2. Les constatations de mars 2001
Pour 2000, les dépenses s'élèveraient en réalité, selon les estimations et les périodes de calcul, entre 71,2 et 80 milliards de francs.
Etablir un chiffre définitif nécessite tout d'abord d'appréhender de manière correcte les dépenses des autres régimes que le régime général. Il s'agit essentiellement du régime agricole. Les régimes ENIM (marins), CRPCEN (clercs de notaires), CANMSS (mines), éligibles théoriquement au FOREC, ne semblent pas avoir transmis leur « facture » à la Direction de la sécurité sociale ...
Mais surtout, il convient de définir précisément la période de calcul. Le FOREC, comme tous les organismes de sécurité sociale, doit établir sa comptabilité en droits constatés, selon une logique créances/dettes. Pour déterminer ses charges et ses produits à recevoir, il convient de définir le fait générateur. Or, les administrations responsables (Direction de la sécurité sociale (DSS) du ministère de l'Emploi et de la Solidarité, Direction du budget du ministère de l'Economie et des Finances) ne sont pas d'accord, depuis plus d'un an, sur le mode de comptabilisation des exonérations accordées sur les cotisations versées au mois de janvier 2000 sur les salaires de décembre 1999 .
A la recherche du fait générateur : le salaire ou la cotisation ? Pour les entreprises de plus de 10 salariés, les cotisations exigibles à partir du 1 er janvier -date limite : 5 janvier- portent sur les salaires du mois précédent (décembre). Pour les entreprises de moins de 10 salariés, les cotisations exigibles à partir du 1 er janvier -date limite : 15 janvier- portent sur les salaires du 4 ème trimestre 1999. Dans le cas de la Mutualité sociale agricole, il s'agit des salaires d'octobre-novembre-décembre 1999 (4 ème trimestre 1999) quelle que soit la périodicité de paiement (mensuelle ou trimestrielle) et donnant lieu, à tous les cas, à émission de cotisation en février 2000. |
Pour la DSS, ces exonérations sont antérieures à la « création » du FOREC (le fait générateur est lié aux salaires versés en décembre 1999 ou au dernier trimestre 1999) et doivent être prises en compte par le budget de l'Etat, parce que rattachées comptablement à l'exercice 1999. Cette position logique (les exonérations de la loi Aubry II n'existaient pas au moment du versement des salaires de décembre 1999) a été validée par le Conseil d'Etat.
Pour la Direction du budget, le financement de ces exonérations doit être assuré par le FOREC : le fait générateur est lié aux cotisations, versées en janvier 2000.
L'arbitrage du cabinet du Premier ministre n'a toujours pas été rendu sur cette question. L'enjeu financier porte sur 5,6 milliards de francs, dont 4,7 milliards de francs pour le seul régime général.
Deux notes de la Direction de la sécurité sociale des 22 et 24 janvier 2001 évaluent à 71,2 milliards de francs les dépenses du FOREC. Elles se fondent, pour les dépenses, sur les données des régimes disponibles décembre 2000 (dix premiers mois réalisés, novembre quasi réalisé, décembre estimé).
Dépenses du FOREC selon la Direction de la sécurité sociale
(en millions de francs)
Mode de comptabilisation
|
Mode de comptabilisation 12 mois
glissants
(2)
|
Mode de comptabilisation
|
|
Ristourne dégressive 1,3 SMIC (39 heures) |
36.800 |
35.800 |
40.200 |
Loi Aubry I |
13.900 |
14.400 |
15.500 |
Loi Aubry II Majorations ZRR, ZF Corse, 32 h et routiers |
20.500 |
24.300 |
24.300 |
TOTAL |
71.200 |
74.500 |
80.000 |
(1) Encaissements-décaissements selon la DSS, droits constatés selon la Direction du budget
(2) Droits constatés selon la DSS
(3) Droits constatés selon la DSS si le FOREC prend en charge les exonérations de cotisations de janvier 2000.
Dépenses du FOREC - Champ régime général
(en millions de francs)
Mode de comptabilisation
|
Mode de comptabilisation 12 mois
glissants
|
Mode de comptabilisation 13 mois
|
|
janvier 2000 |
4.672.145.866 |
4.672.145.866 |
|
février 2000 |
3.514.644.448 |
3.514.644.448 |
3.514.644.448 |
mars 2000 |
4.155.602.038 |
4.155.602.038 |
4.155.602.038 |
avril 2000 |
6.429.452.616 |
6.429.452.616 |
6.429.452.616 |
mai 2000 |
5.077.407.696 |
5.077.407.696 |
5.077.407.696 |
juin 2000 |
5.178.791.289 |
5.178.791.289 |
5.178.791.289 |
juillet 2000 |
6.858.924.491 |
6.858.924.491 |
6.858.924.491 |
août 2000 |
6.277.221.167 |
6.277.221.167 |
6.277.221.167 |
septembre 2000 |
5.748.013.860 |
5.748.013.860 |
5.748.013.860 |
octobre 2000 |
8.234.801.051 |
8.234.801.051 |
8.234.801.051 |
novembre 2000 |
6.293.484.688 |
6.293.484.688 |
6.293.484.688 |
décembre 2000 |
5.663.359.698 |
5.663.359.698 |
5.663.359.698 |
janvier 2001 |
7.465.700.000 |
7.465.700.000 |
|
TOTAL RG |
68.103.848.898 |
70.897.403.032 |
75.569.548.898 |
Source : ACOSS
L'ACOSS estime les dépenses des autres régimes en se fondant sur la « part » du régime général, qui varie selon les chiffres présentés dans les notes entre 94,65 % et 95,65 % du total.
Il semble que les pertes de cotisations du régime agricole aient fait l'objet d'une sous-estimation. Selon les chiffres communiqués à votre rapporteur le 14 mars 2001 par la Caisse centrale de Mutualité sociale agricole, elles se situeraient à un niveau supérieur à celui estimé par la Direction de la sécurité sociale.
Dépenses du FOREC en 2000
(en millions de francs)
Mode de comptabilisation
|
Mode de comptabilisation 12 mois
glissants
|
Mode de comptabilisation 13 mois
|
|
Total RG / ACOSS |
68.104 |
70.897 |
75.570 |
Dépenses MSA |
4.072 |
4.367 |
5.211 |
Total estimation CAS |
72.176 |
75.264 |
80.781 |
Source : commission des Affaires sociales du Sénat