c) Des chercheurs réactifs
En outre, les Think Tanks sont extrêmement réactifs : leurs chercheurs peuvent publier des analyses sur un développement de l'actualité ou sur une proposition de loi dans les délais qui sont souvent ceux de la décision publique (quelques jours ou quelques semaines).
Par exemple, une semaine après l'annonce de l'offre publique d'achat de Deutsche Telekom sur Voice Stream, l' Institute for International Economics a publié dans sa lettre d'information Policy Brief un article de l'un de ses chercheurs concluant que refuser cette prise de contrôle reviendrait pour les autorités de la concurrence à « dire non à la nouvelle économie ».
Les Think Tanks s'enorgueillissent d'ailleurs particulièrement de leur capacité de réaction rapide. Par exemple, le Center on Budget and Policy Priorities place en exergue sur son site internet une citation du Washington Post selon laquelle « ... [les travaux du centre] sont assemblés avec une grande célérité et mis à disposition du législateur, des journalistes et des organisations publiques pendant le cours des débats... ».
De même, The Heritage Foundation souligne sur son site internet qu'elle fut en mesure en 1999, à la demande de l'un des leaders de la majorité républicaine de la Chambre des représentants, de chiffrer en moins d'une journée trois propositions de loi visant à réduire les biais du système fiscal au détriment des couples mariés, « ce qu'il n'avait aucun espoir d'obtenir des experts lents à la détente de l'administration fédérale [et du Congrès] », selon The Heritage Foundation.
d) Un rôle de contre expertise critique dans les débats publics
Les Think Tanks jouent un rôle éminent de contre expertise critique dans les débats publics.
Sitôt publiés, les principaux rapports réalisés par l'administration et les offices du Congrès sont ainsi disséqués et commentés, de manière parfois très iconoclaste, par les experts des Think Tanks .
De même, ceux-ci disposent d'une réelle contre-expertise en matière statistique , et publient fréquemment des précisions sur la signification de certaines données publiées par les administrations statistiques.
Par exemple, le rapport annuel du Census Bureau sur les revenus, la pauvreté et les inégalités fait l'objet d'analyses détaillées, qui contribuent à en éclairer les principaux enseignements, alors que les publications similaires de l'INSEE sont seulement commentées par la presse, d'une manière qui semble parfois sinon inexacte, du moins maladroite.
Enfin, les Think Tanks polémiquent parfois directement entre eux.
A titre d'exemple, les débats législatifs relatifs à la suppression de l'impôt fédéral sur les successions furent l'occasion d'intenses controverses entre Think Tanks , certains estimant inutile et antiredistributif de supprimer un impôt économiquement efficace et peu coûteux à collecter, tandis que d'autres, comme ceux de la Heritage Foundation indiquaient que cet impôt pénalisait les familles des agriculteurs et des petits entrepreneurs et « coûtait à l'administration 31 cents pour chaque dollar collecté ».