B. DES ÉCHANGES CULTURELS INTENSES ET FRUCTUEUX

La culture française occupe une place de choix en Russie. Sa présence remonte à des échanges artistiques et culturels anciens, sous les influences de Pierre le Grand et Catherine II notamment.

A l'heure actuelle, les relations culturelles entre la France et la Russie reposent sur l'accord de coopération culturelle du 6 février 1992 , qui a créé la Commission culturelle franco-russe. Les échanges se sont intensifiés et diversifiés ces dix dernières années, dans tous les domaines de la culture.

1. Une priorité : actualiser l'image de la France

Les objectifs prioritaires de notre coopération culturelle avec la Russie répondent au souci d'actualiser l'image de notre pays, bien souvent positive mais « traditionnelle » et quelque peu inactuelle. Par là même, il s'agit d'accompagner les évolutions en cours, notamment pour favoriser la diffusion des formes contemporaines d'art en Russie.

A cet effet, l'accent est mis sur les échanges entre créateurs contemporains français et russes . Plusieurs opérations récentes y contribuent :

- dans le domaine de la littérature et de l'édition, l'opération « Les Belles Étrangères », consacrée en 2004 à la littérature russe contemporaine a permis des rencontres entre auteurs et éditeurs ; en outre, la Russie a été l'invité d'honneur du salon du livre à Paris en mars 2005 ; enfin, le programme Pouchkine d'aide à la publication, lancé en 1989, permet d'encourager la traduction et la diffusion des ouvrages français (plus de 400 titres, distribués dans 200 bibliothèques de Russie, sont parus en 15 ans) ;

- un « mois de la danse contemporaine française » s'est tenu à Moscou du 6 octobre au 15 novembre 2003 ;

- le premier Showcase TV France International, véritable marché des programmes télévisés français en Russie, a eu lieu à Moscou en mai 2004 : il a permis à plus de 60 directeurs d'acquisition des chaînes de télévision russes de rencontrer les représentants des 24 sociétés françaises présentes ;

- dans le domaine des musiques actuelles, la création à l'automne 2002 d'une antenne du Bureau Export de la Musique française a permis de tisser un large réseau de partenaires à tous les maillons de la chaîne de l'industrie de disque ; la demande des professionnels et du public russe pour la musique française est forte : le marché russe se place en 7 e position en volume de ventes (258 millions de dollars en 2002 pour le marché légal) ; toutefois, la part des productions pirates est au moins égale à celle du marché légal, malgré les actions de lutte contre la piraterie lancées par les autorités russes et les organismes spécialisés.

2. Les partenariats entre établissements culturels

La délégation a assisté, le mardi 14 septembre 2004, à l'inauguration de l'exposition « Gemmes du Trésor Royal de Louis XIV » présentée au musée du Kremlin, en partenariat avec le musée du Louvre.

Cet exemple illustre les partenariats durables et fructueux qui se sont mis en place entre établissements culturels, dans tous les domaines :

- la Galerie Tretiakov a noué un partenariat privilégié avec le Musée d'Orsay : une rétrospective sur « L'Art russe à l'âge de l'impressionnisme » (1860-1910) se tiendra à Paris en septembre 2005 ; en retour, la Galerie Tretiakov accueillera une cinquantaine de chefs-d'oeuvre de la peinture française à partir de mars 2006 ;

- avec l'aide du Musée national d'art moderne George Pompidou et du Fonds national d'art contemporain (FNAC), l'Ambassade de France contribue à l'équipement, à la Nouvelle galerie Tretiakov, d'une médiathèque spécialisée en art contemporain ; ce sera un centre de documentation, unique en Russie, consacré aux formes nouvelles d'arts plastiques ;

- le partenariat avec le Musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg bénéficie de l'appui de son directeur, M. Mikhail Piotrovski, qui est par ailleurs président de l'Alliance française ; une nouvelle salle annexée au musée -la « Salle George Pompidou »- abritera des expositions issues des collections du Musée national d'art moderne ; la coopération avec le MNAM a conduit à la présentation exceptionnelle de « La Danse » de Matisse à l'été 2004 ; le triptyque français a ensuite été exposé au Musée Pouchkine de Moscou ; enfin, une importante opération de mécénat est en cours, grâce au soutien du Groupe Crédit Agricole et de la Caisse des dépôts et consignations, pour la réfection des 18 salles d'expositions du Palais d'Hiver dédiées à la peinture française ; lors de l'inauguration des salles rénovées en mai 2005, sera créée l'Association française des amis de l'Ermitage ;

- le programme d'échanges entre le Conservatoire Tchaïkovski et le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris a abouti à la création, en 2002, d'un centre électroacoustique ; si cette coopération a permis d'introduire des partitions de quelques compositeurs contemporains français, les formes de musique électronique reçoivent encore un accueil timide chez de nombreux enseignants du conservatoire ;

- une Maison de la Photographie s'est ouverte à Moscou, grâce au soutien de la Maison européenne de la photographie notamment ; il existe un programme d'accueil de jeunes artistes dans le cadre du partenariat entre les villes de Paris et de Moscou.

3. Les célébrations du Tricentenaire de la ville de Saint-Pétersbourg en 2003 : un accélérateur des échanges

Destinées à réaffirmer la vocation de capitale européenne de Saint-Pétersbourg, les célébrations du tricentenaire de la ville en 2003 ont marqué un point d'orgue dans la coopération entre la France et la Russie . Elles ont servi d'accélérateur au rapprochement entre nos deux pays, en rappelant leur passé commun et les liens culturels forts qui les unissent.

A cette occasion, la France a participé à l'organisation de nombreux évènements, parmi lesquels :

- l'exposition « Le Paris russe » 19 ( * ) , présentée au Musée Russe puis à Bordeaux ; le Musée Russe a également accueilli l'exposition « 300 ans de présences françaises à Saint-Pétersbourg », et un colloque sur l'histoire des relations intellectuelles entre la France et la Russie ;

- la rétrospective, à l'Ermitage, de 50 oeuvres de Nicolas de Staël, fils du dernier gouverneur de la forteresse Pierre et Paul ;

- la double exposition franco-russe « Quand la Russie parlait français », présentée aux Invalides puis à l'Ermitage ;

- la tournée du ballet de l'Opéra de Bordeaux et celle de l'Orchestre des Champs-Elysées.

Enfin, l'inauguration officielle, le 28 juin 2003, par les Premiers Ministres français et russe, de la « Bibliothèque de Voltaire », a constitué l'un des temps forts des célébrations.

La création de ce nouvel espace de 120 m² entièrement restauré, installé à la Bibliothèque nationale de Russie (BNR), a bénéficié du soutien financier de la France (notamment de l'Assemblée nationale), à hauteur de 110 000 euros, dans le cadre de la mise en place du « Centre européen des Lumières ».

Le projet répond à un objectif défini par une convention signée le 20 juin 2002 par l'Ambassadeur de France en Russie et le directeur général de la BNR, M. Vladimir Zaïtsev : rendre la bibliothèque accessible à la communauté scientifique mondiale et aider à l'édition d'une base documentaire facilitant l'étude de l'héritage des Encyclopédistes du 18 ème siècle.

L'espace de la Bibliothèque de Voltaire a déjà accueilli, en juillet 2003, une exposition sur Montesquieu, inaugurée par le maire de Bordeaux, M. Alain Juppé. Avec le soutien des équipes de la Bibliothèque Nationale de France, deux ouvrages ont pu être numérisés et mis en ligne dès 2003.

PETITE HISTOIRE DE LA BIBLIOTHÈQUE DE VOLTAIRE

La bibliothèque et la collection des manuscrits de Voltaire ont été acquises par Catherine II peu de temps après la mort du philosophe français, survenue le 30 mai 1778.

Cet ensemble est composé de 6 814 volumes, avec leurs annotations de la main de Voltaire, de 18 tomes de manuscrits, contenant des matériaux sur l'histoire de France et de la Russie et son courrier personnel.

La bibliothèque de Voltaire devint d'abord partie intégrante de la bibliothèque personnelle de Catherine II, au Palais d'Hiver. S'y ajouta, en 1785, l'ensemble de la bibliothèque de Diderot et de ses manuscrits.

En 1861, la bibliothèque de Voltaire fut déplacée de l'Ermitage à la Bibliothèque Impériale Publique (aujourd'hui la Bibliothèque Nationale de Russie), aux côtés de la statue de Voltaire par Houdon, qui trône désormais au coeur du nouvel espace restauré.

Au début du 20 e siècle, le premier catalogue manuscrit, portant les notes et corrections apportées par Voltaire (dit Catalogue de Ferney), joua un grand rôle dans les recherches scientifiques. En 1913, parut l' « Inventaire des manuscrits de la bibliothèque de Voltaire conservés à la Bibliothèque impériale publique de Saint-Pétersbourg », réalisé par Caussy. En 1929, fut lancée la préparation de l'édition du « Catalogue de la bibliothèque de Voltaire », publié en 1961 dans les éditions de l'Académie des Sciences, sous la rédaction de l'académicien M. P. Alekseev et de T. N. Kopreeva.

En 1979, parut le premier volume du Corpus des notes marginales de Voltaire dans les éditions « Académie-Verlag ». En 1994, les 5 volumes publiés rassemblaient les notes descriptives de 1 687 ouvrages. Pour la réalisation des deux derniers volumes (tome 6 et 7) la Bibliothèque nationale de Russie a coopéré avec la Voltaire Fondation d'Oxford et les Éditions de la Sorbonne.

* 19 Panorama des oeuvres créées en France par les peintres et sculpteurs russes de l'émigration.

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