2. Une concurrence cordiale, parfois féconde
Les experts respectifs du CBO et de l'OMB sont en relation téléphonique étroite , parfois quotidienne, afin de confronter leurs analyses. En outre, lorsque des divergences d'analyse sont susceptibles d'avoir une incidence politique, des réunions techniques inter-institutions peuvent être organisées afin d'en comprendre l'origine.
Ces contacts s'effectuent le plus souvent au niveau des techniciens. En effet, un appel téléphonique du directeur de l'OMB à son homologue du CBO présenterait souvent une connotation politique.
Dans certains cas, les deux institutions peuvent toutefois organiser des rencontres à haut niveau, par exemple lorsque la conjoncture évolue rapidement, et que des prévisions budgétaires trop différentes pourraient devenir un enjeu politique.
Ces relations sont facilitées par le fait que les deux institutions utilisent des instruments semblables, et surtout par la mobilité des experts entre ces deux institutions, notamment de l'OMB vers le CBO, ce dernier offrant des rémunérations un peu plus élevées et un cadre de travail plus stable.
En effet, plus d'une dizaines d'experts du CBO (soit près d'un dizième de ses cadres) sont habituellement des anciens fonctionnaires de l'OMB. Par exemple, en septembre 2000, le numéro 2 (directeur adjoint) et le numéro 3 ( executive associate director ) du CBO avaient été employés comme fonctionnaires de carrière (non politiques) à l'OMB pendant respectivement 18 et 16 ans.
Cette mobilité est évidemment favorisée par le fait que la fonction publique américaine, au contraire de la fonction publique française, n'est pas cloisonnée en petits corps auxquels les fonctionnaires devront pour partie leur carrière ; en d'autres termes, les anciens fonctionnaires de l'OMB passés au service du Congrès n'ont plus aucun lien statutaire ou même de solidarité corporatiste avec leur administration d'origine.
Les relations étroites entre le CBO et l'OMB ne préviennent toutefois pas toutes les divergences d'analyse, d'autant plus que les principaux responsables de l'OMB sont des collaborateurs politiques du Président, donc que les analyses de l'OMB peuvent présenter un biais politique.
Néanmoins, ces relations permettent de réduire les divergences techniques, pour mettre en lumière les divergences qui résultent d'appréciations « politiques ».
L'existence du CBO constitue ainsi un frein puissant à la tentation du gouvernement de faire preuve d'un optimisme excessif ou de solliciter les chiffrages budgétaires afin de faciliter ses choix politiques.
Plus généralement, la concurrence entre les deux institutions est mutuellement stimulante , et constitue une indéniable source de transparence : le CBO et l'OMB sont fortement incités à expliciter leurs méthodes pour convaincre du bien fondé de leurs estimations respectives.