2. L'utilisation de la rente du monopole
Mettant à profit l'étalement dans le temps de l'ouverture à la concurrence pour se moderniser, la Deutsche Post a pu mener sa mutation grâce aux recettes liées à l'exercice du monopole : le prix du timbre est resté plus de 20 % plus cher qu'en France
L'analyse des tarifs de la Deutsche Post et de ceux de la concurrence privée (deux concurrents facturent la livraison en moins de vingt-quatre heures de lettres d'un poids inférieur à cinquante grammes respectivement 39 centimes -PIN à Berlin- et 41 centimes -WPS à Dortmund) ont montré à l'autorité de régulation, la RegTP, qu'il existait une marge pour baisser le prix du timbre, qui était de 0,56 euro, inchangé depuis 1997, année où il avait sensiblement augmenté pour faciliter la mutation de l'entreprise. Le prix du timbre vient d'être baissé d'un centime d'euro, le 1 er janvier 2003. Ainsi pendant six années, il était supérieur de dix centimes d'euro au prix du timbre français. Cette situation a permis à la Deutsche Post de réaliser des profits dans le secteur du courrier et de financer ainsi son ambitieux programme d'acquisitions. Cette stratégie s'apparente à une utilisation de la rente du monopole . Elle a accéléré la mutation de la Deutsche Post.
3. Le réseau et les personnels
En Allemagne, le principe de proximité imposé par l'obligation de service universel, en vertu duquel chaque ménage doit se trouver à moins de deux kilomètres d'un bureau de poste ou être desservi par une tournée de distribution, est respecté grâce à l'existence de 12.800 points de contact postaux, dont 7.600 agences et seulement 5.200 bureaux en propre, pour une population de 82 millions d'habitants. Les « agences » sont des points de vente situés dans des supermarchés, agences de voyage ou vendeurs de produits du loto. Les contrats actuels des gérants sont en cours de révision afin de procéder à leur rémunération selon leur performance et non plus au forfait selon l'association des entrepreneurs agents de la poste, les nouveaux contrats devraient conduire à une baisse de revenus comprise entre 25 et 35 %.
Le groupe DPWN comptait 321.369 employés au 31 décembre 2001, contre 324.203 au 31 décembre 2000, soit une baisse de 0,9 %. Ce chiffre global masque cependant une diminution plus rapide des emplois dans le secteur des lettres (-2,5 %), alors que l'acquisition de sociétés compense les réductions d'effectifs dans le secteur exprès et logistique. Il restait 77.688 fonctionnaires en activité dans l'entreprise au 31 décembre 2001.