III. À LA RECHERCHE D'UNE MEILLEURE COHÉRENCE ENTRE SAVOIR-FAIRE ET CRÉATION

Isabelle EMMERIQUE, Professeur de laque (ENSAAMA) - Le métier de laqueur représente un certain nombre de particularités, mais qui sont communes à de nombreux métiers d'art. Enseignante aux Arts appliqués depuis cinq ans, elle mène une expérience exceptionnelle, puisqu'il a été initié aux Arts appliqués une formation unique en Europe, pour ne pas dire au monde, utilisant les laques végétales, les laques européennes et les laques de synthèse.

La laque n'est pas uniquement orientale, mais elle est à l'origine orientale, chinoise et ensuite japonaise, et elle est fortement inscrite dans le patrimoine de la France depuis 1750. Il y a une très forte tradition européenne et française de la laque. Elle s'est portée sur divers supports à diverses époques : Napoléon III, Arts Déco avec Jean DUNAN qui a été le grand maître à penser et le grand artiste référent de l'art de la laque.

A l'heure actuelle, la situation des laqueurs est un peu complexe. C'est un métier qui n'a pas de chambre syndicale, qui n'a pas de syndicat ni aucun représentant, mais une seule association qui regroupe des créateurs.

Depuis cinq ans, Isabelle EMMERIQUE a l'envie, la passion de former des jeunes pour rejoindre aussi bien les métiers du patrimoine, c'est-à-dire la restauration, que les métiers de la création, ce qui est très complexe. En effet, enseignante dans un DMA post-Bac, elle doit sensibiliser les étudiants à un métier qui demande un certain nombre de connaissances :

patrimoine (histoire de l'art),

culture asiatique ; on ne peut pas s'en défaire, il faut nécessairement s'y référer, le métier de laqueur venant de là,

création, c'est-à-dire le savoir penser, le savoir-faire dans l'optique d'être les créateurs des objets de demain, de l'esthétique de demain dans le métier de laqueur.

Son programme est effectué en deux ans, à raison de 16 heures d'atelier par semaine. Elle est appuyée en ce sens par un certain nombre de professeurs qui enseignent les acquis fondamentaux à l'école. Certains étudiants sont mineurs quand ils arrivent à l'école, au mieux ils ont 19 ans et quand ils sortent, ils ont 21 ans. Donc, c'est très compliqué.

A 21 ans, il faut donc savoir travailler sur la surface comme sur le volume, sur l'ancien comme sur le moderne, il faut se mettre en perspective, il faut acquérir un métier et il faut travailler. C'est vaste et ambitieux.

Depuis cinq années, Isabelle EMMERIQUE s'interroge sur un certain nombre de points qu'elle va exposer et pour lesquels elle a quelques réponses, mais également quelques doutes.

L'ENSAAMA a un vivier de recrutement post-bac. Le recrutement est très hétérogène, ce qui fait la richesse des DMA, mais c'est difficile à gérer. Les élèves viennent en majorité de STI (Baccalauréat STI) et les jeunes sont formés de façon extrêmement diverse dans toute la France. Pour ceux qui viennent des filières généralistes, ce sont des étudiants qui ont fait une mise à niveau, ils ont quelques acquis fondamentaux solides, plus solides que lorsqu'ils viennent d'un Bac, ce qui est logique puisqu'ils ont une année de plus. Ils sont formés en deux ans, alors qu'ils n'ont pas forcément les mêmes acquis, ensuite ils vont sur le marché du travail.

Depuis cette année, le stage en entreprise est obligatoire. Dans un métier qui représente à peu près 50 entreprises sur tout le territoire, ce n'est pas simple. Jusqu'à présent, les élèves qui sont tout aussi passionnés qu' Isabelle EMMERIQUE, faisaient leur stage sur leur temps de vacances. Ils partent en province et à l'étranger. C'est donc quelque chose qui se met en place ; l'expérience professionnelle permet de commettre moins d'erreur, et l'insertion professionnelle d'une semaine à deux mois leur permet de bien prendre la mesure de ce qu'est un métier, parce que métier d'art, c'est aussi un métier, c'est aussi travailler, arriver à l'heure, c'est pointer parfois. C'est ça un métier, aussi, et c'est créer. On en fait des artistes, mais aussi des artisans.

?Que demande-t-on aux établissements qui enseignent ces métiers d'art et comment doivent-ils le faire ?

Cette formation est très gourmande en temps puisqu'il faut tout apprendre, et deux ans, c'est trop court.

?Faut-il ajouter une année à cette formation en DMA, Bac +2 menant à Bac +3, pour créer une licence, un niveau licence ou autres ? Comment mettre en place cette année d'excellence où un projet personnel pourrait être développé, où un projet pourrait être suivi par des professionnels comme par des enseignants, et qui permettrait à l'étudiant de se conforter dans son choix, de prendre de l'assurance et de rentrer dans le milieu professionnel ?

La dernière question, et Isabelle EMMERIQUE partage cet avis avec les entrepreneurs. Elle est elle-même un entrepreneur, elle a son entreprise où elle travaille, c'est la spécificité des professeurs à l'ENSAAMA qui sont en même temps enseignants et professionnels :

?Quel est l'entrepreneur qui, à l'heure actuelle, embauche à 21 ans ?

Isabelle EMMERIQUE a des difficultés à répondre à ses étudiants et, sans qu'elle puisse les en dissuader, ils sont de plus en plus tentés de poursuivre leurs études. Et dans ce cas, il n'y a actuellement aucune possibilité, en ce qui concerne la laque, en dehors du DMA.

C'est néanmoins une expérience passionnante qu'elle mène avec douze autres collègues. L'ENSAAMA, comme beaucoup d'écoles d'arts appliqués, est une école formidable, mais elle n'a aucune réponse stricte. Elle avance parce qu'elle est là dans l'humain, et l'humain, c'est le propre des métiers d'art. A chacun son histoire, mais il est difficile de fédérer l'histoire...

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Gérard DESQUAND, professeur de gravure (école Estienne) - Issu d'une lignée de graveur, il est quelqu'un de très attaché au savoir-faire, au geste juste, à la tradition, mais dans ce qu'elle a de plus intéressant et qui est avant tout d'innover. Depuis que l'homme fait des choses, il innove, et c'est là que l'on peut parler de tradition.

A la fin des années quatre-vingt, il est appelé à enseigner à l'école Estienne pour transmettre son métier de graveur. Une question s'est vite posée : fallait-il qu'il enseigne de la façon dont il avait reçu l'enseignement et comme certainement ses maîtres avaient eux-mêmes reçu cet enseignement, ou fallait-il qu'il enseigne autrement à l'approche d'un nouveau millénaire ?

Pour répondre cette question, une analyse économique sur le secteur de la gravure a été nécessaire. Deux éléments importants avaient modifié la donne de ce métier :

- Les innovations technologiques . Depuis quelques années, apparaissait le micro-ordinateur avec des logiciels de dessin, de typographie, des logiciels 3D qui faisaient que là où il fallait dix graveurs, un seul devenait nécessaire. Même si par la suite, on s'est aperçu que cette évolution technologique, bien comprise et bien utilisée, permettait de recréer des emplois quand cet outil tombait dans les mains d'un créateur ;

- La délocalisation . Dans le domaine de la bijouterie joaillerie, sur le volume total actuel de bijoux vendus en France, seuls 3 % sont réalisés en France. Il y a une vingtaine d'années, ces chiffres étaient certainement à l'inverse.

a) Le profil de l'étudiant

On sentait bien que l'ouvrier des métiers d'art avait plus de difficultés à trouver de l'emploi et le profil de l'étudiant à former commençait à se dessiner. C'est un peu le profil qu'a donné tout à l'heure Françoise COEUR, c'est-à-dire un étudiant capable de maintenir cette identité française qui est faite de savoir-faire et en même temps cette touche d'innovation et de création qui fait que le monde entier vient chercher les produits français. Et ce qui est dommage dans cette délocalisation, c'est que ce sont souvent des créateurs et de très bons artisans qui sont allés porter le savoir-faire à l'étranger.

Ce profil d'étudiant qui permettrait aux métiers d'art d'assurer la pérennité, aussi bien dans son pays qu'à l'étranger, et surtout trouver une voie qui rompt un petit peu avec le schéma que l'on voit depuis la seconde moitié du XX e siècle, c'est-à-dire ce schéma où l'on trouve le penseur et le faiseur (l'intellectuel et le manuel) que l'on a trop souvent séparés et opposés.

Le profil de l'étudiant était complètement défini, c'est un jeune à la fois capable de faire, de maintenir ce savoir-faire et, en même temps, d'être ouvert au monde qui l'entoure, capable d'innover, de sentir les choses et d'être constamment sur la brèche entre « je fais, je pense, je créé ». Qui mieux qu'un ébéniste peut faire évoluer le monde du meuble, qui mieux qu'un bijoutier peut faire évoluer le bijou, à la condition qu'il ait reçu la formation nécessaire à la création.

b) La pédagogie

Une pédagogie a été mise en place avec un fondamental qui est que toutes les démarches techniques et les démarches artistiques soient intimement liées, avec une recherche constante d'équilibre en savoir et savoir-faire. C'est quelque chose d'essentiel.

c) Le travail en équipe

Il faut absolument que ce soit toute une équipe qui ait un même objectif, et notamment l'épanouissement de l'élève. Dans cette équipe, que l'on retrouve les professeurs d'ateliers, un professeur d'expression plastique, les professeurs de lettres, les professeurs d'histoire de l'art, et que tous soient regroupés soit autour d'un projet d'élèves, soit d'un objectif plus global.

d) Le temps

Le problème du temps a été évoqué dans les poursuites d'études. C'est vrai que le temps peut être aussi un luxe, mais il est nécessaire pour aujourd'hui redynamiser tous ces métiers.

Sur ce sujet, Gérard DESQUAND illustre son propos par un exemple précis, celui de Didier MUTEL (présent dans l'assistance) qui était un étudiant avec un parcours « exemplaire » - Si tous les étudiants de métiers d'art pouvaient passer par là, les professionnels auraient moins de souci à se faire pour leur commerce extérieur.

Didier a fait des études de gravure à l'école Estienne qui l'ont conduit à un DMA (Bac +2). Ensuite, il a pu continuer ses études aux Arts décoratifs (Bac +4) où il a fait de l'infographie (discipline complémentaire à la sienne). Il a passé deux années à l'ANCT 2 ( * ) , ce qui l'emmenait vers un Bac +6. Il a ensuite passé deux années dans le dispositif des maîtres d'art, dont parlera Irène FARNAULT, avec le maître d'art Pierre LALLIER en impression taille douce. Enfin, il a été lauréat de la Villa Médicis où il a passé deux années pour donner libre cours à sa créativité.

e) Les souhaits

?Faciliter les passerelles entre l'Education nationale, le ministère de la Culture et les universités. Il faut absolument que ce ne soit pas un « parcours du combattant ». C'est vrai qu'il est difficile, avec un DMA, de rentrer en 3 e année aux Arts décos.

Cela ne coûte pas très cher en heures, ce sont surtout des rencontres entre les représentants des différents ministères, de façon à faciliter. Quand on ne peut pas trouver une formation supérieure dans son domaine sur un secteur Education nationale, que l'on puisse au moins la trouver au ministère de la Culture. Dans le parcours de Didier MUTEL, par exemple, deux années en post-bac ont été sanctionnées par l'Education nationale et pratiquement huit étaient sur des structures ministère de la Culture.

? Avoir un prolongement aux DMA , que l'on puisse passer sur des Bac +4 de façon à accompagner les étudiants deux années supplémentaires. Pour les professeurs, il est très frustrant de les voir partir au bout de deux ans, d'autant que le côté élitiste de la sélection fait que ces étudiants ont un potentiel assez important pour poursuivre des études, 80 % continuent les études et seulement 20 % vont, à l'issue du DMA, intégrer l'entreprise.

?Permettre aux jeunes issus des lycées professionnels qui sont passés par les CAP et les BMA, d'accéder aux diplômes supérieurs . Avoir une filière qui aille du CAP au Bac +2 ou au Bac +4 sera plus facile de l'obtenir en rénovant les contenus de ces CAP.

En ce qui concerne le CAP en 3 ans, s'il n'y a pas de diplôme supérieur en aval, pourquoi pas ? Mais il faut que le contenu de cette troisième année soit complètement culturel, mais axé sur le dessin, l'histoire de l'art, l'histoire de leur métier, c'est la seule condition qui leur permettra en effet de rejoindre la filière sur des niveaux III, voire davantage.

Pour Mireille GRIMAULT, c'est un sentiment partagé par beaucoup, fort bien dit et fort clair.

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Patrice VOELKEL, Président du collectif des céramistes - souligne en préambule que son expérience est purement professionnelle, il n'enseigne pas. En 1986, il a créé la première association régionale de Poitiers qui s'est étendue à d'autres régions, et en 1999, le collectif national des céramistes s'est penché sur un certain nombre de points, donc celui de la formation.

Son intervention portera sur un travail qui a été réalisé avec un certain nombre d'organismes, dont la Fédération des métiers d'art, avec des directeurs et des professeurs d'école au niveau de l'enseignement de la céramique, avec également d'autres associations qui ont travaillé sur des enquêtes auprès des céramistes et auprès des élèves. Au niveau de la formation, ses propos seront dans la continuité de ce qui vient d'être exprimé.

LES ORIGINES DE LA CÉRAMIQUE

Il y a 8 000 ans, l'humanité découvrait la terre cuite qui a immédiatement servi à faire soit des objets, soit des oeuvres sacrées. A l'origine, on trouvait déjà cette dualité, c'est-à-dire l'utilitaire (art décoratif ou art appliqué) et la partie sacrée qui allait plutôt vers des pièces uniques (l'art). Ce problème perdure dans la mesure où, aujourd'hui, les céramistes sont toujours « tirés » entre le ministère de la Culture et le ministère de l'Artisanat. Certaines formations vont aussi dans ces deux secteurs.

Ce qui a été dit sur la qualité et le savoir-faire vient aussi de là. Ce ne sont pas simplement des métiers de production, mais ce sont des métiers avec un savoir-faire, avec une main, avec de l'esprit, de la poésie, et c'est important. Patrice VOELKEL pense que même s'il est effectivement essentiel de gagner de l'argent, la part qui est faite par l'homme dans les métiers d'art est au moins aussi importante, voire plus importante.

Au début du XX e siècle, il y avait un grand nombre de petites manufactures qui étaient essentiellement basées dans des centres que tout le monde connaît : Vallauris, Castelnaudary, Aubagne et d'autres dans le nord de la France. Ces petits ateliers avaient un savoir-faire très important qu'ils n'ont pas su développer et ils n'ont pas su non plus innover.

Castelnaudary avait une école qui formait des tourneurs et des décorateurs. De très grands céramistes sont sortis de cette école, mais aujourd'hui, il n'y a plus rien, sauf peut-être une usine qui fabrique des pots pour cuisiner les cassoulets, à moins qu'ils ne viennent d'Espagne.

UN SAVOIR-FAIRE QUI DOIT ÊTRE PRÉSERVÉ

Le savoir-faire est important, mais il doit y avoir une volonté politique de préserver ce savoir-faire. Il ne faut pas attendre qu'un métier disparaisse pour décider de s'occuper de lui.

Aujourd'hui, le métier de la céramique fait parler de lui. Le collectif regroupe 600 ateliers répartis dans toute la France qui organisent un certain nombre de marchés de potiers, d'expositions, de rencontres internationales. Le collectif a des échanges avec un grand nombre de pays étrangers.

La céramique est un métier riche qu'il faut développer et améliorer. L'améliorer passe sans doute par un allongement des temps de formation, c'est aussi mettre les élèves au centre de leur formation et non pas prendre les élèves, même au niveau des CAP, simplement pour leur apprendre à produire ou à reproduire. L'artistique, le culturel doit être très important si l'on veut développer et préserver ces métiers.

UN MANQUE D'INTÉRÊT ÉVIDENT

Comme certainement dans d'autres secteurs, l'âge moyen des céramistes en France est à l'heure actuelle de 50 ans, ce qui veut dire que 4 % des céramistes ont moins de 35 ans. On pourrait penser que cela intéresse peu de personnes, mais au contraire, les gens intéressés par la céramique y viennent aujourd'hui, soit après avoir fait d'autres études ou d'autres métiers. C'est un métier dans lequel on arrive tardivement.

Deux années pour un CAP, c'est effectivement un délai trop court. Le collectif a de nombreux contacts avec les jeunes qui, dans le cadre des BMA, viennent en stage chez les professionnels. Ceux-ci constatent qu'au bout de deux années, les jeunes ont un certificat d'aptitude professionnelle, c'est-à-dire qu'ils ont des notions de céramique, mais il n'est pas question d'ouvrir son atelier ; ils ne peuvent plus trouver d'emploi, les grandes entreprises étant fermées, quant à celles qui restent emploient à bas prix, ce qui est peu motivant pour les jeunes. La profession n'arrive pas à attirer les jeunes garçons vers le métier et à leur faire valoir que c'est important.

Par ailleurs, la profession est également en train de se féminiser, ce qui n'est pas un problème en soi, mais quand les classes de céramique réunissent 90 %, voire 100 % de jeunes filles, cela pose le problème du devenir de la céramique en ce sens que c'est une autre image qui peut être donnée de la céramique.

Il y a 20 ans, aussi bien à l'Education nationale que dans les formations dispensées par le biais du ministère de la Culture, les écoles des Beaux-arts, les professeurs étaient souvent des professionnels et des créateurs, ce qui attirait davantage d'élèves qui étaient assurés qu'on allait leur transmettre quelque chose. Malheureusement, pour ce qui concerne la céramique, presque toutes les écoles des Beaux-arts sont fermées aujourd'hui, les professeurs partis à la retraite ou décédés n'ayant pas été remplacés.

Il est important d'avoir une conception « du CAP à l'école supérieure ». Il faut que l'école supérieure traîne, innove, amène les jeunes à rentrer dans cette profession de céramiste.

LES SOUHAITS

? Un CAP sur trois ans ou tout au moins « un plus » qui va attirer les jeunes dans les professions de la céramique.

?Prévoir une année supplémentaire pour les BMA , peut-être en relation avec les professionnels, c'est-à-dire qu'il y ait un cursus qui permette d'améliorer les pratiques et d'aller au-delà du BMA, donc d'ouvrir des perspectives.

Les professionnels sont de plus en plus sollicités pour prendre les jeunes dans les ateliers. Au niveau de la céramique, les professionnels n'ont ni les ateliers ni le temps disponible pour cela. Ils sont prêts à faire des efforts, mais il faut aussi qu'un effort soit fait de l'autre côté.

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Mireille GRIMAULT s'adresse à Pierre BAQUÉ en lui rappelant qu'il était question d'un label pour les CAP métiers d'art, il était question d'une durée étudiée en fonction de la spécificité de ces métiers et il était question, sinon d'un contenu renforcé, tout du moins soutenu en histoire de l'art et en arts appliqués. Qu'en est-il actuellement ?

Pierre BAQUÉ indique que ces questions ont été posées par la SEMA qui a été reçue par le ministère en « formation serrée », trois conseillers en même temps et à plusieurs reprises. C'est la réalité de l'intérêt que le ministère porte aux métiers d'art, aux CAP et aux questions qui ont été posées. Ces questions ont été entendues et accueillies avec sympathie d'autant qu'elles paraissaient raisonnables. Ensuite, les conseillers techniques ont chargé les services d'évaluer les possibilités et de répondre à des questions comme, « combien ça coûte » ? et à d'autres plus pédagogiques du type : « qui va enseigner ? » et s'il y a une augmentation de la durée de préparation au CAP de deux à trois ans, « avec quels contenus nouveaux ? ».

Premièrement, la réponse est que les CAP en trois ans vont coûter extrêmement cher, sauf peut-être à considérer que seul un tout petit nombre de CAP mérite d'être pris en considération. Bien entendu, sont étudiées en même temps les questions annexes : « Qui va enseigner ? Quoi enseigner ? Comment passer d'une première année à une deuxième, à une troisième ? Sur quoi faut-il insister ? » Tout cela doit faire l'objet d'une analyse approfondie.

Aujourd'hui, la réponse n'est pas négative, mais elle n'est pas non plus optimiste, et peut être trompeuse. Cela prendra du temps, de toute façon.

Deuxièmement, la qualification en « métiers d'art » dans l'appellation d'un certain nombre de CAP suscite une attitude tout à fait positive de la part du Cabinet. La réponse est plutôt favorable, dans le principe.

Deuxièmement, la qualification en métiers d'art dans l'appellation d'un certain nombre de CAP. L'attitude est également tout à fait positive de la part du Cabinet et la réponse, pour l'instant, est une réponse positive. Il s'agit de voir ce que cela pose comme questions, mais il semblerait que ce soit bien plus facile à mettre en oeuvre que la question précédente. De ce côté-là, le ministère a avancé et espère bien continuer.

Pierre BAQUÉ a constaté que les orateurs précédents ont parlé de la continuité, des passerelles et d'un certain nombre d'éléments. Là aussi, on est dans l'ordre du « serpent de mer ». Les passerelles avec le ministère de la Culture existent, c'est vrai, mais il faut savoir qu'elles sont laissées à l'initiative de « l'accueillant » et non du demandeur. Dans l'autre sens, de la Culture à l'Education nationale, c'est la même chose. L'accueillant a tendance à estimer que ce qu'il fait est mieux que ce que fait par ailleurs le demandeur. Un petit sentiment de supériorité fausse un peu la règle du jeu. C'est humain, et comme cela a été dit tout à l'heure, dans les métiers d'art, il y a une forte dimension d'humain.

En tout cas, l'Education nationale cherche des solutions.

?Exemple : Ont été présentés au ministère, en janvier dernier, les projets de cartes de voeux réalisées par deux établissements (Maximilien Vox et Corvisart). L'un des projets a été retenu. Il y avait une trentaine de cartes et il est apparu que tout était d'une créativité remarquable et d'une compétence réelle. En revanche, pour ces élèves-là de niveau BEP, il n'y avait pas de suite possible d'études sauf à titre dérogatoire. Dorénavant, il y aura une suite. Le ministère a inscrit à l'université une possibilité supplémentaire au niveau du DEUG avec la mention « arts appliqués ».

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* 2 Atelier National de Création Typographie

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