5. Des pertes de marché continuelles
Depuis 2000, la France n'a cessé de perdre des parts de marché sur de nombreuses destinations : en Asie, en raison d'une montée en puissance de la Chine, mais aussi en Europe, du fait d'une concurrence intracommunautaire accrue, notamment avec l'Espagne et les pays nouvellement adhérents à l'Union européenne, au premier chef desquels la Pologne.
La filière pomme, qui représente près des trois-quarts des volumes exportés, est caractéristique de cette tendance. Alors que notre pays a été pendant de très nombreuses années le premier exportateur mondial, il est désormais passé à la troisième place, derrière la Chine et le Chili. La montée en puissance des producteurs de pommes situés dans l'hémisphère sud est d'ailleurs à l'origine de la crise ayant affecté la filière française en 2005.
Les pays d'exportation sont très majoritairement concentrés dans l'Union européenne, pour 85 % des volumes exactement. Six pays accueillent les trois-quarts de nos exportations : Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Pays-Bas, Belgique et Italie. Or, à l'exception de cette dernière, le commerce avec chacun de ces pays s'est ralenti ces dernières années.
6. Une consommation en perte de vitesse
Le recul de la consommation n'est pas propre aux fruits, mais aux produits frais en général. Ainsi, depuis 1997, les quantités achetées de fruits ont diminué de 12 %, et celles de légumes (hors pommes de terre) de 14 %. D'une façon plus globale, cette évolution générale s'inscrit dans une tendance à la baisse de la part de l'alimentation dans la structure de consommation des Français : en 1960, les ménages consacraient 18,2 % de leur budget à l'achat de produits alimentaires, contre 13 % en 2005 9 ( * ) . Si les volumes d'achat ont augmenté, du fait de la croissance du revenu des ménages durant cette période, cela n'a pas profité de façon significative au secteur des fruits, dont l'augmentation du niveau des prix a été bien inférieure à celle d'autres secteurs, alimentaires ou non.
Contrairement à l'opinion courante, la variable prix n'est d'ailleurs pas la plus importante. Ainsi, le motif principalement avancé par les consommateurs pour expliquer la baisse de leurs achats de fruits est, selon les études menées par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC), de « passer moins de temps à faire la cuisine et des corvées d'épluchage ».
S'il n'est pas déterminant à lui seul, le prix reste néanmoins un critère essentiel : diverses études ont montré qu'au-delà de cinq euros le kg, le consommateur limite très fortement les quantités achetées. Mais au-delà du prix réel, variant fortement selon la conjoncture, c'est le prix perçu qui est souvent décisif : une étude récente du CREDOC montre que les consommateurs ont une estimation de l'évolution du prix des fruits et légumes bien supérieure à ce qu'elle est réellement, en raison notamment d'un manque de repères depuis le passage à l'euro.
L'étude SECODIP 2003 10 ( * ) fait état d'une segmentation marquée des consommateurs. Elle révèle ainsi que le coeur de clientèle traditionnel est principalement constitué des plus de 50 ans et plus spécifiquement des « vieux couples » (65 ans et plus), des « couples d'âge moyen » (35-64 ans), des « familles avec enfants majeurs » et des « vieux célibataires ». En revanche, les jeunes sont traditionnellement sous-consommateurs, en particulier, les « célibataires d'âge moyen », les « jeunes couples » et les « jeunes célibataires ».
* 9 L'arbitrage des ménages en faveur de produits innovants en technologie, ainsi que la préférence des nouvelles générations pour les produits transformés, expliquent en partie cette évolution.
* 10 Etude Sécodip CONSOSCAN mesurant, pour 2003, les achats des ménages Français pour leur consommation au domicile sur un panel de 3.000 ménages représentatifs de la population française.