b) Généraliser les études encadrées
La mission estime prioritaire de renforcer l'encadrement extrascolaire des enfants et des jeunes, le soir, le week-end et pendant les vacances.
De tels dispositifs se développent, notamment à l'initiative des collectivités territoriales, pour assurer un relais à l'école, au moment crucial où jouent très fortement les inégalités dans l'accès aux activités sportives ou artistiques et l'aide aux devoirs que peuvent apporter les parents.
Il s'agit, toutefois, de sortir du « tout associatif » ou du face-à-face élève-enseignant et de mobiliser un nouveau cadre d'intervenants, rémunérés à cet effet.
Cela permettrait de répondre au désir d'engagement de retraités, mères de famille, habitants du quartier ou étudiants -notamment dans le cadre du service civil volontaire-, qui ont beaucoup à apporter aux plus jeunes en termes d' « éducation à la vie » . En outre, ces initiatives créatrices de lien social contribueraient à refaire de l'école un lieu où s'apprend et se met en action le respect et la solidarité entre les générations.
c) Donner sens à la notion de « communauté éducative »
L'école est un acteur incontournable de son quartier. Or, la mission a pu mesurer combien le discours autocentré tenu par les hauts responsables du système éducatif était déconnecté des attentes exprimées par les acteurs de terrain : en effet, les élus locaux, acteurs associatifs, juges ou policiers, ont tous souligné des blocages persistants pour établir un dialogue et des liens durables avec une institution scolaire qui continue à agir, selon certains, « les yeux bandés ».
C'est pourquoi de nouvelles formes de partenariats sont à développer ou à consolider.
Il s'agit, tout d'abord, d' ouvrir l'école aux parents les plus extérieurs à elle , afin de renouer la confiance, de les amener à mieux appréhender ses rouages et ses « codes » et de leur expliquer le sens du projet scolaire pour qu'ils y apportent leur soutien.
Les enseignants qui le souhaitent devraient être encouragés à être présents plus longtemps dans les établissements -et rétribués en conséquence-, pour recevoir les parents, animer des ateliers communs enfants-parents ou donner des cours de français aux mères étrangères.
En matière de prévention , ensuite, l'école et les enseignants sont en première ligne pour repérer les signes de fragilité des élèves et les comportements déviants.
En ce sens, les effectifs de personnels médico-sociaux (médecins scolaires, infirmiers, assistants sociaux, psychologues scolaires) doivent être renforcés dans les établissements des quartiers difficiles -alors qu'on ne compte en moyenne qu'un médecin scolaire pour plus de 5 600 élèves-, notamment en vue de généraliser les bilans de santé prévus par la loi.
En parallèle, dans un souci de continuité du suivi des enfants et des familles, il faudrait rechercher des synergies avec les services sociaux des conseils généraux 66 ( * ) , par une mise en commun des moyens ou en organisant un partage sécurisé des données entre les acteurs. Comme le propose le projet de loi relatif à la prévention de la délinquance, en matière de contrôle de l'obligation scolaire par le maire, les échanges d'information doivent en effet emprunter des canaux plus directs pour renforcer la réactivité et l'efficacité des actions.
Enfin, le partenariat éducatif avec les collectivités territoriales doit être mieux reconnu comme tel, pour assurer une meilleure cohérence entre les actions scolaires et périscolaires.
Comme le suggère le Conseil national des villes (CNV) 67 ( * ) , les enseignants devraient être sensibilisés, avant la rentrée, à la connaissance de leur environnement et rencontrer les différents acteurs impliqués dans le projet éducatif local.
Enfin, le rôle et la composition des instances de dialogue (conseils d'administration, conseil départemental de l'éducation nationale) devraient être revus, afin de renforcer le pilotage du projet éducatif local et d'assurer une articulation avec les projets d'école ou d'établissement, autour d'objectifs et d'outils d'évaluation communs.
* 66 Aide sociale à l'enfance et protection maternelle et infantile (PMI). La mission rappelle que le Sénat avait adopté, lors de l'examen en première lecture du projet de loi relatif aux libertés et aux responsabilités locales, un amendement visant à transférer la médecine scolaire aux départements, ensuite supprimé par les députés...
* 67 « Politique de la ville et éducation : quels enjeux pour demain ? », avis et proposition du Conseil national des villes (CNV) au ministre délégué à la ville et à la rénovation urbaine, 2004.