CONCLUSION
La courte mission effectuée à la fin du mois d'avril 2004 par la délégation de la commission des Affaires étrangères et de la défense intervenait à une période particulièrement décisive pour la Russie et l'avenir de ses relations extérieures, notamment avec le reste du continent européen.
Quelques semaines après la réélection du président Poutine, qui dispose désormais d'un pouvoir sans partage, la délégation a pu mesurer les défis considérables qui attendent ce second mandat. Les séquelles de la crise financière de 1998 ont été effacées et des progrès ont été réalisés, ces dernières années, sur la voie du développement économique et de la modernisation. La Russie demeure cependant confrontée à de lourds handicaps. Beaucoup de réformes décidées au cours du premier mandat doivent désormais être mises en oeuvre et d'autres, tout aussi fondamentales, restent à adopter. L'assise politique très large dont dispose l'exécutif peut constituer un atout pour accélérer la mutation de l'économie et de la société russe, mais l'absence de contre-pouvoirs et l'appauvrissement du débat démocratique comportent également des risques soulignés par ceux qui s'interrogent sur un éventuel retour de pratiques autoritaires.
À travers ses nombreux contacts, essentiellement consacrés aux relations extérieures de la Russie, la délégation a mieux compris les déterminants de la politique étrangère de Vladimir Poutine, empreinte d'un grand pragmatisme.
L'influence croissante de Moscou au sein de la CEI en est le résultat le plus tangible. Il n'a pas été obtenu par le renforcement des structures multilatérales mais par la promotion active d'accords de pays à pays, tout particulièrement dans le domaine énergétique, en conformité avec les préoccupations stratégiques de la Russie.
Les préoccupations économiques ont également joué dans le rapprochement avec les pays occidentaux opéré dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. La Russie entend valoriser dans ses relations internationales le point fort que constituent ses ressources énergétiques et aspire à mieux s'insérer dans les grands courants d'échanges mondiaux, comme en témoigne sa candidature à l'OMC.
Le maintien, avec des moyens limités, de ce qui peut être préservé de sa puissance passée constitue l'autre ligne directrice de la politique extérieure russe. La délégation a sur ce point constaté l'impact psychologique qu'a représenté, bien qu'elle ait été préparée depuis de nombreuses années, la mise en oeuvre effective du double élargissement de l'Union européenne et de l'OTAN, perçu comme un facteur d'isolement par la Russie. Il faut bien entendu faire la part, dans les réserves ou critiques qu'elle a entendues, entre les difficultés objectives et les arguments utilisés dans une perspective interne ou dans une logique de négociation. Le dialogue se heurte à des difficultés réelles, que ce soit pour l'Union européenne ou pour l'Alliance atlantique, mais la délégation est convaincue que cette occasion doit être saisie pour renforcer la prise de conscience, au sein des deux organisations, de l'importance et de l'intérêt, pour la stabilité et la prospérité de notre continent, d'un partenariat stratégique avec la Russie.