(2) Le transfert de l'épargne vers les jeunes générations : quel coût, et quel impact sur la consommation ?
La principale divergence d'appréciation concerne le transfert de l'épargne vers les jeunes générations : le gouvernement estime que le coût serait nul et l'impact important, alors que selon l'OFCE la mesure serait peu efficace et aurait un coût élevé.
En ce qui concerne l'impact de la mesure sur la consommation, le gouvernement l'évalue en effet à + 3 milliards d'euros, alors que l'OFCE estime qu'il serait compris entre + 0 et + 0,25 milliard d'euros.
Cette divergence provient de la méthode utilisée :
- l'OFCE considère que les ménages se comporteront comme ils le font habituellement en cas d'augmentation de leur patrimoine. Or, une augmentation du patrimoine n'accroît en général que faiblement la consommation ;
- - le gouvernement estime, en revanche, que les bénéficiaires de la mesure, étant jeunes, préféreront consommer plutôt qu'épargner.
L'impact effectif se situera vraisemblablement entre les deux estimations. En particulier, alors que l'OFCE estime qu'une augmentation du patrimoine de 100 euros n'accroît la consommation que de 5 euros, il semble plus réaliste de retenir l'hypothèse d'une augmentation de 10 euros 103 ( * ) . L'impact serait donc au moins double de celui indique par l'OFCE (soit 1 milliard d'euros, au lieu de 0,5 milliard d'euros selon l'hypothèse haute).
Il faut voir, en outre, que cette mesure est favorable à un partage plus équitable des moyens entre générations et mérite aussi d'être soutenue à ce titre. Elle est simple et claire, aisément compréhensible par tous les intéressés, à la différence des incitations fiscales habituellement proposées au Parlement.
Au total, l'augmentation de la consommation suscitée par ces deux mesures fiscales serait donc de l'ordre de 1 à 3,5 milliards d'euros, soit de 0,06 à 0,2 point de PIB, répartis entre 2004 et 2005.
* 103 L'OFCE retient l'hypothèse d'une élasticité de 0,05, se référant à des « estimations macro-économiques pour les autres pays ». La Réserve fédérale américaine évalue quant à elle cette élasticité à 0,1 dans le cas de la France (Bureau des gouverneurs de la Réserve fédérale des Etats-Unis, « International Finance Discussion Paper » n° 724, avril 2002).