2. Une réorientation vers les aspects industriels et commerciaux
En 1992, Paris et Moscou ont adapté leur coopération scientifique et technologique aux changements politiques et économiques intervenus en Russie. L'accord de coopération spatiale du 26 novembre 1996 met particulièrement en exergue le développement de la coopération industrielle et commerciale dans le domaine des systèmes et des services de lancement .
Cette réorientation a permis d'aborder d'autres domaines que les vols habités : la conduite d'études communes sur d'éventuelles coopérations pour la réalisation du système européen de navigation par satellites Galileo, dans le domaine de l'observation de la terre, la recherche de nouvelles coopérations sur l'utilisation des données d'observation et enfin, dans le domaine des lanceurs, la création d'une société commune chargée d'exploiter et de commercialiser le lanceur Soyouz .
Créée en 1996, Starsem est une société anonyme de droit français ayant pour raison sociale la commercialisation et l'exploitation sur le marché international des lanceurs russes de la famille Soyouz depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan. Directement issu de la fusée qui lança le premier satellite artificiel en 1957, le lanceur Soyouz occupe une position phare dans l'histoire spatiale russe. Depuis près de 35 ans, il cumule à lui seul plus de lancements que tous les autres lanceurs mondiaux réunis, avec une fiabilité inégalée dans le monde. Le capital de la société Starsem est détenu à parité par des actionnaires européens (Eads 35 %, Arianespace 15 ) et russes (Rosaviacosmos 25 %, Centre spatial de Samara 25 %).
3. Soyouz à Kourou : une étape décisive de la coopération euro-russe
La décision prise le 27 mai 2003 par le Conseil de l'Agence spatiale européenne d' ouvrir la base spatiale de Kourou en Guyane aux lancements des fusées Soyouz marque une étape historique dans la coopération spatiale euro-russe. La France y a pris un rôle majeur.
En raison de sa proximité avec l'équateur, le site de Kourou offre des conditions exceptionnelles pour les lancements en orbite géostationnaire. Depuis Kourou, Soyouz pourra lancer des satellites sensiblement plus lourds qu'à Baïkonour, ce qui accroîtra la capacité de la Russie en matière de tirs commerciaux. L'Europe bénéficiera pour sa part de nouvelles perspectives de missions habitées à partir de Kourou.
La construction d'un pas de tir, des installations, des bâtiments et des infrastructures de télécommunication appropriées représente un effort financier de plus de 340 millions d'euros . Un accord est intervenu au mois de février 2004 sur la répartition des investissements entre les différents partenaires. L'Agence spatiale européenne apportera un financement de 223 millions d'euros, la contribution française représentant 58% de ce montant. Arianespace prendra à sa charge le restant, soit 121 millions d'euros.
Le premier lancement d'un Soyouz depuis la Guyane est envisagé pour 2006.
Cet accord permet d'envisager avec la Russie un partenariat plus large dans le domaine des lanceurs spatiaux, notamment au travers de développements communs dans la perspective d'un lanceur futur.
*
* *
Grande puissance spatiale, pionnière dans les technologies de pointe, la Russie conserve ses pôles d'excellence dans le domaine spatial en dépit de ses difficultés financières.
Le partenariat franco-russe initié en 1966 et renouvelé trente ans plus tard demeure particulièrement stratégique pour notre pays compte tenu des enjeux considérables liés à l'espace. L'accord intervenu au niveau européen sur l'implantation d'un lanceur russe en Guyane est bien entendu de nature à le consolider.
La délégation de la commission des Affaires étrangères et de la défense a également perçu, du côté russe, le souhait de renforcer cette coopération non seulement dans le cadre des relations d'Etat à Etat, mais également par des échanges de régions à régions .
Lors de son déplacement à Samara , principal centre des activités aéronautiques et spatiales en Russie, elle a été saisie par les autorités locales, et notamment par le Gouverneur de la région, M. Konstantin Titov, du souhait d'établir des contacts plus étroits et d'engager des coopérations avec les régions françaises disposant des mêmes capacités industrielles et technologiques, particulièrement la région Midi - Pyrénées . C'est donc également dans ce cadre qu'il faudra savoir répondre aux attentes russes et saisir les opportunités, dans un secteur où la Russie a conservé un haut savoir-faire technologique et industriel