V. Audition de M. Emmanuel
Verny,
Directeur général de l'Union nationale des
associations
de soins et services à domicile (UNASSAD)
M. Emmanuel Verny a tout d'abord rappelé qu'il n'avait pas été initialement prévu que le programme " Nouveaux services - Emplois jeunes " puisse s'appliquer au secteur de l'aide à domicile, le ministère de l'emploi et de la solidarité craignant une concurrence déloyale dans ce secteur entre associations et entreprises. Mais, en définitive, la loi s'était contentée d'exclure les seules interventions à domicile, et non l'ensemble du secteur de l'aide à domicile. Ces difficultés initiales expliquent alors que la convention entre l'UNASSAD et l'Etat n'ait été signée qu'en mai 1998, cette convention prévoyant la création de 1.500 emplois-jeunes en trois ans.
Il a indiqué que le programme avait reçu un accueil favorable dans les associations d'aide à domicile, principalement pour trois raisons :
- c'est un secteur fortement créateur d'emplois ;
- ce sont des activités dont les jeunes sont trop absents, la plupart des salariés étant des femmes reprenant une nouvelle activité professionnelle ;
- ce sont des métiers qui valorisent plus " l'expérience de vie " que la qualification.
Il a néanmoins reconnu que, malgré cet accueil favorable, seuls 400 à 500 emplois avaient été effectivement créés sur les 1.500 prévus. Le retard dans la création d'emplois s'explique, selon lui, essentiellement par les difficultés de financement des associations, l'incertitude pesant sur leur équilibre financier n'étant pas une incitation à l'embauche.
Les activités exercées relèvent, à 70 %, selon une enquête réalisée par l'UNASSAD, de fonctions d'animation, d'accueil, d'orientation et d'information.
M. Emmanuel Verny a précisé que certaines nouvelles activités envisagées à l'origine avaient des difficultés à se développer. Ainsi, les agents d'accompagnement social sont " à la limite " de la légalité dans la mesure où ils impliquent une intervention au domicile. De même, les activités visant à assurer une meilleure liaison entre l'hospitalisation et le retour à domicile se heurtent à une insuffisante coordination entre les services hospitaliers et les associations d'aide à domicile.
M. Emmanuel Verny a cependant estimé que ces activités conservaient un fort potentiel de développement.
Il a tout particulièrement insisté sur l'important gisement d'emplois que constituaient les activités de " visiteur de nuit ". Il s'agit pour eux d'offrir une aide ponctuelle pour de menus services, mais aussi de rassurer les personnes dont l'état de santé, l'âge ou la dépendance, n'impliquent pas une présence nocturne continue au domicile, mais exigent une vigilance particulière. Reconnaissant que cette activité se situait à la limite de la légalité car elle pouvait nécessiter une intervention au domicile, il a souligné qu'elle offrait pourtant des perspectives d'emplois intéressantes dans la mesure où elle avait vocation à être autofinancée. Il a également indiqué que certains départements offraient des cofinancements pour cette activité. Il a alors regretté les réticences de la Délégation à l'emploi et à la formation professionnelle à reconnaître cette activité dans le cadre du programme " Nouveaux services - Emplois jeunes ".
S'agissant de la formation, il a jugé que l'effort restait modeste. Les associations ont, pour la plupart, mis en place des modules de formation initiale de 4 à 5 jours destinés à faire connaître le secteur et les métiers de l'aide à domicile. Mais la formation prend essentiellement la forme d'un " tutorat " du jeune par un cadre sur une durée d'un mois.
S'agissant de l'avenir des emplois-jeunes du secteur, il a estimé que ceux-ci ont vocation à devenir des cadres intermédiaires, le principal débouché étant celui de responsable de secteur. Il s'agit d'un cadre responsable d'une vingtaine ou d'une trentaine d'aides à domicile et chargé d'assurer leur coordination, de suivre les opérations et d'identifier les aides éventuelles.