B. UN CONTEXTE NOUVEAU : LE PLAFONNEMENT DU NOMBRE DES ÉTUDIANTS
1. Une nouvelle donne...
La
légère décrue des effectifs d'étudiants,
observée pour la première fois à la rentrée 1996,
constitue une rupture considérable dans une évolution de long
terme.
Désormais, l'enseignement supérieur en
général, et sa fraction principale financée par le budget
de l'enseignement supérieur
19(
*
)
, ne voient plus leurs effectifs
croître de façon continue. Au contraire, même si, en ce
domaine, les prévisions restent soumises à un fort aléa.
Le tableau ci-après précise cette évolution nouvelle, en
la replaçant dans une perspective à moyen terme, tant
rétrospective que prospective.
Si, de 1985 à 1995, le nombre des étudiants a progressé de près de 660.000, soit une croissance de 58 % en dix ans, il a reculé de près de 50.000 de 1995 à 1998, soit une diminution proche de 3 % en trois ans.
2. ... probablement appelée à se poursuivre
Cette
décrue du nombre d'étudiants est, pour certains
prévisionnistes, appelée à se poursuivre et deviendrait
alors structurelle.
D'après des projections réalisées par le ministère
de l'éducation nationale, «
à la rentrée
2008, les principales filières pourraient accueillir près de
65.000 étudiants de moins qu'en 1998-99
», même si
«
le rythme de décroissance devrait être, en moyenne
sur la période, inférieur à celui enregistré
[au cours des dernières années] ». En effet,
«
la baisse tendancielle de la proportion de bacheliers
généraux et surtout le recul démographique contribuent
à orienter durablement à la baisse les flux d'entrée dans
l'enseignement supérieur
»
20(
*
)
.
Votre rapporteur est prudent sur les conséquences qu'il faut
déduire de cette prévision dont il ne conteste nullement le
sérieux. Mais les variations du nombre d'étudiants sont
même, à court terme, fortement aléatoires d'autant plus
qu'il n'existe aucun mécanisme régulateur d'ensemble à
l'entrée en faculté. A titre d'exemple, il était
prévu à la rentrée 1999 une baisse de
20.000 étudiants dans les universités ; la baisse
réelle n'a été que de 8.000 étudiants. Il est
de plus difficile dans un secteur non sélectif de prévoir les
engouements passagers des étudiants pour telle ou telle filière.
Or ce sont eux qui engendrent des sous-encadrements conjoncturels faisant la
« une » des rentrées universitaires.
Une nouvelle prévision à deux ans, établie en juillet
2001
21(
*
)
, des principales
filières de l'enseignement supérieur confirme cette analyse
prudente de votre rapporteur : si le taux d'accueil des nouveaux
bacheliers généraux, et notamment des filles, recule à
nouveau dans les premiers cycles universitaires - peut-être du fait de
l'amélioration de l'emploi -, la réduction observée dans
les premiers cycles serait compensée par le développement des
licences professionnelles et des formations de 3
ème
cycle
22(
*
)
.
Enfin, une stabilité, voire une décroissance globale des
effectifs globaux d'étudiants peut recouvrir des variations
structurelles fortes de la demande d'enseignement (tel le déclin, s'il
est confirmé, des études scientifiques, le développement
des 3
èmes
cycles professionnalisés au dépens
des DEA...). Or, l'enseignement supérieur se caractérise par une
très faible flexibilité d'emploi de personnels
spécialisés par discipline
23(
*
)
: un excédent de
professeurs de biologie ne peut servir à couvrir un déficit de
professeurs d'informatique ! Un suivi précis de l'évolution
de la demande d'enseignement au cours des prochaines années sera donc
nécessaire pour retrouver une certaine souplesse dans l'affectation des
emplois à l'occasion des départs en retraite. Sinon, la
stabilité globale ou même la réduction des effectifs risque
d'engendrer une demande croissante d'emplois.