B. LES TROIS TRANCHES D'OUVERTURE MINORITAIRE DU CAPITAL DE FRANCE TÉLÉCOM
1. Une dilution par paliers ramenant l'Etat à 55 % du capital
a) Octobre 1997
Le premier pas
Conformément à la procédure décrite ci-dessus, par décret n° 97-13 du 13 janvier 1997 , le Gouvernement a autorisé le transfert au secteur privé d'une participation minoritaire de l'État au capital de l'entreprise nationale France Télécom. Les modalités de cette cession ont été définies dans un arrêté du 6 octobre 1997.
Cette première opération d'ouverture du capital, réalisée en octobre 1997, fut libellée en trois tranches, sous la forme d'une offre publique de vente, d'une offre publique réservée aux salariés de l'entreprise et d'un placement institutionnel. Elle a porté sur 23,2 % du capital de l'entreprise. Près de 4 millions (3,9 millions) de personnes ont souscrit des actions de France Télécom, soit le nombre le plus important jamais enregistré à l'occasion d'une introduction en bourse ou d'une privatisation.
Quant aux salariés et anciens salariés de France Télécom, bénéficiant d'un volant de 25 millions d'actions sur le total de 150 millions d'actions cédées, (soit 16 % du total), à des conditions avantageuses (soit un prix de 145,6 francs, contre 182 francs pour le public -20% de moins-, des délais de paiement et actions gratuites), plus des deux tiers ont souscrit à cette offre, pour un montant moyen de 20.000 francs, soit 137 actions. L'offre aux salariés a ainsi été souscrite à hauteur d'une fois et demi.
L'offre aux institutionnels français et étrangers a également été très largement souscrite : le placement, avec une demande de 400 milliards de francs, a été souscrit près de 20 fois.
Le montant des recettes brutes de cette première tranche de privatisation s'est élevé, pour l'État, à 42,6 milliards de francs (6,5 milliards d'euros).
A l'issue de cette opération, la composition du capital de France Télécom était la suivante :
- État : 76,8 %
- Public : 10,55 %
- Institutionnels : 10,35 %
- Salariés : 2,3 %
D'aucuns soutiennent même que sans cette opération extrêmement profitable aux finances publiques, la France eût très difficilement pu satisfaire aux critères du Traité de Maastricht relatif à l'endettement public. Étrange paradoxe de l'histoire que cette loi vouée aux gémonies, dont l'application fût une panacée pour le Gouvernement issu des rangs de ses opposants !
Ses enseignements
Situation gênante pour ceux qui ont tourné casaque ou confirmation de la force des logiques républicaines ? On peut en discuter à l'infini. Il est vrai que l'exercice des responsabilités amène à mieux percevoir l'intérêt national.
Quoiqu'il en soit, si la transformation n'avait pas eu lieu, il est plus que probable qu'aujourd'hui France Télécom ne serait plus qu'un nain mondial dans son secteur d'intervention. Les bons arbitrages ont été faits à temps et c'est heureux... Ensuite une fois le premier pas effectué, d'autres ont suivi et chacun d'entre eux a été profitable à l'entreprise, à l'Etat et, à travers eux, à la collectivité nationale.