C. UNE PRÉVISION DE CROISSANCE RELATIVEMENT OPTIMISTE POUR 2005 ?
1. Une prévision gouvernementale supérieure au consensus
La prévision de croissance du gouvernement pour 2005 , de 2,5 %, est supérieure au consensus des conjoncturistes, de 2,1 %.
a) La consommation des ménages
Cet écart correspond en particulier à des prévisions légèrement plus volontaristes en matière de consommation des ménages , comme l'indique le graphique ci-après.
Principales prévisions économiques pour 2005
(croissance par rapport à 2004, en %)
Source : prévisions du gouvernement ; Consensus Forecasts
b) La croissance de la zone euro
Cet optimisme s'explique également par celui de la prévision de contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB. Ainsi, alors que le gouvernement prévoit qu'en 2005 cette contribution serait de 0,1 point, les conjoncturistes réunis en mars 2004 au sein de la commission économique de la Nation estimaient cette contribution à - 0,2 point.
Cet écart provient de celui des prévisions de croissance des principaux partenaires de la France. Si le gouvernement prévoit une croissance du PIB des Etats-Unis moins élevée que le consensus des conjoncturistes (2,6 %, contre 3,8 %), sa prévision de croissance de la zone euro est supérieure de 0,3 point à celui-ci (2,3 % contre 2 %), du fait en particulier de prévisions plus optimistes dans le cas de l'Italie et de l'Allemagne.
La croissance du PIB des principaux partenaires de la France en 2005
(croissance par rapport à 2004, en %)
Sources : prévisions du gouvernement ; Consensus Forecasts
Les prévisions de croissance du gouvernement pour l'Allemagne et l'Italie ont d'autant plus de risque de se révéler optimistes que ces deux pays connaissent depuis plusieurs années une croissance structurelle particulièrement faible.
Situation économique comparée de la France, de l'Allemagne et de l'Italie
Depuis 1999, la croissance du PIB de la France a été analogue à celle de la zone euro. En revanche, celle de l'Allemagne et de l'Italie lui a été inférieure, la croissance de l'Allemagne ayant été de -0,1 % en 2003, comme l'indique le graphique ci-après.
La croissance du PIB de la France, de l'Allemagne, de l'Italie et de la zone euro
(croissance annuelle, en %)
Source : Commission européenne
Ainsi, avec une base 100 en 1991, le PIB de la zone euro et de la France était de l'ordre de 125 en 2003, contre 120 pour l'Italie et 115 pour l'Allemagne.
Evolution du PIB de la France, de l'Allemagne, de l'Italie et de la zone euro
(1991 = base 100)
Source : OCDE
Cette moindre croissance obéit à des causes essentiellement structurelles : toujours avec une base 100 en 1991, le PIB potentiel, évalué par la Commission européenne, aurait été en 2003 de 125 en France et dans la zone euro, et de 120 en Allemagne et en Italie, comme l'indique le graphique ci-après.
Evolution du PIB potentiel de la France, de l'Allemagne, de l'Italie et de la zone euro
(1991 = base 100)
Source : Commission européenne
Dans le cas de l'Italie, la croissance potentielle est de l'ordre de seulement 1,5 % par an depuis le début des années 1990, contre environ 2 % pour la zone euro. De même, la croissance potentielle de l'économie allemande, de l'ordre de 2 % jusqu'en 1999, serait depuis tombée à environ 1,5 %.
Cette faible croissance potentielle de l'Allemagne et de l'Italie provient en particulier d'une démographie moins favorable que dans le reste de la zone euro, et d'un manque de flexibilité du marché du travail. En effet, les réformes du marché du travail y ont été moins marquées dans les années 1990 que dans le reste de la zone euro.