CHAPITRE II

PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES À MOYEN TERME
POUR L'ÉCONOMIE FRANÇAISE

L'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a réalisé pour la Délégation pour la Planification une projection de l'économie française à l'horizon 2006, à l'aide de son modèle e-mod.fr. Cet exercice est présenté de manière détaillée dans l' annexe (page 77). Il a été construit dans la perspective d'un retour au plein-emploi.

Un résultat se dégage de cette projection : en dépit d'un cumul de conditions favorables fixées par hypothèse, le plein-emploi est loin d'être atteint à l'horizon 2006. Le taux de chômage se situe alors à 6,8 % de la population active.

Plusieurs variantes explorent les conséquences de configurations moins propices.

I. UN SCÉNARIO DE CROISSANCE TIRÉE PAR LA DEMANDE INTÉRIEURE

La croissance décrite dans la projection connaît un profit temporel assez heurté. Les premières années (2001 et 2002), l'activité est ralentie par rapport à la période 1995-2000 (2 % contre 2,6 %) en moyenne. Puis, elle accélère vivement, mais, dès 2005, son rythme décélère, la croissance effective demeurant, malgré tout, supérieure à une croissance potentielle en forte baisse.

Au total, le scénario prolonge les tendances à l'oeuvre dans l'économie française au cours des dernières années. Cependant, malgré ce parti pris favorable, le retour au plein-emploi est loin d'être atteint en 2006, terme de la projection.

A. LA CONSOMMATION DES MÉNAGES EST DYNAMIQUE

Par construction, la contribution du commerce extérieur à la croissance étant réputée nulle en projection, l'activité dépend du dynamisme de la demande intérieure. Son redémarrage dans le courant 2002 s'intensifie un temps. Mais, dès 2004, elle décélère.

1. Au prix d'une déformation de sa structure, le revenu des ménages serait bien orienté

a) Un revenu des ménages dynamique mais une décélération en fin de période

Selon l'OFCE, la croissance du revenu des ménages réaccélérerait courant 2002 pour atteindre un pic en 2003 (3,9 %). Puis, elle se replierait graduellement vers un rythme annuel de 2,8 %. Au total, la part du revenu des ménages dans le PIB s'accroîtrait. En outre, cet accroissement n'affecterait que peu le taux de marge des entreprises 6 ( * ) .

Ces évolutions résultent essentiellement d'un retour, dès 2003, à des gains élevés du pouvoir d'achat du revenu disponible des ménages, après la décélération de 2002. L'évolution du pouvoir d'achat du revenu des ménages serait beaucoup plus soutenue sur le moyen terme (+ 3,2 % par an en moyenne) qu'au cours de la dernière décennie (+1,6 %).

Cependant, l'accélération du revenu des ménages ne résulterait que pour moins de la moitié d'une progression des revenus d'activité.

Contributions à la croissance du pouvoir d'achat
du revenu des ménages

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Revenu disponible brut

2,7

3,4

3,1

2,2

3,9

3,3

2,8

3,0

dont :

Salaires bruts

2,3

2,2

1,9

1,4

1,7

1,7

1,3

1,3

Cotisations sociales (hors CSG)

-0,4

-0,3

-0,1

-0,2

-0,1

-0,2

-0,2

-0,2

Prestations sociales

0,9

0,4

0,4

0,5

0,3

0,3

0,4

0,6

Impôts (y compris CSG)

-0,8

-0,6

-0,1

-0,1

-0,1

-0,3

-0,3

-0,4

Autres (dividendes, intérêts)

0,7

1,7

1

0,6

2,1

1,8

1,6

1,7

Elle reposerait sur les autres composantes du revenu, comme le montre le tableau ci-avant.

Les revenus salariaux bruts décéléreraient en cours de projection, sous l'effet d'un ralentissement des créations d'emplois et du maintien de gains limités du pouvoir d'achat par tête. Ces résultats, soulignons-le, supposent une hypothèse « ad hoc » sur les conditions de formation des salaires en France (voir infra ).

* 6 Le taux de marge rapporte l'excédent brut d'exploitation des entreprises à leur valeur ajoutée. Son évolution traduit les tendances de la répartition de la valeur ajoutée. Une réduction du taux de marge signifie, en général, une augmentation des salaires dans la valeur ajoutée.

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