3. La persistance des faiblesses structurelles
L'évolution globalement favorable de l'économie russe n'entame pas la persistance de faiblesses structurelles.
Le niveau d'investissement est trop faible pour soutenir la compétitivité de l'industrie nationale, et il n'a été qu'irrégulièrement soutenu par les investissements étrangers, prioritairement orientés vers le secteur énergétique. Les investissements directs étrangers ont chuté après la crise financière de 1998. En 2002, le flux d'investissement étranger représentait 3 milliards de dollars, contre 4,9 milliards de dollars en 1997. Selon la CNUCED, la Russie n'accueillait en 2002 que 8,4% des investissements étrangers en Europe centrale et orientale. La BERD a estimé que sur la période 1989-2002, les investissements directs étrangers cumulés rapportés au nombre d'habitants étaient de 1.767 dollars pour l'Europe centrale et les pays baltes, de 242 dollars en moyenne pour les pays de la CEI, la Russie n'arrivant qu'au dixième rang parmi ces derniers, avec 48 dollars d'investissements étrangers par habitant.
Beaucoup d' infrastructures de base demeurent délabrées et les besoins collectifs sont considérables dans le secteur de la santé, du logement, des transports ou de l'environnement.
Enfin, si l'on constate l'émergence d'une classe moyenne, une large partie de la population vit dans des conditions précaires, la hausse globale des revenus masquant de fortes disparités. Les professions intellectuelles ou les salariés du secteur non marchand ont vu leur situation relative régresser, alors que certains « filets de protection » ont disparu avec l'Union soviétique. Plus d'un quart de la population vivrait sous le seuil de pauvreté.
L'un des principaux défis du prochain mandat consistera donc à traduire en progrès concrets les bénéfices de l'assainissement financier et de la rente pétrolière. L'orientation libérale de la politique économique ne devrait pas être remise en cause même si l'exécutif semble vouloir mettre un frein aux excès d'un capitalisme sauvage dont ont profité les oligarques, et surtout assurer un certain contrôle national sur le secteur stratégique des matières premières .
Les perspectives économiques de la Russie restent toutefois assombries par un facteur majeur : la détérioration de la situation démographique . Les résultats officiels du recensement d'octobre 2002 attribuent à la Russie 145,2 millions d'habitants et font apparaître pour la première fois un recul de la population , qui était de 147 millions d'habitants en 1989, dans les frontières de la Russie actuelle. Les projections démographiques établies par les Nations-Unies à partir des tendances démographiques récentes retiennent pour hypothèse, à l'horizon 2050, une population ramenée à 101,5 millions d'habitants, soit une diminution de pratiquement 1 million d'habitants chaque année.
Les démographes situent au milieu des années 1960 l'arrêt de l'amélioration de l' espérance de vie et la dégradation des indicateurs. L'espérance de vie, qui était en 1964 de 65,1 ans pour les hommes et 73,6 ans pour les femmes, n'a cessé de diminuer depuis, n'étant plus en 2001 que de 59 ans pour les hommes et 72,3 ans pour les femmes. Le taux de fécondité n'est actuellement que de 1,2 enfant par femme, soit 57% de celui nécessaire au renouvellement des générations. L'effet du déclin démographique est accentué par la très inégale distribution de la population sur le territoire et le sous-peuplement de très vastes régions , en particulier dans la partie asiatique du pays. Cette situation constitue bien évidemment un frein au développement des régions et à la mise en valeur de leurs ressources. La pression démographique chinoise sur l'extrême orient russe est également une source d'inquiétude.