Dispositions restant en discussion du projet de loi relatif aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations
AMOUDRY (Jean-Paul)
RAPPORT 170 (1999-2000) - Commission mixte paritaire
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N° 2100
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N° 170
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Enregistré à la Présidence de
l'Assemblée nationale
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Annexe au
procès-verbal de la séance
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RAPPORT
FAIT
AU NOM
DE LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE
(1)
CHARGÉE DE PROPOSER UN
TEXTE SUR LES DISPOSITIONS RESTANT EN DISCUSSION DU PROJET DE LOI relatif aux
droits des citoyens
dans leurs
relations avec les
administrations
,
PAR Mme CLAUDINE LEDOUX, PAR M. JEAN-PAUL AMOUDRY,
Députée Sénateur
(
1)
Cette commission est composée de
: M. Jacques
Larché,
sénateur, président ;
Mme
Catherine Tasca,
députée, vice-présidente ;
MM.
Jean-Paul Amoudry,
sénateur,
Mme Claudine Ledoux
,
députée, rapporteurs.
Membres titulaires :
MM. Patrice Gélard, Jean-Pierre Schosteck,
Paul Girod, Jacques Mahéas, Robert Bret,
sénateurs ;
MM. François Colcombet, Georges Tron, Emile Blessig, Patrice Carvalho,
Alain Tourret,
députés.
Membres suppléants :
MM. Guy Allouche, Robert Badinter,
Guy Cabanel, René Garrec, Daniel Hoeffel, Lucien Lanier, Jacques Peyrat,
sénateurs
; Mme Christine Lazerges, MM. Bruno Le Roux,
Jérôme Lambert, Mme Nicole Feidt, MM. Jacques Floch, Jean-Luc
Warsmann, Franck Dhersin,
députés.
Voir les numéros
:
Sénat :
Première lecture :
153, 248
et
T.A.
94
(1998-1999).
Deuxième lecture :
391
(1998-1999),
1
et T.A.
6
(1999-2000).
Troisième lecture :
96
(1999-2000).
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
Première lecture :
1461
,
1613
et T.A.
326
.
Deuxième lecture :
1868, 1936
et T.A.
397
.
Administration. |
MESDAMES, MESSIEURS,
La commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les
dispositions restant en discussion du projet de loi relatif aux droits des
citoyens dans leurs relations avec les administrations s'est réunie le
mercredi 19 janvier 2000 au Palais du Luxembourg.
Elle a tout d'abord procédé à la nomination de son bureau
qui a été ainsi constitué :
-- M. Jacques Larché, sénateur, président.
-- Mme Catherine Tasca, députée,
présidente,
La Commission a ensuite désigné Mme Claudine Ledoux,
députée, et M. Jean-Paul Amoudry, sénateur, respectivement
rapporteurs pour l'Assemblée nationale et le Sénat.
M. Jacques Larché, président,
a estimé
que le projet de loi relatif aux droits des citoyens dans leurs relations avec
les administrations constituait un texte technique sur lequel un accord pouvait
être trouvé.
Mme Claudine Ledoux, rapporteuse pour l'Assemblée
nationale
, a tout d'abord souligné que le projet de loi,
répondant à l'attente de nos concitoyens, avait pour objet de
rendre l'administration plus efficace et moins complexe. Elle a constaté
que ce texte avait fait l'objet d'un consensus à l'Assemblée
nationale puisqu'il n'avait recueilli aucun vote défavorable. Elle a
rappelé que de nombreux articles avaient été
adoptés dans les mêmes termes par les deux assemblées,
évoquant en particulier ceux qui définissent le champ
d'application de la loi, assurent l'articulation entre la loi
" Informatique et libertés " et la loi " archives ",
ainsi que les dispositions relatives au Médiateur de la
République et celles qui tendent à accroître la
transparence financière. Elle a noté que les deux
assemblées avaient fait des efforts de rapprochement sur de nombreux
autres points.
S'agissant des dispositions restant en discussion, elle a estimé qu'un
accord était possible, tout en précisant que trois points durs ne
paraissaient pas négociables pour l'Assemblée nationale. Elle a
indiqué qu'il s'agissait de celles relatives à la lutte contre
les recours abusifs prévue à l'article 5 bis du texte
adopté par le Sénat, de celles concernant les maisons des
services publics décrites aux articles 24 à 26 du projet de
loi et enfin, de celles ayant pour objet de transposer dans la loi la
jurisprudence " Berkani " du Tribunal des conflits prévue aux
articles 26 quater et 26 quinquies.
Après que
M. Jacques Larché, président,
eut rappelé que tous les articles encore en navette faisaient l'objet de
la délibération de la commission mixte paritaire et
étaient donc par définition " négociables ",
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur pour le Sénat,
a
indiqué que le Sénat avait eu une position ouverte et
constructive face aux cavaliers du Gouvernement relatifs à la fonction
publique. Il a estimé que, dès lors que le Sénat avait
accepté d'en débattre, après avoir demandé des
compléments d'information, ces articles ne pouvaient être
considérés comme " non négociables ".
Sur l'article 5 bis, il a indiqué comprendre la crainte des
auteurs de l'amendement d'une paralysie de l'action locale, celle des services
déconcentrés de l'Etat comme celle des collectivités
territoriales. Il a reconnu que la réponse apportée par cet
article aux dysfonctionnements créés par les recours abusifs des
associations devant les tribunaux administratifs n'était pas pleinement
satisfaisante. Cependant, il a estimé nécessaire que le
législateur s'empare de cette question et il a souhaité un
engagement ferme du Gouvernement en faveur d'une réforme du code des
tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel permettant de
lutter plus efficacement contre les requêtes abusives.
Sur la jurisprudence " Berkani ", M. Jean-Paul Amoudry,
rapporteur pour le Sénat, a estimé qu'il convenait de prendre en
compte la demande des personnels déjà en fonctions. Il a
ajouté que plusieurs questions devaient être posées au
Gouvernement, sur le cumul entre activités publiques et privées,
sur la situation des " recrutés locaux " et sur la
transformation de contrats de droit privé en contrats de droit public
à durée indéterminée. Il a fait part d'une
proposition de rédaction tendant à prévoir que les agents
non titulaires de catégorie C concernés bénéficient
de contrats de trois ans, renouvelables par reconduction expresse, en
conformité avec le droit commun de la fonction publique.
S'agissant enfin des maisons des services publics, il a estimé que le
bon ordonnancement juridique voulait que les dispositions relatives aux maisons
des services publics soient regroupées dans la loi d'orientation pour
l'aménagement du territoire. Cependant, il a admis que les maisons des
services publics ne devaient pas être considérées comme un
simple outil d'aménagement du territoire, puisque, dans une optique plus
large, elles participaient pleinement à la modernisation des services de
l'Etat.
M. Jacques Larché, président,
regrettant la
surcharge législative opérée par ce projet de loi, a
estimé que la création des maisons des services publics aurait pu
relever d'une circulaire.
M. Jacques Mahéas
s'est félicité que le
rapporteur du Sénat admette que la maison des services publics soit
placée sous l'autorité d'un fonctionnaire.
Mme Claudine Ledoux, rapporteuse pour l'Assemblée nationale,
ayant réaffirmé la volonté de l'Assemblée
nationale de voir figurer dans le cadre du présent projet de loi les
dispositions relatives aux maisons des services publics,
M. Jacques Larché, président,
a constaté
l'accord de la commission mixte paritaire sur la rédaction retenue par
l'Assemblée nationale pour les articles 24 à 26 du projet de
loi.
Puis il a ouvert le débat sur les articles 26 quater et 26
quinquies du projet de loi relatifs à la transposition dans la loi de la
jurisprudence " Berkani ". Il a estimé que la décision
du Tribunal des conflits conférant le statut d'agent de droit public aux
personnels d'entretien et de gardiennage de l'Etat et des collectivités
territoriales aurait des effets désastreux pour l'emploi.
M. Patrice Gélard
a approuvé les propos du
Président, soulignant le risque d'un recours accru à la
sous-traitance par des entreprises privées.
Mme Claudine Ledoux, rapporteuse pour l'Assemblée
nationale,
a rappelé que les contractuels de catégorie A
et B relevaient déjà, de par la nature des fonctions qu'ils
exerçaient, de contrats de droit public. Elle a salué
l'avancée jurisprudentielle proposée par le Tribunal des conflits
en 1996 étendant ce régime aux agents de catégorie C.
Elle a précisé que les agents actuellement en fonctions
pourraient choisir entre un statut de droit privé et un statut de droit
public, soulignant l'intérêt du droit d'option pour les personnes
travaillant à temps partiel, qui, en optant pour le droit privé,
pourraient continuer à cumuler plusieurs emplois.
Pour les personnes recrutées après l'entrée en vigueur de
la loi, lesquelles bénéficieraient d'office d'un contrat de droit
public à durée déterminée,
Mme Claudine Ledoux, rapporteuse pour l'Assemblée nationale, a
indiqué qu'elle avait interrogé le ministre sur la question du
cumul d'activités, qui lui avait précisé que le
Gouvernement entendait traiter la question de la précarité dans
la fonction publique de façon globale dans le courant de l'année
2000, en particulier en modifiant le décret-loi de 1936 qui proscrit le
cumul d'activité pour les agents publics.
M. Patrice Gélard
a estimé que l'interdiction du
cumul d'emplois entre activités publiques et privées appartenait
aux règles fondamentales du statut de la fonction publique. Il a
considéré que la situation des personnes employées par une
collectivité publique quelques heures par semaine serait aggravée
par les dispositions proposées par l'Assemblée nationale, dans la
mesure où leur contrat de droit public ne leur permettrait pas d'exercer
une activité complémentaire auprès d'un employeur
privé.
Mme Catherine Tasca, vice-présidente,
a indiqué
que l'ambition du projet de loi n'était pas de traiter globalement la
question des emplois publics précaires, mais de tirer les
conséquences de la jurisprudence " Berkani ". Elle a
considéré qu'il n'était pas exclu que l'emploi direct par
les administrations de personnels, notamment d'entretien, n'exerçant
leur activité que quelques heures par semaine, ne disparaisse au profit
d'un recours accru à la sous-traitance.
M. Jean-Paul Amoudry, rapporteur pour le Sénat,
a
proposé un amendement tendant à intégrer les
avancées de la jurisprudence " Berkani " sans créer une
novation juridique fâcheuse. Il a estimé que les agents non
titulaires déjà en fonctions devraient pouvoir
bénéficier d'un contrat d'une durée maximale de trois ans,
renouvelable par reconduction expresse. Il a accepté, par ailleurs, que
la question du cumul d'activités soit traitée
ultérieurement, en particulier par la voie réglementaire, tout en
soulignant les difficultés en matière de cumul pour les agents
qui opteraient pour le droit public.
Mme Claudine Ledoux, rapporteuse pour l'Assemblée
nationale,
a jugé que cette proposition n'était pas
satisfaisante, soulignant que le texte proposé par le Gouvernement et
adopté par l'Assemblée nationale était issu de nombreuses
concertations et avait reçu l'accord des syndicats. Elle a, en outre,
rappelé que les personnes concernées bénéficiaient
actuellement d'un contrat à durée indéterminée en
droit privé.
M. Jacques Larché, président,
a rappelé
que les commissions mixtes paritaires avaient pour but de trouver des accords
au-delà des positions, même tranchées, des deux
assemblées.
Mme Claudine Ledoux, rapporteuse pour l'Assemblée nationale,
a rappelé que les trois dispositions débattues ne lui
paraissaient pas négociables. Elle a confirmé son opposition
à une proposition en net retrait par rapport au texte du Gouvernement.
M. Jacques Larché, président,
a regretté
la perspective d'un échec sur un texte aussi technique. Puis il a mis
aux voix la proposition de rédaction de M. Jean-Paul Amoudry,
rapporteur pour le Sénat, sur l'article 26 quater concernant les non
titulaires de l'Etat.
L'amendement ayant été adopté,
Mme Catherine Tasca, vice-présidente,
a exprimé
la crainte que cette rédaction ne puisse être acceptée par
l'Assemblée nationale en séance publique.
Après une suspension de séance demandée par
Mme Claudine Ledoux, rapporteuse pour l'Assemblée
nationale,
M. Jacques Larché, président,
a
appelé l'article 26 quinquies ayant le même objet que
l'article 26 quater, mais relatif à la fonction publique
territoriale.
La rédaction proposée par M. Jean-Paul Amoudry,
rapporteur pour le Sénat, n'ayant pas été adoptée,
Mme Catherine Tasca, vice-présidente,
a constaté que ce
vote contredisait le précédent et considéré que
cette situation rendait la poursuite des travaux de la commission mixte
paritaire impossible. Elle a jugé que le débat sur la situation
des personnels concernés par la jurisprudence " Berkani "
était fondé et demandait de plus amples réflexions, en
dehors du cadre offert par la commission mixte paritaire. Elle s'est
déclarée convaincue que l'Assemblée nationale serait
attentive aux critiques formulées par les sénateurs à
l'occasion d'une nouvelle lecture.
M. Jacques Larché, président,
a estimé que voter
des dispositions contradictoires ne montrait pas la volonté de
poursuivre la réflexion.
M. Patrice Gélard
a estimé que la situation des personnels
concernés par la jurisprudence " Berkani " ne serait pas
améliorée par le projet de loi. Il a observé que le
régime de retraite IRCANTEC serait moins favorable que le régime
général de la Sécurité sociale. De plus, il a
noté que les agents de droit public n'auraient pas droit aux
indemnités de licenciement auxquelles ils pourraient prétendre
s'ils étaient soumis au droit du travail. Enfin il a
considéré que la compétence du tribunal administratif en
cas de litige avec l'employeur ne serait pas plus favorable que celle du
conseil de prud'hommes.
M. Jacques Larché, président,
a constaté
l'échec de la commission mixte paritaire.