B. LES CONDITIONS D'UNE REPRISE EN 2002
Outre la condition, évidemment non-modélisable, d'un retour à une stabilité géopolitique, la reprise sous-jacente à la projection dont on présente les résultats, est suspendue à des enchaînements économiques particuliers.
Deux d'entre eux semblent présenter une particulière importance.
Dans le contexte actuel, il apparaît d'abord que l'efficacité des politiques publiques de soutien économique devient centrale.
Mais, à supposer celle-ci acquise, il faut encore parier sur le sentier de croissance que retrouverait l'économie mondiale.
1. Quelle efficacité pour les politiques économiques d'ajustement conjoncturel ?
Dans un environnement caractérisé par la désorientation des anticipations des agents économiques, l'attention se porte sur le concours des politiques économiques à la stabilisation conjoncturelle.
De fait, les initiatives en ce domaine n'ont pas manqué, suscitant des débats qu'il importe de présenter.
Aux Etats-Unis, la politique monétaire a été considérablement assouplie : des liquidités ont été injectées et les taux directeurs baissés en plusieurs étapes de 150 points de base jusqu'à un niveau historique de 2 %. La réaction de la Banque centrale européenne (BCE), plus mesurée, situe les taux directeurs à 3,25 % en Europe.
L'efficacité de ces mesures, prévues pour alléger les contraintes de financement des agents économiques, est discutée. Aux Etats-Unis, la baisse du coût du crédit pourrait n'avoir qu'un faible impact direct sur la demande dans un contexte marqué par une restriction des crédits bancaires ( Credit crunch ). En revanche, elle pourrait permettre de limiter la baisse des prix des actifs financiers et immobiliers, évitant une perte de richesse des agents, d'autant plus redoutable que ceux-ci sont très endettés. La soutenabilité de moyen terme de cette politique est toutefois préoccupante, les taux de court terme réels étant désormais négatifs.
Quant à la politique budgétaire , si elle ne peut guère faire mieux en Europe que d'améliorer les anticipations des agents, les marges de manoeuvre étant faibles, il n'est pas certain que son efficacité soit, aux Etats-Unis, à la hauteur des considérables transferts de revenus consentis par les administrations publiques aux agents privés. Hors effets conjoncturels, près de 1,6 point de PIB aura été transféré au cours de l'année : aux 70 milliards d'allégements fiscaux correspondant aux engagements de campagne du nouveau Président, s'ajoutant 60 milliards supplémentaires depuis le 11 septembre. La proportion de ces transferts consacrés à des dépenses publiques supplémentaires, dont l'effet peut être immédiat, est faible, l'essentiel passant par des réductions d'impôt dont l'impact conjoncturel est moins maîtrisable.
Dans ce contexte, la crainte est que les agents n'utilisent ces allégements fiscaux pour se désendetter, privant ces mesures d'impact sur la croissance à court terme.