MODIFICATIONS APPORTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Au cours de leur examen en première lecture par l'Assemblée nationale, les crédits du secrétariat d'Etat à l'outre-mer ont fait l'objet d'une majoration de 2,834 millions de francs, à titre non reconductible.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mercredi 13 octobre, sous la
présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a procédé
à l'examen du rapport de M. Henri Torre, rapporteur spécial,
sur les crédits consacrés, dans le projet de loi de finances pour
2000, à l'outre-mer.
M. Henri Torre, rapporteur spécial
, a indiqué que le
montant pour 2000 des crédits du secrétariat d'Etat à
l'outre-mer s'élevait à 6,3 milliards de francs dans le projet de
loi de finances, mais que le budget du secrétariat d'Etat ne constituait
qu'une petite partie de l'effort total de l'Etat en faveur de l'outre-mer, qui
s'établissait à 51 milliards de francs en 1999.
Il a estimé que le budget de l'outre-mer était plutôt bien
traité par le projet de loi de finances pour 2000 car, alors que
l'objectif de progression des dépenses du budget général
était de 0,9 %, le Gouvernement annonçait une augmentation des
crédits de l'outre-mer de 13,5 %.
Il a expliqué que ce taux de progression était, en
réalité, largement artificiel puisque, sur les 760 millions de
francs supplémentaires dont bénéficiera le
secrétariat d'Etat en 2000, 660 étaient, les années
précédentes, inscrits au budget d'autres ministères.
M. Henri Torre, rapporteur spécial
, a indiqué que,
à structure constante, l'augmentation des crédits de l'outre-mer
en 2000 était de 1,8 %, répartis en une augmentation de 3 % des
dépenses de fonctionnement et une baisse de 1,2 % des dépenses
d'investissements.
Le rapporteur spécial a alors présenté l'évolution
en 2000 des cinq agrégats qui composent les crédits de
l'outre-mer.
Il a indiqué que le montant des crédits de l'administration
centrale, qui constituent le premier agrégat, était stable en
2000 et s'élevait à 1 milliard de francs. Il a
précisé que les dépenses liées aux
rémunérations augmentaient fortement, du fait de l'accord
salarial du 10 février 1998, tandis que les dépenses en faveur
des moyens en matériel diminuaient, en raison de la baisse des effectifs
du service militaire adapté.
M. Henri Torre
a constaté que les crédits du
deuxième agrégat, qui concerne les actions en faveur des
collectivités locales, affichaient une augmentation importante, et
qu'ils étaient 3,8 fois supérieurs à ceux de la loi de
finances initiale pour 1999.
Il a observé que, à structure constante, ces crédits
diminuaient et que la forte augmentation du montant de cet agrégat
s'expliquait par l'inscription au budget de l'outre-mer de crédits en
provenance d'autres ministères et destinés à financer, en
application des dispositions de la loi organique du 19 mars 1999, les
nouvelles dotation globale de compensation et dotation globale de
fonctionnement en Nouvelle-Calédonie.
M. Henri Torre
a rappelé que, avec une dotation de 3,1 milliards
de francs, les crédits en faveur du troisième agrégat,
celui de l'emploi et de l'insertion sociale, représentaient la
moitié du budget du secrétariat d'Etat. Il a souligné que
le taux de progression de ces crédits, à structure constante,
n'était pas de 13,5 % mais de 1,5 %. Il a expliqué cet
écart par le transfert au fonds pour l'emploi dans les
départements d'outre-mer (FEDOM) des crédits destinés au
financement des contrats emploi consolidé (CEC), auparavant inscrits au
budget du ministère de l'emploi et de la solidarité.
Il a ajouté que la dotation totale du FEDOM en 2000 serait de
2,1 milliards de francs et que, si le plus gros poste restait celui des
contrats emploi solidarité (CES), pour 661 millions de francs,
l'exercice 2000 était surtout marqué par la montée en
charge rapide du coût des emplois-jeunes, qui s'élève
à 615 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 2000
contre 445 millions de francs en 1999 et 300 millions de francs en 1998.
M. Henri Torre
a noté que les crédits de l'action sociale
et culturelle augmentaient de manière à permettre de financer un
nouveau " fonds d'aide aux échanges artistiques et
culturels ", dont la création correspond à une
volonté du secrétariat d'Etat à l'outre-mer et du
ministère de la culture de mettre en commun des moyens.
Le rapporteur spécial a rappelé que plusieurs chapitres du budget
de l'outre-mer, notamment celui qui regroupe les aides au logement,
étaient alimentés en cours d'exercice par les crédits de
la " créance de proratisation " du revenu minimum d'insertion
(RMI), dont le montant pour 2000 s'établit à 861,5 millions de
francs, en hausse de 5,7 %.
M. Henri Torre
a constaté que les crédits du
quatrième agrégat, celui des actions en faveur du logement,
poursuivaient en 2000 leur progression de 1999, mais à un rythme moins
élevé.
Enfin, le rapporteur spécial a rappelé que le dernier
agrégat, celui des dépenses en faveur de l'investissement et du
développement économique et social, était principalement
constitué de deux fonds destinés à l'investissement
outre-mer, le Fonds d'investissement des départements d'outre-mer
(FIDOM) et le Fonds d'investissement pour le développement
économique et social (FIDES). Il a observé que les dotations de
ces fonds augmentaient dans le projet de loi de finances pour 2000,
contrairement aux années précédentes.
Il a expliqué la baisse du montant total des dépenses
d'investissement du secrétariat d'Etat par la réduction de la
dotation du chapitre destiné au financement des investissements en
Nouvelle-Calédonie, dont une partie des crédits est
basculée vers la nouvelle DGF de Nouvelle-Calédonie.
Puis,
M. Henri Torre
a analysé l'article 72 du projet de loi de
finances pour 2000 qui est rattaché au fascicule des crédits de
l'outre-mer.
Il a indiqué que cet article modifiait l'article 4 de la loi dite
" Perben " du 25 juillet 1994 tendant à favoriser l'emploi,
l'insertion et les activités économiques dans les DOM, à
Saint-Pierre et Miquelon et à Mayotte, qui a créé un
dispositif d'exonérations de charges patronales applicable cinq ans
à compter de la date de publication des textes d'application.
Il a précisé que l'échéance du dispositif
était le 1
er
mars 2000 et que l'objet de l'article 72 du
projet de loi de finances pour 2000 était de le proroger jusqu'au
31 décembre de la même année.
M. Henri Torre
a considéré que la volonté du
Gouvernement de proroger ce dispositif constituait une reconnaissance implicite
de son efficacité et a estimé que, si le Gouvernement s'engageait
à ce que les dispositions de la future loi d'orientation entrent en
vigueur au 1
er
janvier 2001, le choix de la date
d'échéance au 31 décembre 2000 était acceptable.
M. Henri Torre
a ensuite présenté plusieurs observations
relatives à l'action du Gouvernement en faveur de l'outre-mer. En
premier lieu, il a considéré que le projet de budget pour 2000
marquait une volonté louable d'améliorer la lisibilité et
la cohérence de la présentation de l'effort financier de l'Etat
outre-mer. A ce titre, il a observé avec satisfaction que les
dépenses correspondant au financement de l'ensemble des contrats
aidés outre-mer figureront dans le budget du secrétariat d'Etat.
De même, il a estimé que la mise en place d'une dotation globale
de compensation et d'une dotation globale de fonctionnement pour la Nouvelle
Calédonie permettrait de faire apparaître les liens entre les
réformes institutionnelles et leur traduction financière.
En deuxième lieu, il a insisté sur la conséquence du
transfert, vers le budget de l'outre-mer, de dépenses
antérieurement supportées par d'autres budgets, à savoir
une augmentation forte, de 13,6 %, mais purement optique des crédits du
secrétariat d'Etat. Il a rappelé que la progression réelle
s'établissait à 1,8 % et que les moyens supplémentaires ne
s'élevaient pas à 760 millions de francs mais à seulement
100 millions de francs.
En troisième lieu, il a considéré que l'évolution
de la structure des crédits du secrétariat d'Etat n'était
pas satisfaisante. Il a déploré que l'accroissement des moyens de
100 millions de francs ne soit pas consacré à l'investissement et
à la préparation de l'avenir, mais au financement d'emplois
para-publics, les emplois-jeunes, qui bénéficient de la
principale mesure nouvelle avec 170 millions de francs supplémentaires.
Il s'est interrogé sur la pertinence d'un renforcement du poids des
emplois publics dans des départements et territoires dans lesquels la
part des emplois privés est déjà trop faible.
En quatrième lieu, il a constaté que le renforcement du secteur
public tranchait avec l'absence de mesure en faveur de l'investissement
outre-mer. Il a noté que, pour la première fois depuis deux ans,
le régime de la loi Pons ne semblait pas devoir être
modifié par la loi de finances pour 2000. Il s'est
inquiété d'une éventuelle remise en cause profonde de ce
dispositif dans la future loi d'orientation pour l'outre-mer.
En dernier lieu, et dans la perspective de la discussion de la loi
d'orientation,
M. Henri Torre
a estimé que la commission devra
être particulièrement attentive au sort réservé par
ce texte aux dispositifs issus de la loi " Perben " de 1994 et
à la prise en compte des propositions formulées par
MM. Claude Lise et Michel Tamaya, qui préconisent notamment, dans
leur rapport au Premier ministre, un retour progressif au droit commun de la
fiscalité directe locale et une révision des dispositifs fiscaux
propres à l'outre-mer.
M. Henri Torre
a alors proposé à la commission,
conformément à l'usage, de réserver sa position sur les
crédits de l'outre-mer jusqu'à l'audition du ministre de
l'intérieur.
Un débat s'est alors ouvert auquel ont participé
MM. Claude Lise, Jacques Oudin
et
Gérard Braun
.
M. Claude Lise
a partagé l'ensemble des analyses du
rapporteur spécial. De manière plus générale, il a
souhaité en finir avec ce qu'il qualifie de
" domo-pessimisme " et a déclaré que les descriptions
de la situation des départements d'outre-mer publiées dans la
presse ne correspondaient pas à la réalité.
Il a mis en avant deux maux dont souffrent les départements et
territoires d'outre-mer. Il a tout d'abord insisté sur leur " mal
développement " qui résulte des difficultés
d'intégrer les économies d'anciennes colonies à celles
d'un pays développé. Il a ajouté que la France n'avait
jamais élaboré de vision stratégique du rôle de
relais entre l'Europe et d'autres continents que pouvaient jouer les
départements et territoires d'outre-mer.
En deuxième lieu,
M. Claude Lise
a estimé que
l'outre-mer souffrait d'un " mal être " lié à
l'absence de reconnaissance de son identité et de sa culture.
Il a expliqué que le rapport qu'il a rédigé, en
collaboration avec le député Michel Tamaya, à la demande
du premier ministre, résultait de la prise de conscience de ces
difficultés par le Gouvernement. Il a indiqué que ce rapport
comportait 70 propositions, dans des domaines aussi divers que la
délégation de compétences, l'adaptation des textes aux
réalités de l'outre-mer, l'évolution de l'organisation
administrative et le développement économique.
S'agissant de l'organisation administrative des départements
d'outre-mer, il s'est déclaré partisan d'une assemblée
unique mais a admis que cette solution n'était pas conforme à
l'article 73 de la Constitution, que le Gouvernement ne souhaite pas
modifier. Il a précisé que, dans ces circonstances, la solution
résidait en la création d'une instance de liaison entre
l'assemblée départementale et l'assemblée
régionale, mais que ce " congrès " n'avait pas vocation
à devenir une troisième collectivité. Il a ajouté
que, si cette proposition n'était pas retenue par la version
définitive de la loi d'orientation pour l'outre mer, il n'y aurait alors
d'autre solution que de réviser la Constitution.
En matière économique,
M. Claude Lise
a jugé
indispensable de conserver, et même d'étendre à
l'artisanat, les dispositions de la loi " Perben " et de maintenir un
dispositif de défiscalisation, nécessaire pour relancer
l'investissement.
Il a approuvé le principe d'une loi d'orientation qui permet d'aborder
l'ensemble des problèmes dans un cadre global.
M. Jacques Oudin
a rappelé que, dans un rapport
consacré à la Corse, il avait préconisé la mise en
place d'instances de liaison entre les différents niveaux de
collectivités territoriales de l'île. Il a également
insisté sur le rôle stratégique des départements et
territoires d'outre-mer, qui sont pour la plupart situés à la
charnière de plusieurs mondes. Il a souhaité que, dans son
rapport écrit, le rapporteur spécial procède à une
étude détaillée des politiques d'investissement outre-mer.
M. Gérard Braun
a souhaité savoir quelle était
la proportion de fonctionnaires dans la population active des
départements et territoires d'outre-mer. Il s'est également
interrogé sur le coût et les résultats des
exonérations de la loi Perben.
En réponse aux différents intervenants,
M. Henri Torre,
rapporteur spécial,
a considéré qu'il convenait de
replacer l'examen des crédits de l'outre-mer dans la perspective de la
loi d'orientation et du lancement de la nouvelle génération des
contrats de plan Etat-région, qui permettront d'avoir une vision plus
complète des intentions du Gouvernement en matière
d'investissement outre-mer.
Il a rappelé son soutien au principe d'une défiscalisation dans
l'esprit de la loi " Pons ", tout en regrettant les abus auxquels
certaines dispositions de ce texte ont donné lieu dans le passé.
Il a estimé que le nombre élevé de créations
d'emplois outre-mer était largement attribuable aux exonérations
de charges patronales prévues par la loi " Perben ". Il a
relevé que le nombre de salariés couverts par ces
exonérations croissait d'année en année.
Enfin,
M. Henri Torre, rapporteur spécial,
a constaté que
la rapidité de la croissance démographique limitait les effets,
sur le taux de chômage, de la croissance économique
élevée des départements et territoires d'outre-mer. Il a
considéré que le développement des échanges avec
les pays environnants était un facteur de développement de
l'outre-mer qu'il convenait d'encourager.
A l'issue de ce débat, la
commission a décidé
de
réserver sa position
sur
les crédits
de
l'outre-mer
jusqu'à
l'audition du ministre de
l'intérieur
.
Au cours de sa réunion du mardi 2 novembre, la commission a
procédé au
vote
sur les
crédits de
l'outre-mer
, précédemment réservés, sur le
rapport
de
M. Henri Torre
,
rapporteur spécial
. Elle
a décidé de proposer au Sénat d'
adopter les
crédits de l'outre-mer
.
Au cours de sa réunion du mercredi 13 octobre 1999, la
commission des finances a procédé à l'examen des
crédits de l'outre-mer, sur le rapport de M. Henri Torre,
rapporteur spécial.
Réunie le mardi 2 novembre 1999 sous la présidence de
M. Alain Lambert, président, la commission a
décidé de proposer au Sénat l'adoption des crédits
de l'outre-mer inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000.