III. SYNTHÈSE COMPARATIVE DES PRÉVISIONS À MOYEN TERME

La projection de l' OFCE , telle qu'elle vient d'être présentée, constitue une extrapolation des tendances à l'oeuvre dans l'économie française, sur la base d'une prolongation des comportements observés sur le passé. Cela peut être considéré comme une limite de ce genre d'exercice, dans la mesure où il pose plus de questions pour le moyen terme qu'il n'apporte de réponses. Mais ceci obéit également à ce que votre Rapporteur considère comme la finalité des projections réalisées à l'aide de modèles. Ceux-ci offrent en effet un cadre global où les évolutions et les comportements macroéconomiques sont cohérents entre eux : en cela, ils constituent à tout le moins un instrument d'analyse utile pour les choix de politiques économiques.

La projection à moyen terme réalisée par l' Insee en juillet dernier obéit peu ou prou à la même logique. Les éléments les plus significatifs sont présentés ci-après.

Les travaux à moyen terme de deux organismes, dont le Sénat suit régulièrement les travaux, sont également résumés ci-dessous : il s'agit des prévisions, réalisées hors modèle et « à dire d'expert », du Centre de recherches pour l'expansion de l'économie et le développement des entreprises ( Rexecode ) et du Bureau d'informations et de prévisions économiques ( BIPE ).

A. LE SCÉNARIO À MOYEN TERME ÉLABORÉ PAR L'INSEE

En 1999, l'Insee avait élaboré un scénario de croissance modérée, avec un fort contenu en emplois.

La projection réalisée cette année obéit à un scénario différent : il s'agit d'une croissance rapide , suscitant une diminution rapide du chômage. Le choix de ce scénario ne signifie pas, selon l'Insee, qu'il apparaisse comme plus probable, mais répond seulement au souci d'explorer le plus de cheminements possibles pour l'économie française.

• Dans ce scénario, la croissance du PIB se stabilise autour de 2,9 % par an.

La consommation des ménages (+ 2,7 % par an) est relativement dynamique et comble en partie le retard accumulé depuis le début de la décennie.

La croissance de l'investissement des entreprises serait de  4,5 % par an.

• Au total, les scénarios de l'Insee et de l'OFCE présentent de fortes similitudes , ce qui n'est pas surprenant étant donné les hypothèses retenues dans les deux cas :

- retour à la croissance potentielle pour les économies partenaires ;

- maîtrise des finances publiques.

• Ces deux scénarios présentent cependant des différences notables .

Une première différence est que l'Insee prévoit, comme la plupart des instituts de conjoncture, un ralentissement de l'économie française pour l'année 2001, alors que l'OFCE prévoit au contraire une accélération.

Une seconde différence entre les deux exercices est relative à l'évolution du marché du travail .

Certes, les niveaux du taux de chômage en fin de période (2005) ne sont pas fondamentalement éloignés - 7,1 % pour l'Insee contre 6,4 % pour l'OFCE -, mais les cheminements pour aboutir à ce résultat divergent sur deux points :

- Tout d'abord, les hypothèses d'évolution de la population active retenues par l'Insee sont beaucoup plus basses que celles de l'OFCE : + 100.000 actifs par an selon l'Insee contre + 190.000 par an selon l'OFCE.

L'Insee s'est ainsi appuyé sur ses projections de population active (1995-2040), sans toutefois, à l'inverse de l'OFCE, simuler de « flexion des taux d'activité » (c'est-à-dire de retour sur le marché du travail de personnes jusque-là découragées).

- Par ailleurs, l'Insee retient une hypothèse de croissance annuelle de la productivité par tête du travail moins favorable à l'emploi que celle de l'OFCE (2 %, contre 1,6 %)

C'est vraisemblablement ce facteur qui explique que le taux de chômage soit, en fin de période, supérieur dans la projection de l'Insee par rapport à celle de l'OFCE.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page