2. Le « taux de financement » des ménages français confirme la faible place de leur recours au crédit
Les « taux de financement » des ménages agrègent leur taux d'épargne et leur taux d'appel au crédit.
Les Français ont, comparativement, un taux d'épargne élevé et un taux de recours au crédit qui est faible , si bien que leurs ressources financières sont globalement modestes en comparaison de celles de leurs homologues.
L'étude des pays européens permet globalement d'établir une corrélation entre les deux variables en cause. La situation française, et l'exemple de nombreux autres pays européens, invitent à se pencher sur l'existence d'un lien de causalité entre taux d'épargne et taux de recours au crédit : les ménages français ont-ils si peu recours au crédit parce que leur épargne est abondante ou celle-ci est-elle si abondante qu'ils ont naturellement peu d'inclinaison à s'endetter ?
Quoiqu'il en soit, le faible recours des ménages français au crédit montre que celui-ci n'est pas un vecteur de desserrement de la contrainte de liquidité aussi efficace en France qu'à l'étranger .
a) Malgré un taux d'épargne élevé, le taux de financement des ménages est bas en France du fait d'un faible taux de recours au crédit
Ils variaient en 2001 du simple (16,7 % au Royaume-Uni) au double (32,9 % aux Pays-Bas) . Si des évolutions sensibles interviennent d'une année sur l'autre, ce dont témoignent les données pour 2002, on peut relever une certaine inertie dans le cas de la France.
TABLEAU DE FINANCEMENT
BRUT DES MÉNAGES EN 2001 ET 2002
(en % du revenu
disponible brut)
Ressources 2001 |
Ressources 2002 |
|||||||
Taux
|
Taux de
|
Transf.
|
Taux de finance-ment |
Taux
|
Taux de
|
Transf.
|
Taux de finance-ment |
|
Pays-Bas |
15,7 |
17,4 |
- 0,3 |
32,8 |
14,6 |
19,4 |
- 0,5 |
33,5 |
Portugal |
10,6 |
13,9 |
3,9 |
28,4 |
ND |
ND |
ND |
ND |
Italie |
15,5 |
2,4 |
7,3 |
25,2 |
ND |
ND |
ND |
ND |
Espagne |
9,8 |
9,8 |
1,8 |
21,4 |
ND |
ND |
ND |
ND |
Belgique |
15,0 |
0,3 |
6,0 |
21,3 |
ND |
ND |
ND |
ND |
France |
15,9 |
2,6 |
0,7 |
19,2 |
16,7 |
3,6 |
0,8 |
21,1 |
Allemagne |
15,8 |
1,5 |
1,4 |
18,7 |
16,2 |
1,1 |
1,2 |
18,6 |
Finlande |
9,2 |
4,1 |
4,6 |
17,9 |
ND |
ND |
ND |
ND |
Royaume-Uni |
5,7 |
11,2 |
0 |
16,9 |
5,1 |
14,9 |
0,2 |
20,6 |
Source : Comptes nationaux, calculs OEE Etudes
Le taux de recours au crédit apparaît, globalement, comme le principal facteur de disparité des taux de financement des ménages en Europe, excepté pour le Royaume-Uni où c'est la faiblesse du taux d'épargne des ménages qui explique son classement. Il est particulièrement faible en France .
Comme le relève l'Observatoire de l'épargne européenne, le taux de recours au crédit a connu depuis 1995, une hausse en début de période suivie d' une baisse sensible en 2000-2001 .
Toutefois :
• le
retournement de la
tendance
a été
plus ou moins
précoce
selon les pays : le recours au crédit a
significativement baissé
dès 2000 en Allemagne
- les ménages allemands ont eu recours au crédit dans de
fortes proportions après la réunification pour financer les
acquisitions de logements, ce qui explique la modération du recours au
crédit dans la seconde partie de la décennie -
et en
France, en 2001
seulement
en Espagne
,
en
Italie
et
aux Pays-Bas
;
•
le Royaume-Uni fait
exception
, avec une accélération du retour au
crédit, chaque année, tout au long de la période ;
• l'
année 2002
marque
une
reprise de l'augmentation
de l'
endettement des
ménages, sans baisse de l'épargne
.
TAUX DE RECOURS AU CRÉDIT
(en % du revenu disponible brut)
Source : Comptes nationaux, calculs OEE Etudes
Malgré leur baisse en 2001, les flux de crédit à long terme restent positifs et concourent donc encore à une poursuite généralisée de la croissance de l'endettement de long terme des ménages européens.
En 2002, les flux nets de nouveaux crédits à long terme ont été en croissance en Belgique, en Espagne, en France, en Italie et surtout au Royaume-Uni ; en revanche, cet indicateur était en baisse en Allemagne, pour la troisième année consécutive.
S'agissant des crédits à court terme :
- ce ne sont pas seulement les encours de crédit à court terme qui ont crû tous les ans au Royaume-Uni, mais aussi les flux : la croissance de l'encours s'est accélérée tout au long de la période ;
- le crédit à court terme apparaît très sensible aux évolutions conjoncturelles, les flux d'endettement s'étant inversés (signifiant un excédent des remboursements sur les crédits nouveaux) en 2001 en Allemagne, en Italie et, de façon très sensible, aux Pays-Bas. En France et en Espagne, la décroissance des flux n'a pas suffi à les rendre négatifs.