2. Des perspectives devenues depuis moins favorables
Il semble désormais vraisemblable que la croissance en l'an 2001 se situera dans le bas de la fourchette de prévisions (de 2,7 % à 3,1 %), voire en-dessous. On peut en tirer deux conséquences.
a) Une prévision de croissance optimiste ?
On peut se demander si le gouvernement, qui se refuse à envisager une croissance inférieure à 2,7 %, ne serait pas trop optimiste.
• Le gouvernement justifie son point de vue par deux arguments.
- Tout d'abord, il estime que la demande intérieure demeurera suffisamment solide pour soutenir la croissance. Il considère que « sa robustesse devrait permettre d'absorber ce nouveau choc extérieur sans que la croissance n'en souffre exagérément ». En particulier, la demande des ménages resterait dynamique, du fait notamment d'une accélération des salaires réels et des baisses d'impôts. En effet, le gouvernement a maintenu sa prévision de croissance du pouvoir d'achat du revenu disponible brut des ménages inchangée depuis le mois de mars, à 3,1 % en l'an 2001 et 2,7 % en l'an 2002.
- Ensuite, il estime que la dégradation de l'environnement international pourrait être atténuée par une détente internationale sur les prix de certaines matières premières et sur les conditions monétaires.
Au total, selon le rapport d'orientation budgétaire, « la France devrait échapper à un ralentissement brutal de sa croissance ».
• Il ne semble pourtant pas improbable que la croissance soit inférieure à 2,7 % cette année.
On a vu que si l'activité continuait de progresser de 0,5 % par trimestre d'ici à la fin de l'année, la croissance en l'an 2001 serait de seulement 2,4 %.
Pour que la prévision du gouvernement soit vérifiée, la croissance devrait donc s'accélérer. Or, une telle accélération semble incertaine.
b) Une prévision de déficit public peu vraisemblable
La prévision de déficit public pour l'année 2001 en est d'autant moins vraisemblable. Celle-ci reposait sur l'hypothèse qu'une élasticité accrue des recettes fiscales à l'activité et un fort dynamisme des recettes sociales permettraient de compenser l'effet sur les recettes des administrations publiques de la révision à la baisse de la prévision de croissance (ramenée de 3,3 % à 2,9 %).
Même en retenant cette hypothèse, si la croissance était inférieure à 2,9 %, comme cela semble vraisemblable, l'objectif de réduction du déficit public pourrait ne pas être atteint.
Au total, il ne semble pas possible d'exclure que le déficit public ne se réduise pas en l'an 2001.