2. Les réelles incertitudes liées au devenir du Kosovo
Les autorités macédoniennes ont constamment affirmé que les négociations en cours sur le statut du Kosovo, sous l'égide de l'envoyé spécial des Nations unies, Martti Ahtisaari, ancien Premier ministre finlandais, n'auraient, quoiqu'il arrive, aucune répercussion sur le pays, mais ceci n'est pas le sentiment de votre rapporteur
Il est évident que des liens importants, et notamment des liens familiaux, existent entre Albanais du Kosovo et Albanais de Macédoine. Toute évolution de la situation sécuritaire au Kosovo pourrait avoir des répercussions en Macédoine, et il est connu que les groupes armés peuvent trouver des renforts humains et matériels dans ce pays. La frontière entre Kosovo et Macédoine est, pour de nombreux citoyens albanophones, purement administrative.
Par ailleurs, sans l'exprimer ouvertement, certains Macédoniens craignent qu'une indépendance du Kosovo n'alimente des velléités séparatistes de la part des albanophones de Macédoine. Rien ne permet de retenir ce scénario pour le moment, compte tenu des acquis résultant des accords d'Ohrid, mais il n'est pas possible non plus d'écarter cette hypothèse. Si la Macédoine cherche absolument à affirmer sa singularité d'État multiethnique qui fonctionne sur des bases démocratiques solides, elle doit constamment lutter contre les risques de « retour en arrière » de certains milieux nationalistes. La perspective d'intégration européenne est aujourd'hui le moteur le plus puissant pour faire tenir ce consensus, comme en témoignent les résultats du référendum de novembre 2004. La plupart des concessions sont faites pour parvenir au « rêve » européen.