par femme - 1,9 enfant - et du solde migratoire 74 ( * ) ).
Graphique n° 16
CONTRIBUTIONS EN POINTS DE CROISSANCE
DE
L'ÉVOLUTION DU PIB PAR TÊTE POUR LA FRANCE
On peut voir dans le graphique ci-dessus que la contribution du ratio démographique à la croissance du PIB par tête sur les trente prochaines années serait négative à hauteur de 0,4 point de croissance par an en moyenne.
En effet, à partir de 2010-2011, le passage à 65 ans des premiers « baby-boomers » entraîne une accélération du nombre des 65 ans (dénominateur du ratio) et un freinage de la croissance des 15-64 ans (numérateur du ratio).
Toutefois, l'impact du ratio démographique (population 15-64 ans/population totale sur la croissance du PIB par tête) pourrait à l'avenir être de nouveau modifié par des révisions démographiques, comme celles qui sont intervenues en juillet 2006.
L'impact du ratio démographique qui était de -0,5 point de croissance potentielle annuelle du PIB par tête selon les anciennes projections, a été ramené à -0,4 point à partir de des nouvelles projections démographiques 75 ( * ) .
Les dernières évaluations démographiques de l'INSEE, notamment sur la hausse du taux de fécondité à 2 enfants par femme, renforcent la probabilité de révisions de cette nature 76 ( * ) .
* 74 Pour plus de précisions, voir rapport d'information du Sénat n° 89, 2006-2007, sur « les perspectives économiques 2007-2011 », présenté par Joël BOURDIN au nom de la Délégation pour la Planification.
* 75 Il faut rappeler - cf. rapport d'information Sénat n° 89, 2006-2007, de la Délégation pour la Planification - que ces révisions conduisent à réviser à la hausse l'évolution à long terme de la population active (+0,3 point par an) ainsi que celle de la population totale (+0,2 point par an). L'impact de la révision sur le PIB par tête est donc de 0,1 point (0,3 - 0,2).
* 76 L'impact de la hausse de la fécondité sur la croissance du PIB par tête ne serait toutefois perceptible que dans une quinzaine d'années.