EXAMEN EN COMMISSION
La commission a examiné le présent rapport lors de sa réunion du mercredi 9 juillet 2003.
A l'issue de l'exposé de M. Robert Del Picchia, rapporteur, un débat s'est engagé avec les commissaires.
Mme Maryse Bergé-Lavigne a relevé l'appréciation positive dont la France était l'objet en Egypte dans le contexte régional de la guerre en Irak et du conflit israélo-palestinien. Elle a également souligné la vigueur de l'héritage francophone dans de nombreux secteurs de la société égyptienne. Elle avait retiré, des entretiens avec les responsables égyptiens rencontrés, une inquiétude quant à l'influence américaine dans la région et s'est dit par ailleurs frappée par un certain courant en Egypte tendant à ériger l'islam en « religion des pauvres contre les riches ». Elle a enfin souligné le besoin d'Europe exprimé par les Egyptiens et leur inquiétude d'un détournement de celle-ci de la région sud de la Méditerranée à la faveur de son prochain élargissement à l'est.
M. Xavier de Villepin a considéré, pour sa part, que l'influence de l'Egypte sur le dossier israélo-palestinien était plus forte qu'on pouvait le croire. Il a exprimé des doutes sur le constat d'un déclin relatif du rôle régional de l'Egypte au profit de la Jordanie ou de l'Arabie Saoudite, celle-ci étant désormais, a-t-il estimé, dans une position inconfortable du fait de la diffusion du wahhabisme dans l'ensemble musulman.
Après avoir fait état de son scepticisme quant à la réussite finale du processus de la feuille de route, M. Xavier de Villepin a souligné la gravité de la détérioration économique en Egypte et s'est interrogé sur la réalité de l'influence des Frères musulmans, sur leurs objectifs et, d'une manière générale, sur le renouveau d'un islamisme politique que certains experts donnaient comme moribond.
Après que M. André Dulait, président, eut relevé les difficultés rencontrées à cet égard, au sein même des institutions représentatives de l'islam en France, M. Hubert Durand-Chastel a relevé la pertinence des analyses formulées par le ministre des affaires étrangères français -dans une intervention prononcée le 14 juin au Sénat- sur les enjeux de l'islam d'aujourd'hui et de ses rapports avec l'Occident.
M. Guy Penne, de retour également d'un récent séjour en Egypte, a souligné le rôle particulier, économique et culturel, de la ville d'Alexandrie. Abordant le projet de restructuration -dans un souci d'économies- de certains services du consulat général de France à Alexandrie et l'aliénation patrimoniale qui lui était liée, il a douté de l'intérêt financier qui en résulterait, compte tenu du droit de préemption que pourraient exercer les autorités égyptiennes sur le bâtiment en cause. Plus généralement, M. Guy Penne s'est interrogé sur l'existence d'un plan général au ministère des affaires étrangères, sur la restructuration ou la suppression de consulats, sur quels critères et à quelle échéance ?
M. Guy Penne a ensuite souligné que les autorités égyptiennes qu'il avait rencontrées avaient témoigné d'une certaine incompréhension, et d'un doute quant à la pertinence du NEPAD (nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), et s'est lui-même interrogé sur les chances de cet exercice d'aboutir à des réalisations concrètes.
M. André Dulait, président, s'est à son tour inquiété de l'absence de visibilité de l'avenir de notre carte consulaire, souhaitant une programmation en ce domaine dont le Parlement serait informé. Il a par ailleurs suggéré que la commission organise, lors de la rentrée parlementaire, des auditions sur l'islamisme politique ainsi que sur les enjeux du NEPAD.
M. Xavier de Villepin revenant sur la situation prévisible, très difficile, du budget du ministère des affaires étrangères, a souhaité que la commission puisse recueillir des informations précises sur les conséquences de ce phénomène sur notre appareil diplomatique.
M. Guy Penne s'est déclaré d'accord avec M. Xavier de Villepin sur la nécessité, pour la commission, de rencontrer non seulement les responsables budgétaires compétents, mais également ceux qui sont en charge de l'analyse prospective, à moyen et long terme, de notre réseau diplomatique, afin que les parlementaires soient informés de l'ensemble des enjeux.
Puis la commission a autorisé la publication de la communication sous forme d'un rapport d'information.