2. Un système transparent sur ses coûts et sur ses méthodes
Le système statistique fédéral américain apparaît extrêmement transparent.
Il est tout d'abord transparent sur ses coûts de fonctionnement .
Comme il a déjà été souligné, le rapport annuel au Congrès de l' Office of Management and Budget sur le programme statistique fédéral recense ainsi l'ensemble des crédits budgétaires alloués à des activités statistiques, et présente les principaux programmes entrepris ou envisagés par les agences statistiques fédérales.
Ce rapport est public . Il n'a pas son équivalent en France.
Par ailleurs, les principales agences statistiques sont désormais astreintes à la réalisation d'un programme stratégique annuel, détaillant notamment leurs missions, leurs activités et l'évolution d'indicateurs de performance.
Ces programmes stratégiques pluriannuels sont également publics.
Enfin, le principe consistant à ce que les agences fédérales se facturent au coût complet les services et les données statistiques qu'elles produisent les unes pour les autres permet d'appréhender le coût réel détaillé de certains grands programmes statistiques.
Par ailleurs, la fragmentation du système statistique américain est source de transparence méthodologique , au travers de trois mécanismes interdépendants.
Tout d'abord, le bon fonctionnement d'un système statistique aussi divisé que l'est celui des États-Unis repose sur la transparence des services statistiques les uns vis-à-vis des autres. A titre d'exemple, le bureau d'analyse économique, qui assemble les données produites par plusieurs autres agences fédérales pour produire les comptes nationaux doit disposer d'informations précises sur la fiabilité des données qui lui sont transmises.
Inversement, la pluralité des services statistiques intervenant sur des champs voisins conduit à une certaine émulation, sinon à une concurrence intellectuelle entre ces services.
Au lieu d'être discrètement résolues au sein d'une même administration comme l'INSEE, les incohérences entre les différentes données statistiques se traduisent ainsi par des débats entre institutions.
Ces débats sont avivés par les critiques des experts indépendants, notamment des statisticiens de la réserve fédérale, et donc largement publics.
Ces débats conduisent d'ailleurs parfois à la constitution de panels d'experts qui rendent ensuite un rapport public, comme ce fut notamment le cas en 1995 et en 1996 pour des indicateurs aussi sensibles que la mesure de la pauvreté ou l'indice des prix à la consommation.
In fine , les limites des statistiques sont ainsi plus largement connues .
On peut d'ailleurs signaler qu'il s'agit là d'un objectif que s'assignent les grandes administrations statistiques. Par exemple, dans le cadre de ses engagements envers ses clients, le bureau des statistiques sur l'emploi s'engage à aider les utilisateurs de ses statistiques à en comprendre les usages et les limites.