LE RETARD FRANÇAIS ET EUROPÉEN DANS LA COMPÉTITION MONDIALE
LE VOLONTARISME D'ÉTAT DES CONCURRENTS
Les pays qui tiennent les discours les plus libéraux sont ceux qui mènent les politiques publiques les plus volontaristes dans les secteurs stratégiques de la microélectronique et des nanotechnologies.
Depuis trois ou quatre ans, les soutiens américain et japonais à ces secteurs ont évolué :
- ils s'inscrivent dans des stratégies lisibles à terme qui privilégient certains domaines,
- ils sont devenus beaucoup plus massifs ,
- ils s'efforcent de renforcer les liens entre le développement technologique et l'aval industriel de la filière .
Les Etats-Unis
Les politiques fédérales
Le département de la défense a un budget de recherche de 56 milliards de $ pour 2003, dont 2,7 milliards pour la DARPA, qui développe des recherches duales (à applications civiles directes) et consacre 1,3 milliard de $ aux secteurs de la microélectronique avancée et aux nanotechnologies.
La fondation nationale pour la science (5 milliards de $ de budget annuel) dédie 220 millions de $ par an aux interfaces recherche fondamentale-développement technologique de base du secteur.
On mentionnera également, de façon non limitative, d' autres programmes transversaux à plusieurs départements ministériels et à plusieurs agences :
- l'« initiative nanotechnologique », dont le budget total est de 700 millions de $ pour 2003,
- et le SBIR (soutien à la recherche dans les PME), qui mobilise 300 millions de $ pour les applications microélectroniques.
Outre ces soutiens directs, les entreprises américaines bénéficient d'un crédit d'impôt-recherche fédéral dont l'assiette est très large puisqu'elle porte sur 20 % des dépenses exposées au cours de l'exercice fiscal considéré.
Les États
Les grands États soutiennent massivement les filières de haute technologie. Par exemple :
- la Californie a créé un centre dédié aux nanotechnologies, doté de 300 millions de $ sur quatre ans et ayant vocation à lever des fonds privés de l'ordre de 600 millions de dollars sur cette période ;
- l'État de New York a constitué à Albany un centre de recherche et de formation en nanotechnologies dont le budget d'équipement est estimé à 1,5 milliard de $ (dont la moitié de fonds publics).
Le Japon
En 1988, les entreprises japonaises détenaient plus de la moitié du marché des composants, aujourd'hui à peine un quart.
Le Japon a mis en oeuvre depuis 2001 une politique visant à redresser cette situation :
- création d'un « Conseil pour la politique scientifique et technologique » auprès du Premier ministre qui fixe les priorités dans le terme et arbitre entre les différents ministères ,
- allocation de fonds très importants : 240 milliards d'euros sur cinq ans (dont 1,3 milliard d'euros par an pour la microélectronique et les nanotechnologies),
- renforcement des agences de moyens (comme le NEDO, installé auprès du ministère de l'économie), dans le but de compenser une des faiblesses du Japon, la relative coupure entre l'université et l'industrie .
Taïwan
Les pages 96 à 99 du rapport expliquent avec quels moyens massifs Taïwan a créé une industrie microélectronique de niveau mondial en partant de rien (constitution de parcs technologiques où les implantations sont gratuites, exemption quasi-permanente d'impôt sur les sociétés, crédit d'impôt-recherche surdimensionné).