III. L'ARTICLE 72 RATTACHÉ : PROROGATION DES EXONÉRATIONS DE CHARGES PATRONALES DANS LES DÉPARTEMENTS D'OUTRE-MER
A. LE DISPOSITIF PROPOSÉ
L'article 72 du projet de loi de finances pour 2000 a
été rattaché au budget de l'outre-mer.
Il modifie l'article 4 de la loi dite " Perben " du 25 juillet 1994
tendant à favoriser l'emploi, l'insertion et les activités
économiques dans les DOM, à Saint-Pierre et Miquelon et à
Mayotte.
L'article 4 de ce texte met en place un dispositif d'exonérations de
charges patronales présentant les caractéristiques
suivantes :
- il concerne les entreprises exerçant leur activité dans les
secteurs de : l'industrie, l'hôtellerie, la restauration, la presse,
la production audiovisuelle, l'agriculture, la pêche (y compris
l'aquaculture) ;
- les entreprises publiques en sont exclues ;
- la fraction du salaire ouvrant droit à exonération est
plafonnée au niveau du SMIC ;
- l'exonération ne peut être cumulée avec aucune autre,
sauf disposition législative contraire ;
- l'exonération est accordée sur demande de l'employeur
adressée à l'organisme chargé de recouvrer les cotisations
patronales, qui doit donner son accord.
La loi Perben prévoit que les dispositions de l'article 4 entrent en
vigueur pour 5 ans à compter de la date de publication de son
décret d'application. Le décret a été publié
le 27 février 1995 et prévoit la fin du dispositif au
1
er
mars 2000.
L'article 72 propose de proroger les exonérations jusqu'au
31 décembre 2000. L'idée est de faire coïncider les
dates d'extinction des dispositifs existants et celles d'entrée en
vigueur des dispositifs qui résulteront de la future loi d'orientation
pour l'outre-mer.
Si le choix de la date du 31 décembre 2000 constitue une garantie que la
loi d'orientation pour l'outre-mer promise par la Premier ministre sera
discutée au cours de la session 1999-2000, votre rapporteur
spécial ne voit de raison de s'opposer à l'adoption de l'article
72.
Il interprète la volonté du gouvernement de faire vivre le
dispositif " Perben " au delà de sa durée légale
comme une reconnaissance implicite de son efficacité.
B. LE BILAN DES EXONÉRATIONS DE CHARGES PATRONALES
Le
secrétariat d'Etat à l'outre-mer a réalisé au mois
de juin 1999 un bilan de la loi " Perben ", qui permet
d'évaluer le coût pour l'Etat des exonérations de charges
prorogées par l'article 72 du présent projet de loi de finances,
et de mesurer leur impact sur l'emploi.
1. Le bilan financier
La loi Perben prévoit que le coût pour l'Etat des
exonérations de charges patronales est compensé par le rendement
du relèvement de deux points, à compter de 1995, du taux de TVA
applicable dans les départements d'outre-mer.
Comparaison du coût pour l'Etat des exonérations et du rendement du relèvement du taux de TVA applicable dans les DOM
(en millions de francs)
|
1996 |
1997 |
1998 |
Montant des exonérations |
860,2 |
872,1 |
969,4 |
Produit du relèvement de la TVA |
730,8 |
756,0 |
803,2 |
Le
coût brut pour l'Etat des allégements de charge est donc
supérieur au rendement du relèvement de deux points du taux de
TVA applicable dans les DOM. Cependant, le secrétariat d'Etat à
l'outre-mer rappelle que les exonérations de la loi Perben ne sont pas
cumulables avec les dispositifs d'allégement sur les bas salaires et
que, par conséquent, "
il faut tenir compte, pour
apprécier le surcoût réel de la mesure, de l'impact
qu'auraient eu les allégements bas salaires si les exonérations
sectorielles n'avaient pas existé
".
Cet impact est estimé à 150 millions de francs, soit environ le
montant de l'écart entre le produit du relèvement de la TVA et le
coût des exonérations. Au total, les exonérations de la loi
Perben sont neutres pour le budget de l'Etat.
Le bilan réalisé par le secrétariat d'Etat précise
que "
70 % des entreprises pouvant prétendre à
l'exonération bénéficient effectivement de la mesure. La
proportion de salariés effectivement exonérés est quant
à elle de 80 %.
"
2. Les créations d'emplois
Le secrétariat d'Etat à l'outre-mer relève que
" les analyses réalisées ont permis de constater un effet
globalement positif des exonérations sur les effectifs "
et que
"
les effectifs totaux des secteurs exonérés ont
augmenté entre 1995 et 1997 plus de quatre fois plus vite que ceux des
secteurs non exonérés hors BTP
".
En outre, si le nombre d'établissements exonérés dans les
quatre départements d'outre-mer est stable entre 1996 et 1998, les
effectifs de salariés exonérés croissent de façon
importante et passent de 37.383 en 1996 à 43.749 en 1998.
Les exonérations représentent 18 % de l'ensemble de la masse
salariale des entreprises et leur apporte donc "
une
amélioration très importante de leur
compétitivité
", d'autant plus que la mise en place des
exonérations est intervenue parallèlement à
l'achèvement de l'alignement du SMIC sur le niveau de la
métropole.