2. De nombreuses publications
Au delà des procédures précédentes, qui sont prévues par la loi, la Fed met en oeuvre une politique active de diffusion de ses études économiques au travers de ses propres publications, de son site internet ou de l'incitation de ses chercheurs à soumettre leurs travaux personnels à des revues académiques.
a) Les économistes de la Fed sont invités à conduire et à publier des travaux personnels
Les économistes de la Fed, aussi bien ceux du Conseil des gouverneurs que ceux des banques de réserve fédérées, disposent ainsi d'un statut original .
Par exemple la Fed de New York considère qu'il doivent travailler à 50 % directement pour la banque, mais qu'ils peuvent consacrer 50 % de leur temps pour entreprendre des études de leur choix, qu'ils ont vocation à publier dans les revues de la Fed ou dans des revues scientifiques indépendantes.
Lorsqu'ils publient ces études, y compris dans des revues de la Fed, les chercheurs de la Fed de New York ne mettent en jeu que leur propre responsabilité, et non celle de la Fed. Les articles concernés sont d'ailleurs accompagnés d'une mention de « disclaim » stipulant expressément qu'ils n'engagent pas la Fed. L'appartenance des auteurs à la Fed est toutefois impérativement mentionnée.
Il s'agit là d'une organisation sensiblement différente de celle de la Banque de France, dont les chercheurs sont statutairement tenus de travailler à 100 % pour la Banque de France, même s'ils peuvent en principe publier par ailleurs des travaux effectués durant leur temps libre sous leur propre responsabilité et sans mentionner leurs fonctions au sein de la Banque de France.
L'organisation originale des services de recherche de la Fed présente a priori plusieurs avantages .
En premier lieu, ce statut intermédiaire entre la recherche universitaire (100 % « libre ») et la recherche privée (100 % au service de l'employeur) attire des chercheurs de grande qualité, d'autant plus que la rémunération associée est elle-même intermédiaire entre celle offerte par les universités et les Think Tanks , d'une part, celles offertes par les institutions financières, d'autre part.
En second lieu, cette organisation favorise un débat interne , et permet a priori de publier des travaux en prise sur des thèmes d'actualité économique sans risques excessifs pour l'institution. Dans certains cas, la publication de travaux internes sous la seule responsabilité des chercheurs concernés peut d'ailleurs servir de « ballon d'essai » pour la Fed.
Enfin, les publications des chercheurs de la Fed accroissent le prestige académique de l'institution, et donc renforcent la crédibilité de ses décisions de politique monétaire.
Les projets d'articles réalisés par des chercheurs de la Fed dans le cadre de leur 50 % de temps personnel sont toutefois soumis à un contrôle interne a priori , qui vise notamment à s'assurer de ce que leurs conclusions ne contredisent pas frontalement les décisions du FOMC, du Conseil des gouverneurs ou d'autorités étrangères, et de ce que leur rédaction n'est pas offensante pour des institutions publiques ou des acteurs privés. Mais ces articles peuvent à l'occasion présenter un contenu dissonant pas rapport à la politique monétaire de la Fed.
On peut enfin noter que les thèmes de recherche des économistes de la Fed durant leur mi-temps « libre » peuvent être très éloignés de la politique monétaire : la Fed de New York emploie ainsi des spécialistes de l'économie de l'éducation ou de l'économie des inégalités.
Néanmoins, les économistes de la Fed ont personnellement intérêt à se spécialiser sur des domaines liés aux activités de la Fed, puisqu'ils bénéficient en la matière d'un accès privilégié à des données confidentielles. En outre, ils sont recrutés sur un profil de recherche compatible avec les principaux thèmes d'intérêt de l'institution. Enfin, il a déjà été souligné que la Fed valorise fortement la capacité à conduire des travaux en équipe, ce qui limite la présence de « francs tireurs ».