6. Les impacts des changements climatiques sur les espaces côtiers spécifiques
Au-delà des plages, sont également menacés les espaces deltaïques, les littoraux à lagunes, les marais maritimes, les mangroves et les récifs coralliens.
Votre Rapporteur évoquera brièvement à partir de l'exemple de la France, les menaces pesant sur chacune de ces catégories de site [ MIES].
a) Les espaces deltaïques
La Camargue , aménagée dans les années 1930, est d'autant plus vulnérable que sa tendance à s'affaisser sous le poids des sédiments qui la constituent n'est plus compensée par les apports alluviaux du Rhône du fait de l'aménagement de celui-ci.
Météo-France travaille sur un modèle relatif au Rhône qui mesure notamment l'impact des barrages.
Les marais salants de Salin-de-Giraud et d'Aigues-Mortes risquent d'être endommagés.
Toutefois, aucun modèle ne peut dire si la Camargue serait submergée en cas de montée du niveau des eaux.
b) Les littoraux à lagunes
Sous l'effet de l'élévation du niveau de la mer, les cordons littoraux qui isolent les lagunes peuvent rouler sur eux-mêmes en direction de la terre, s'amincir et se fractionner.
C'est le cas sur la côte du Languedoc où les étangs deviennent de plus en plus salés, ce qui modifie leur flore et leur faune, perturbe les activités agricoles voisines mais peut favoriser le développement de l'aquaculture.
c) Les marais maritimes
Ces étendues vaseuses sont alternativement couvertes et découvertes par les marées.
Les côtes de la Manche et de l'Atlantique comprennent de tels marais dont beaucoup ont été endigués et transformés en polders .
Selon le niveau d'élévation de la mer, ces marais connaîtront la disparition par submersion, leur maintien après déplacement vers l'intérieur des terres, voire leur extension s'ils bénéficient d'une forte sédimentation verticale et latérale.
Or, en France, vu l'abondance de la vase qui arrive jusqu'à la mer - échappant, contrairement au sable et aux galets, aux aménagements des fleuves - il est probable que le marais Charentais, le marais Poitevin, la baie de Somme et la baie du Mont Saint-Michel s'étendraient aux dépens de la mer .
d) Les mangroves
Les mangroves, constituées de forêts de palétuviers, prospèrent dans les vasières littorales chaudes situées sous les tropiques ; elles sont tantôt inondées, tantôt exondées.
Elles sont situées en particulier, en Guyane (55.000 ha), en Nouvelle - Calédonie (20.000 ha), en Guadeloupe (9.000 ha) et à la Martinique (700 ha).
Comme pour les marais maritimes, l'élévation du niveau de la mer peut provoquer trois types différents d'évolution. De même qu'en France métropolitaine, les DOM-TOM devraient connaître une extension des mangroves , en particulier en Guyane, largement pourvue par la vase de l'Amazone amenée par un courant longeant la côte guyanaise, ou encore à Mayotte. Dans les Antilles , les mangroves sont menacées de déforestation et non de submersion.
e) Les récifs coralliens
En principe, la croissance verticale des coraux (plusieurs millimètres par an) devrait accompagner l'élévation du niveau de la mer et protéger, comme par le passé, les atolls qu'ils entourent.
Mais cela suppose une vie corallienne active, ce qui n'est pas forcément le cas du fait de la pollution des eaux par des effluents urbains (Tahiti) , par des extractions massives de matériaux ou de minerais (Tahiti, Nouvelle-Calédonie) ou du fait de l'augmentation de la température des eaux.
Il suffit d'un à trois degrés supplémentaires pour dépasser la limite thermique supérieure supportée par les coraux (vers 29° à 30°).
Depuis une dizaine d'années, les coraux blanchissent en masse, ce qui témoigne de leur mort. Selon certaines estimations, environ 80 % des atolls seraient morts , même en Méditerranée, par suite des fluctuations du climat, ce qui constituerait un désastre écologique .
L'autre effet de l'augmentation de température est de multiplier les cyclones qui engendrent de très hautes vagues balayant les accumulations sableuses (les motu ) portées par la couronne corallienne.
Des tempêtes plus fréquentes ne laisseraient pas aux motu le temps de se reconstituer et les atolls eux-mêmes et leur habitabilité seraient menacés.